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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 18:41

1967, à Detroit, Michigan: la ville est en ébullition et une série d'incidents durant lesquels la police et la communauté noire se font face met le feu aux poudres. Deux jeunes Afro-Américains, un chanteur qui a été empêché de se produire sur scène à cause de l'émeute, et un de ses copains, se réfugient dans un motel, où ils décident de prendre du bon temps en attendant la fin du couvre-feu. Mais la situation dégénère, et la police investit les lieux après avoir entendu des coups de feu: il s'agissait d'une arme inoffensive, mais l'un des agents présents n'en démord pas, il prend un groupe de personnes en otage et va appliquer méthodiquement une forme de torture mentale afin qu'ils lui donnent des renseignements sur une arme qu'aucun d'entre eux n'a vue... Jusqu'à ce qu'un des policiers présents dérape. 

l'anecdote est authentique, et il convient d'ajouter deux détails (dont au moins un est avéré): le policier responsable de l'arrestation qui dégénère fait l'objet d'une enquête, suite à une arrestation qui s'est finie en fusillade; d'autre part, et c'est justement ce qui est clairement authentique, les noirs qui font l'objet de la prise d'otages sont accompagnés de deux jeunes femmes blanches, qui vont subir de la part des policiers toutes es vexations possibles: insultes, allusions à leur sexualité supposée débridée et dégénérée, et bien sûr elles vont être accusées de se livrer à la prostitution. Mais leur présence va en tout cas mettre le feu aux poudres et chauffer à blanc les nerfs des policiers qui vont se déchaîner contre les jeunes hommes qu'ils ont appréhendé un peu au hasard...

Est-ce en réaction aux attaques qu'elles a reçues après Zero dark thirty? en tout cas, Kathryn Bigelow prend ici fait et cause totalement contre les bavures, la torture morale, l'impression d'impunité de la police, qui là encore tient du fait historique. Le film du coup, dont l'exposition est exemplaire et mélange avec adresse les prises de vues fictives et les images d'archives, afin d'ancrer une bonne fois pour toutes le film dans la réalité; et la cinéaste, sans doute échaudée, a pris ses précautions: à la fin, un carton nous explique que les faits ont été recréés aussi fidèlement que possible, des débuts des émeutes jusqu'au procès (qui sans surprise a débouché sur un non-lieu), mais qu'un certain nombre de faits spéculatifs ont été aussi ajoutés pour pouvoir donner de la cohérence au récit...

Et le résultat est exceptionnel: on le sait depuis longtemps, Bigelow s'est fait une spécialité de construire ses films en direction d'un suspense formidable, mais cette fois-ci, elle commence tout de suite, dès la première minute, et maintient la pression (y compris au procès) jusqu'au bout... C'est un film épuisant, du coup, d'autant qu'il a pour effet de provoquer une forte indignation. Et cette indignation, on s'en doute, tombe à point nommé, puisque l'atmosphère de guerre inter-ethnique dont parle le film est restée valide jusqu'à aujourd'hui, et a tendance même à essaimer dans d'autres pays. Certes, on n'avait pas besoin qu'on nous le rappelle, mais une fois de plus, Kathryn Bigelow utilise le cinéma pour secouer le spectateur dans le bon sens...

 

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Published by François Massarelli - dans Kathryn Bigelow