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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:10

Le vieux Dr Fitzpatrick (Joseph Cotten) retrouve l'ancienne femme de sa vie (mais qu'il n'a jamais pu séduire) Lydia MacMillan (Merle Oberon); afin de lui donner un dernier acte d'amour, il l'invite à participer à une réunion à laquelle il convie les hommes qui ont compté dans sa vie: outre l'éternel outsider Fitzpatrick, il y a Bob, l'ancien athlète (George Reeves) qu'elle a été à deux doigts d'épouser, et Frank, le musicien aveugle (Hans Jaray). Ne manque finalement à l'appel que Richard (Alan Marshal), avec lequel elle a vraiment filé le parfait amour, mais il lui a glissé entre les doigts...

C'est un remake de Carnet de Bal, qui accumulait pour Marie Bell les anecdotes liées à d'anciens soupirants. Un prétexte à faire défiler les numéros d'acteurs et les vedettes, avec Fernandel, Blanchar, Jouvet, Baur ou encore Raimu, ainsi que l'éternelle endive qu'était Pierre-Richard Willm... Tout remake est par essence inutile, mais tout film l'étant finalement autant, ne boudons pas cette occasion de nous intéresser à un Duvivier Américain (ou Américano-Britannique, car ce film situé à Boston est une production Korda), forcément différent...

Différent pour commencer parce que le script co-signé par Ben Hecht évite le côté systématique, chapitre après chapitre, du film original tout en réduisant le nombre de vedettes masculines, et donc de sketches. Le scénario permet donc de naviguer chronologiquement dans les souvenirs de Lydia, en passant d'une histoire d'amour à l'autre, mais avec toujours, ça et là, les autres, et principalement Joseph Cotten, qui permettent au film d'avoir une narration plus fluide. Le style aussi est plus cohérent, plus uni: on évite les ruptures d'une histoire à l'autre qui pouvaient avoir des effets conséquents sur le film Français. A ce titre, la photographie de Lee Garmes est impressionnante, et justifie pleinement un crédit de producteur associé au début du film... 

Le style de Duvivier, on le sait bien, apparaît dans la flamboyance d'un environnement, dans l'utilisation toujours discrète mais décisive de mouvements de caméra, et dans une implantation des personnages et des scènes dans un décor. Le montage est une commodité qu'il a tendance à faire oublier... C'est ici à un raffinement de cette méthode que nous sommes confrontés, et comme c'est particulièrement noir et comme l'interprétation, en particulier de Merle Oberon, est formidable, on jurerait presque qu'on est face à un chef d'oeuvre...

Et pourtant non, car quels que soient les défauts du film initial, et notamment l'interprétation plus que médiocre de son interprète principale, le charme assez étrange de Carnet de Bal ne trouve pas dans ce film excessivement policé, un équivalent suffisant pour qu'on l'oblitère. Il est des paradoxes qu'on ne peut que mystérieusement qualifier de cinématographiques: c'est la magie du septième art...

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier
20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 10:26

Dix anciens camarades de la résistance se retrouvent, après quinze ans d'éloignement, à l'initiative de deux d'entre eux: l'industriel aisé François Renaud-Picart (Paul Meurisse) et l'ancienne pasionaria du groupe, Marie-Octobre (Danielle Darrieux), celle que tous ont, à un moment ou un autre, aimée... Au menu de la soirée, un repas copieux préparé par Victorine (Jeanne Fusier-Gir), la domestique fidèle de Picart, des hommages répétés à Castille, leur commandant, tombé lors d'un affrontement avec la gestapo, et des grandes tapes dans le dos entre l'imprimeur Rougier (Serge Reggiani), l'avocat Simoneau (Bernard Blier), le traiteur Martinval (Paul Frankeur) qui aime tant le catch, l'ancien lutteur Bernardi (Lino Ventura), devenu tenancier d'un établissement de Pigalle, le médecin Thibaud (Daniel Ivernel), l'ancien coureur de jupons devenu prêtre catholique, Le Gueven (Paul Guers), Vandamme, le fonctionnaire intègre et contrôleur des contributions (Noël Roquevert), ou le serrurier Blanchet (Robert Dalban). On parlera de tout et de rien, on célèbrera l'esprit de résistance, on taquine les copains. Et puis Marie-Octobre finit par révéler le but des retrouvailles: la mort de Castille est l'aboutissement d'une traîtrise, et l'un des convives présents a contribué à sa mort et a donné le groupe, et par là-même a causé la mort de tous les autres membres du réseau. Il va donc falloir à tous ces gens, autrefois unis dans l'esprit de résistance, décortiquer les événements de la soirée fatale d'Août 1944... Et trouver le coupable, le pousser à se suicider. 

Ce n'est pas du théâtre filmé, et pourtant ça en prend le chemin: Duvivier adapte avec l'auteur un roman noir de Jacques Robert, paru en 1948; le script est conçu sur une unité de lieu et de temps, et les dix personnages principaux ne se quittent quasiment jamais. Les dialogues, concoctés par Henri Jeanson, sont directs, d'un naturel assez impressionnant, surtout si on considère les habitudes du cinéma Français en la matière. On n'abuse pas trop du dialogue pratique, du genre "mais Blanchet, toi qui es serrurier, marié et avec trois enfants, veux-tu reprendre de la blanquette?" même si de toute évidence le dialogue ici a un rôle prépondérant dans le développement de l'action. Mais en réunissant 5 monstres sacrés, tris seconds rôles brillants et deux acteurs de moindre réputation (Guers et Ivernel) mais qui sont excellents de bout en bout, il est indéniable qu'il y a là une recherche de l'efficacité immédiate, du flamboiement des acteurs, et que l'affiche a du jouer un rôle considérable dans le rayonnement du film...

Le film n'est en rien un plaidoyer résistant, ou une attaque en règle, juste un exposé de morale, autant que dans un genre différent le film 12 angry men de Sidney Lumet peut fonctionner. Dans les agissements et les conversations  de ces gens venus d'horizons divers (certains d'entre eux ont un pedigree inattendu pour des résistants, comme Simoneau par exemple, qui est passé jusqu'en 1942 par toutes les couleurs de l'extrême droite fasciste, avant de changer de camp à la faveur de la rupture des accords sur les zones par les nazis), tout va tourner autour des contours moraux de l'idéologie, de l'engagement, mais aussi parfois de prescription et de sentiments. L'impression est que tous ces gens, au fond, s'aiment. Il est important qu'il y ait toutes les couches de la société qui soient présentes, de l'artisan à l'industriel en passant par celle qui vit presque comme une femme entretenue, malgré la chasteté affichée des relations entre Marie-Octobre et son mécène Picart, qui a contribué à financer sa maison de couture. C'est toute une société qui se fige dans son fonctionnement et s'interroge sur les fondations même de son existence, à travers toutes les combinaisons possibles: le traiteur qui parle avec envie de la boîte de strip-tease de son copain, ou l'avocat auquel on reproche de défendre des assassins, le dragueur devenu prêtre, mais le prêtre prenant fait et cause contre la peine de mort, tout finalement fait sens, tout ce fatras c'est la société d'après-guerre.

Et cette société donc, est construite sur un mensonge, c'est ce qui ressort de cette soirée: l'un d'entre eux a tué, par jalousie, par intérêt personnel, aussi. Mais on se rendra bien compte qu'à ce mensonge bien spectaculaire et aux conséquences bien dramatiques, font écho autant de petits arrangements personnels avec la vérité, de petites conspirations internes, et de mensonges qui sont parfois d'une absolue insignifiance, comme celui de Blanchet qui a dit pendant quinze années ne pas être présent durant la soirée dramatique de 1944, et qui révèle soudain qu'il était là, mais ne s'était pas montré. Chaque décision prise 15 ans auparavant, chaque parcours, chaque ajout du destin, devient forcément suspect: on sait que le traître aurait par ailleurs volé une somme importante: comment donc ceux qui ont réussi peu de temps après la fin de la guerre, vont-ils justifier les sommes qu'ils ont pu payer pour acheter leur cabinet médical, leur boîte de nuit, leur affaire d'imprimerie...? Les rapports des uns et des autres vont s'éclairer, ainsi que leur relation passée avec leur chef, le si brillant, si disparu, si parfait Castille. ...Parfait, vraiment? De même, si Simoneau a participé à la résistance après ses années d'errance fasciste, il doit rendre des comptes, car il est le premier à être soupçonné dans l'assemblée, par huit des dix protagonistes... Le coupable sera dénoncé, par un stratagème, mais rien ne sera résolu: il y a comme une odeur de pourri dans cette réunion d'anciens résistants devenus des bourgeois ou des gens plus simples, tous parfaitement convenables... 

Ce film noir et tragique d'une société construite sur de beaux sentiments qui finissent par apparaître comme des mensonges et faux-semblants, est exemplaire à plus d'un titre. En réunissant les acteurs, Duvivier a aussi pris la décision de les traiter tous à égalité, d'où un traitement filmique en adéquation: des gros plans parfaitement distribués, un enchaînement rigoureux et constamment motivé dans les dialogues des "épisodes" concernant chaque suspect et les raisons qui peuvent pousser à le suspecter, et un grand nombre de plans dans lesquels le groupe est vu en intégralité dans le 1:66:1 du cadre. Un tour de force de discipline, et une efficacité narrative constante, avec ses petits plaisir vénéneux dans la composition: à chaque fois qu'on ne verra qu'une partie des protagonistes, ce sera avec une thématique. Par exemple, un plan isolera le prêtre, l'avocat, le coupable et Marie Octobre (qui sera souvent la clé de tous les événements passés); bref, chaque plan recèle un aspect de la morale tordue du film... Un film donc très noir, dense, jamais trop riche, qui fait mal. C'est un très grand film de Duvivier, donc...

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Julien Duvivier
27 mars 2022 7 27 /03 /mars /2022 09:07

Juin 1940, du côté de Tours: on s'apprête à exécuter Clément, un syndicaliste responsable de la mort d'un policier, quand un bombardement Allemand déjoue cet assassinat légal. Clément (Jean Gabin), seul rescapé de l'attaque, s'enfuit sans demander son reste. A la sortie de la ville, il monte dans un camion occupé par une troupe de soldats français qui se replient vers Bordeaux... Le camion est la cible d'un autre bombardement dont une fois de plus Clément sera l'unique rescapé. Il "emprunte" l'uniforme et les papiers d'un mort, et devenu Maurice Lafarge, va devenir un soldat parmi d'autres, forcé de partir, réfugié en Afrique, puis héros exemplaire... Mais le passé a le don de ne jamais vous laisser tranquille...

C'est sur un script de Duvivier lui-même que le film s'est fait, à la Universal, et manifestement il s'est monté sur le prestige de son metteur en scène et de sa star... Gabin qui est d'ailleurs beaucoup plus à l'aise en Anglais (apparemment du moins) qu'on ne l'aurait cru! Le point de départ est du pur Duvivier, qui commence par un petit matin blême avant d'envoyer bombe sur bombe sur ce pauvre Clément qui n'en demandait pas tant... Mais l'insoumis, le révolté du début, qui ricane bien fort quand on lui envoie un prêtre pour prendre sa confession avant de se faire décoller, se transforme assez vite en un héros de la nation, au contact des hommes, du danger, et d'une adversité plus grande que les idéologies. C'est bien évidemment le coeur du film, sa dimension de propagande: c'est à la fois son univers spécifique et sa limite.

Mais Duvivier comme Gabin sont dans leur univers eux aussi, un monde qui renvoie un peu à La Bandera avec cette idée d'une fraternité des soldats qui les met à égalité, quel que soit leur passé, et à La Belle Equipe, avec ce campement de fortune à "De Gaulle-Ville" qui se transforme très vite en un paradis pour les hommes qui s'y ressourcent et cultivent leur amour de la liberté. Si on a vu La Belle Equipe, forcément, on sait où ça va... Mais le but du film n'est pas d'assumer la noirceur de la vie, plutôt de montrer l'importance de la donner pour les autres!

Ca reste un film assez accessoire, donc, tout à fait distrayant, mais totalement générique, un film "Français" fait à Hollywood, avec des héros qui s'appellent Bouteau, Varenne, Monge et Lafarge! Des héros qui tous chantent les louanges de la France éternelle sans jamais se battre ni râler: comment voulez-vous qu'on puisse croire qu'il s'agisse de français? Gabin fait du Gabin, depuis le condamné à mort jusqu'au héros, sorte d'union sacrée à lui tout seul: le manifestant anti-policier, le héros décoré. Une scène de dégradation bénéficie de toutes les attentions du metteur en scène, qui nous montre chaque étape de cette cérémonie si particulière, et sinon on regrette que les éventuelles pistes de complication pour le personnage de Clément/Lafarge (un soldat qui connaissait le vrai Lafarge et la fiancée de ce dernier) soient finalement expédiées au profit du souffle de la propagande...

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier
6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 16:54

Pierre Gilieth (Jean Gabin) a tué un homme... Il trouve un temps à se cacher à Barcelone, mais sait qu'il va bientôt devoir fuir, et s'engage dans la Légion Etrangère. Il y rencontre des copains, et se révèle assez rapidement un bon soldat; il va même rencontrer l'amour sous les traits de la petite Aïcha (Annabella), mais il y a aussi le mystérieux Lucas (Robert Le Vigan), engagé juste après lui, un gringalet qui va pourtant réussir à s'imposer auprès du recrutement: riche, bon camarade et un peu trop sympathique, Gilieth acquiert très vite la certitude que Lucas est en fait à ses trousses, attiré par une récompense gourmande...

De même qu'il allait quelques mois plus tard réaliser le film "Algérois" typique, avec Pépé le Moko, La Bandera est pour Duvivier l'occasion de réaliser le film de légion ultime: à l'écart d'une certaine noblesse romantique qu'on retrouvera dans les multiples versions de Beau Geste mais aussi ses parodies, ce film nous propose une vision certes romantique, mais qui a les pies bien sur terre: les hommes y sont au bout du rouleau, ont tous un passé douteux, et certains parmi eux sont des sortes de morts-vivants: Pierre Renoir est un capitaine tellement lessivé, qu'il va provoquer un soldat qui le hait (Gaston Modot): quand celui-ci ne le tue pas, Renoir lui colle une punition pour avoir dit à qui voulait l'entendre qu'il allait tuer son supérieur, et une autre pour ne pas l'avoir fait! Gabin incarne à merveille un rôle de dur à cuire revenu de tout et qui renaît sous la double influence de la forte camaraderie (Raymond Aimos est ici l'indispensable titi Parisien qui lui sert de meilleur pote et l'alchimie entre eux est remarquable) et de l'amour d'une femme... C'est d'une certaine façon le prototype de beaucoup de personnages similaires pour l'acteur, qui était en passe de devenir un collaborateur régulier du cinéaste.

Cela étant, le film coche un peu toutes les cases du genre (Bouges, bordels, officier borgne, alcool, la camaraderie masculine qui emporte tout sur son passage, etc...), en ajoutant l'impeccable flair de Duvivier pour le sordide, et des dialogues dus à la collaboration du cinéaste avec Charles Spaak: ils sont d'ailleurs excellents, et un rien grossier, cela va sans dire. Le film est avant tout un divertissement, un film de genre qui finit mal conformément aux habitudes du metteur en scène.

Comme c'est très souvent mentionné, mettons aussi les choses au point: non, ce film n'est pas une apologie du fascisme Espagnol de Franco: le général était à l'époque du tournage, certes, déjà attiré par le fascisme, participant à de l'agitation politique de droite; mais il était aussi un officier assermenté de la république Espagnole au moment où Duvivier avait besoin de l'aide des autorités locales pour la logistique de la production; l'aide en question lui a été fournie, et le metteur en scène a donc dédié son film à celui qui avait été son interlocuteur... J'imagine qu'il a du s'en mordre un peu les doigts au moment de l'instauration de la dictature... Les copies disponibles aujourd'hui sont souvent amputées de cette mention finale, ce qui n'a en soi rien de très gênant, le film restant par ailleurs tout à fait intact.

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier
15 février 2022 2 15 /02 /février /2022 09:22

Trois histoires sur l'occulte sont racontées à Robert Benchley: dans la première, une jeune femme laide (Betty Field) se voit dotée d'un masque qui la rend belle pour enfin oser aborder l'homme qu'elle aime (Robert Cummings); la deuxième histoire est celle d'un avocat (Edward G. Robinson) qui se voit prédire un destin tragique par un chiromancien (Thomas Mitchell): il tuera un homme. Comme il est pragmatique, l'avocat décide de s'en occuper le plus vite possible afin de pouvoir passer à autre chose... Enfin, un funambule (Charles Boyer) est assailli par le doute après avoir effectué un rêve dans lequel il a un accident pendant son numéro; un rêve dans lequel il rencontre une mystérieuse femme (Barbara Stanwyck) dont il tombe amoureux. Quand il la croise dans la vraie vie, Gaspar comprend que son rêve était prémonitoire...

Il y a fort à parier que si Duvivier n'était pas le metteur en scène de ce film, on n'en parlerait pas autant: avec sa compilation de trois intrigues (il y en avait quatre à l'origine), le film aurait tout du bouche-trou de série B. Mais dans les mains du réalisateur, qui dispose en prime d'un excellent casting, le film prend une distinction et une classe impressionnante, tout en restant d'abord et avant tout un exercice de style brillant et fort bien exécuté. Et quel style! Les séquences de la fête costumée du premier segment (avec des costumes qui sèment le doute, puisque le thème est clairement l'enfer et le paradis), notamment d'impressionnants plans-séquences, les gros plans enchaînés dans le rêve de Gaspar, Duvivier adapte avec brio sa mise en scène aux studios Américains...

Deux détails pour finir: d'une part, Duvivier depuis Un carnet de bal, qui a été refait avec Alexander Korda (Lydia), et Tales of Manhattan, est clairement devenu l'homme des films-anthologie. Je ne suis pas sûr que cet aspect le réjouissait, mais il lui permettait de se livrer à son péché mignon, les fins tragiques, plusieurs fois par film! Sinon, l'ironie cinglante du deuxième segment est aisément reconnaissable, puisqu'il s'agit d'une adaptation de Lord Arthur Savile's crime d'Oscar Wilde.

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier
10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 09:43

Cinq hommes, Jean (Jean Gabin), Charles (Charles Vanel), Raymond dit Tintin (Raymond Aimos), Jacques (Charles Dorat) et Mario (Raphaël Médina) se soutiennent les uns les autres, entre misère et petits boulots; ils gagnent à la loterie la somme de 100 000 francs, qu'ils décident de ne pas partager: ils investissent dans une vieille ruine sur les bords de la Marne qu'ils vont transformer en guinguette... Mais Jacques, voyageur de commerce, souhaite partir au Canada; Mario, Républicain Catalan réfugié en France, est sous le coup d'une mesure d'expulsion; Charles a un passé qui le poursuit, et sa femme Gina (Viviane Romance) qui l'a quitté, revient maintenant qu'il a de l'argent, ce qui va mettre le groupe à mal, d'autant que Jean n'est pas insensible à son charme...

On va le dire tout de suite: non, c'est pas une parabole sur le Front populaire, que ce soit en soutien du gouvernement, ou sous la forme d'une quelconque critique. D'autant que le film a deux fins, il serait donc dans cette hypothèse malaisé d'y deviner les intentions du scénariste Spaak et du metteur en scène Duvivier! D'une part, le film a été mis en chantier en 1935, soit avant la victoire de la coalition des gauches menée par Léon Blum; d'autre part, Duvivier était foncièrement apolitique, attaché à peindre la classe ouvrière, mais sans jamais céder à un quelconque angélisme, ni à la moindre tentation de récupération politique. Non, la vérité, c'est que le film est un reflet de son temps, et des aspirations des gens de son époque tout comme la victoire de Blum pouvait l'être: les ouvriers qui sont montrés dans le film sont des gens de 1936, avec leurs rêves et leurs aspirations (une affiche vante la possibilité de congés, l'un des rêves de tant de personnes à cette époque), celles-là précisément qui vont être portées par le Front Populaire... Mais pour le reste, on est ici devant une histoire assez proche, à sa façon, du Paquebot Tenacity par exemple, où Duvivier explorait les rêves de deux copains, qui s'effondraient face à l'amour: dès qu'un groupe a des projets, l'un d'entre eux tombera amoureux et le ver est dans le fruit... C'est là, dans cette dimension privée, plus que dans la "république" de pacotille où cinq gamins s'amusent à être tous présidents, que réside l'esprit du film, dans ce pessimisme fondamentalement tragique.

Oui, c'est l'autre versant du film: le rêve des cinq amis, qu'ils pourraient bien concrétiser (et la version "optimiste" imposée par le public lors de previews, sous la responsabilité de la production, les montre précisément aller au bout de leur rêve) est un château de cartes, qui passe par trois actes: dans le premier, les copains sont unis comme les doigts de la main, dans le deuxième les ennuis s'accumulent, le décompte des défections a commencé (ça ira jusqu'à la mort de l'un d'entre eux), dans le troisième, deux hommes face à face, amoureux de la même garce, vont aller jusqu'au drame, voire la tragédie: avec retour au calme (la version optimiste) ou pas (la version voulue par les auteurs)...

Ce château de cartes, parfois un rien populiste, curieusement prévisible, est malgré tout une merveille à voir, de par la grâce d'une interprétation exceptionnelle, mais aussi parce que tout en menant vers la tragédie et l'abandon des illusions, le film est une merveilleuse peinture de la classe ouvrière, des chômeurs, des petites gens, d'autres braves gens aussi (ce gendarme désolé de faire son devoir, c'est Fernand Charpin qui rachète son infect indicateur dans Pépé le Moko!)... Les dimanches au bord de la Marne, "quand on se promène au bord de l'eau", les guinguettes... Alors bien sûr, cette camaraderie et ces embrassades, c'est parfois un peu forcé, mais que voulez-vous, il fallait un écrin de choix pour le drame concocté par Spaak et Duvivier. Ce dernier est excellent de bout en bout, en pleine possession de ses moyens, aidé par un chef opérateur plus qu'inspiré (Armand Thirard) et des acteurs fabuleux. C'est l'un de ses plus grands films, l'un des joyaux de la période, un diamant, mais noir. "C'était pourtant une belle idée", dit Jean Gabin à la fin.

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier
7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 10:07

Christine de Guérandes (Marie Bell) vient de perdre son mari, avec lequel elle vivait dans une demeure grand luxe au bord d'un lac alpin et Italien. Avec tristesse et méthode, elle se débarrasse en compagnie d'un ami de ce qui était jusqu'alors sa vie, faite de luxe, et probablement d'un grand nombre de compromis: elle l'admet elle-même, elle n'aimait pas son mari. Durant le débarras, elle retrouve un petit carnet de bal, souvenir d'une sortie glorieuse de ses 16 ans durant laquelle elle avait dansé avec un certain nombre de prétendants. Elle décide de les revoir et de reprendre les choses là où elles s'étaient arrêtées 20 années auparavant...

La quête commence mal: le premier qu'elle visite est mort depuis 18 ans, ce qu'elle ignorait puisque sa mère, devenue folle (Françoise Rosay) a sombré dans la démence avant d'envoyer les faire-parts de décès... Mais si certains sont morts, elle va quand même en revoir un certain nombre: un ancien avocat, rayé du barreau et devenu un caïd de la pègre (Louis Jouvet), un ancien virtuose devenu moine dominicain (Harry Baur), un guide de haute montagne (Pierre-Richard Willm), le maire d'un tout petit village provençal (Raimu), un médecin abimé par un séjour colonial, devenu avorteur clandestin (Pierre Blanchar), un coiffeur enfin (Fernandel), qui n'a pas bougé de chez lui et va amener Christine sur les lieux de son mythique bal...

On penserait volontiers qu'un film comme celui-ci, possédant comme on dit les défauts de ses qualités, est forcément entièrement soumis à la qualité de ses segments, puisque Duvivier et Jeanson ont structuré le tout sur la recherche fébrile des traces de sa jeunesse par Marie Bell... Et bien sûr, le talent des interprètes fait beaucoup. Marie Bell est assez terne, mais sans être atroce (il faut juste un temps pour se faire à sa diction "grande dame des années 30"...); chacun de ses partenaires est évidemment un acteur de premier plan, et certains sont d'authentiques monstres sacrés, donc il y a de fort beaux moments. Il y a aussi des moments très embarrassants, l'un des pires étant le segment avec Pierre Blanchar: Duvivier y abuse de sa manie de signifier par des placements de caméra de Guingois le sordide d'une situation, et Blanchar en fait des tonnes. 

Par ailleurs, le film offre malgré tout une intéressante réflexion sur la croisée des chemins, et un difficile choix pour l'interprète principale: certes, c'est une bourgeoise totalement blindée, qui a passé sa vie dans une tout d'ivoire, mais c'est aussi et surtout une dame qui a soudain le sentiment d'être passée à côté de sa vie, et d'avoir gâché sa jeunesse avant de la quitter. Elle va découvrir qu'en plus elle est contagieuse, puisque elle a manifestement aussi gâché la vie de tous ses anciens amoureux! 

Ce film ô combien ironique et méchant se résoudra malgré tout dans un compromis riche en possibilité, avec une apparition de Robert Lynen, le jeune acteur de Poil de Carotte (1932). Un compromis, mais un sentiment évident que la fête est finie pour le personnage principal: une thématique qui rejoint d'autres films sur le souvenir et le douloureux passage des ans chez Duvivier.

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier Criterion Raimu
30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 08:39

Willy Ferrière (Gaston Jacquet), un jeune homme de bonne famille qui évolue dans les milieux interlopes et populaires de Paris, n'a plus le sou. Et c'est dommage, car il est sur le point de se marier... Et Edna (Gina Manès), la promise, aime bien l'argent. Alors quand à l'Eden café, il parle un peu fort du fait qu'il serait bon de se débarrasser de sa bonne tante, qui est assise sur un tapis d'argent qui lui reviendrait à lui directement, des oreilles écoutent... Et il reçoit une proposition qu'il décide d'accepter. 

Quand le bandit minable Joseph Heurtin (Alexandre Rignault) se rend chez la tante Henderson, il a plusieurs surprises: d'abord c'est ouvert; ensuite, il y a du sang partout; enfin, la vieille est déjà morte, et il y a quelqu'un: Radek (Valerii Inkijinoff), un étudiant en médecine avec lequel il avait planifié le crime, avant que ce dernier se dégonfle... Mais Radek a tout manigancé justement parce que Heurtin est faible, et pas très intelligent... Radek lui a donc permis de se rendre sur les lieux d'un crime, de se mettre du sang partout et de laisser ses empreintes sur chaque objet de l'appartement! Il promet à Heurtin de tout effacer, en échange de la promesse de ne pas dénoncer son complice. Un seul des deux hommes tiendra sa promesse...

Quand le commissaire Maigret (Harry Baur) est chargé de l'affaire, on ne tardera pas à appréhender Heurtin. Celui-ci ne tardera pas à pousser le commissaire à ne pas pouvoir un seul instant croire à sa culpabilité et surtout au fait qu'il ait pu être seul sur un meurtre comme celui-ci. Le commissaire lui tend donc un piège, en lui permettant de s'évader: il sait qu'une fois libre Heurtin fera tout pour retrouver un hypothétique complice: c'est comme ça que Maigret va retrouver la trace de Radek. Mais celui-ci, au lieu de se débiner, fait tout pour attirer l'attention sur lui...

L'intrigue, adaptée évidemment d'un roman de Simenon, est touffue, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais si Simenon charge particulièrement son assassin psychopathe (un étranger, on ne se refait pas: l'écrivain était sérieusement xénophobe), Duvivier étend aussi la noirceur de son film à à peu près tout le monde de la nuit, mais à des degrés divers. Ce pauvre Heurtin, par exemple, devient une victime d'un criminel, un homme et qui a décidé d'emporter tout le monde dans la spirale de sa mort. Willy Ferrière et Edna, les deux bourgeois qui aiment s'encanailler, sont finalement deux minables qui vivent aux crochets du crime, et la première scène donne clairement l'impression que Ferrière serait quand même un tout petit peu proxénète. La vision sans fard d'une société parallèle, avec les malfrats, les ivrognes, les prostituées, est autant une forme de réalisme qu'une trace de baroque dans le film... 

Et Duvivier soigne sa partition en ayant recours à sa technique dérivée du muet, tout en expérimentant avec le sonore: le monde qu'il nous dépeint fonctionne comme d'habitude sur plusieurs niveaux, visuel bien entendu mais aussi sonore avec ses contrepoints, lorsque le cinéaste nous montre une chose en nous en faisant entendre une autre. La scène de l'évasion d'Heurtin, par exemple, est l'occasion pour les policiers de laisser Heurtin seul dans une voiture en fausse panne, pendant que tous les policiers du véhicule se penchent sur le moteur: la bande-son nous fait entendre la conversation de tous ces garagistes du dimanche qui regardent dans le moteur, pendant que l'image reste sur Heurtin qui hésite à tirer parti de l'oportunité... 

D'autres expériences sont moins heureuses, telle cette scène qui permet à un policier d'enchaîner les visites à des établissements divers, à la recherche du coupable présumé: Duvivier a utilisé des transparences, qui permettent au policier de passer dans le même plan d'une boutique à l'autre. La compression du temps pour des actes routiniers était une bonne idée, mais le résultat est médiocre quant à la qualité photographique... 

Mon grand regret face à ce film est lié à l'interprétation: tout le monde est excellent, et le film confine parfois à la comédie policière en particulier avec les interrogatoires des domestiques, totalement savoureux. Hélas, Inkijinoff, auréolé sans doute de la réputation du film Tempête sur l'Asie de Poudovkine, dont il était le principal acteur, est souvent excessif: certes, son personnage est un dangereux psychopathe, et son physique lui confère facilement des aspects inquiétants: il me fait penser à ce niveau à un petit cousin de Peter Lorre... Mais il en fait dix fois trop, contrairement à Lorre: je suis persuadé que le film de Lang était dans le viseur de Duvivier... Ce dernier rattrape le coup avec le dynamisme phénoménal de sa mise en scène sur le final ...

La tête du titre, c'est celle d'un homme qui sera condamné si on ne prouve pas son innocence. Innocence relative, car on n'est sans doute jamais totalement innocent, et Joseph Heurtin s'est rendu chez la Tante Henderson dans le but de... de quoi, d'ailleurs? La tuer ou simplement s'en prendre à son argent? En lieu et place de cet homme qui sauvera sa tête, Maigret va se retrouver face à un nihiliste sauvage et mourant, un sale type qui fera tout pour laisser autant d'ennuis que possible derrière lui: bref, c'est noir.

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier Noir Criterion
25 janvier 2022 2 25 /01 /janvier /2022 17:38

La vie quotidienne chez les Lepic, à l'heure où M. Lepic va devenir le maire, est vue à travers les yeux de François, le petit dernier des Lepic; comme il l'écrit dans un devoir au collège, la famille est la réunion forcée sous un même toit de gens qui ne peuvent pas se sentir... Mais s'il y en a un qui en souffre, c'est bien lui, victime de la hargne sans cesse renouvelée de sa mère absolument indigne...

Il devait y tenir, à son Poil de Carotte, pour y revenir sept années après un chef d'oeuvre... Et la deuxième version, parlante et bénéficiant de la présence formidable d'Harry Baur, est aussi une réussite... C'est aussi un film assez différent: parce que justement, avec Harry Baur dans le rôle de M. Lepic, Duvivier a agi différemment de son traitement du personnage dans la version muette. Il lui a donné un peu plus de contour, un peu plus de rancoeur aussi. Il est aveuglé dans son amour pour son petit dernier, par la haine qu'il cultive à l'égard de sa femme. Il a d'ailleurs énormément influé sur des points de vue qui ne sot pas ceux des tourmenteurs ni de François Lepic: ceux là, la mère Lepic en premier lieu, on n'a pas besoin de leur point de vue, il est suffisamment clair. Mais outre M. Lepic, il y a Annette, la brave bonne, qui arrive à la maison au début du film, et qui va beaucoup servir le fil rouge du film; il y a le parrain, aussi, qui est bien développé, et qui est un brave homme à la tendresse évidente. C'est lui qui va dire à Lepic que son fils est probablement en train de se suicider, par exemple... Ces personnages si profondément humains, si faciles à aimer, font du film plus une comédie qu'un drame.

Catherine Fonteney est une Madame Lepic intéressante, mais un peu trop caricaturale, dont la voix trahit le côté théâtral. Mais elle ancre aussi le film dans une tradition de la comédie méchante, qui sied aussi bien au ton du film (c'est que le Poil de Carotte, avec son accent parigot, ce n'est pas non plus un enfant de choeur!) qu'à la mise en scène précise et engagée de Duvivier. Celui-ci est plus qu'inspiré, avec son sens légendaire du montage et du gros plan, du contrepoint (quand un personnage parle, la caméra vit sa vie et le mélange des deux est souvent détonnant)... Tourné en Corrèze en plus du Morvan (A Collonges-la-Rouge, mais aussi, probablement, à Gimel), puisque Duvivier avait gardé un bon souvenir du Massif Central où il avait tourné Haceldama, son deuxième Poil de Carotte est à nouveau une merveille, même si, plus court que le premier, il retrouve la formule épisodique du roman de Jules Renard que la version muette avait sagement contournée... C'est aussi le meilleur rôle du petit Robert Lynen, un protégé de Duvivier qui perdra son naturel dans la suite de sa carrière et dont le destin tragique est hélas bien connu.

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier Criterion
22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 11:22

David Golder (Harry Baur), faiseur de fortunes ou de misères à la bourse, richissime et redouté, est entouré de rapaces qui n'en veulent qu'à son argent, dont sa famille: son épouse Gloria (Paul Andral), qui vit toujours le plus loin possible de son mari, mène grand train de vie, et sa fille Joyce (Jackie Monnier) a pris l'habitude de l'argent. L'âge est là, et il a un malaise alarmant: son épouse profite de sa faiblesse pour lui annoncer que Joyce n'est pas sa fille. Il prend la décision de tout arrêter...

C'est le premier film parlant de Duvivier, et celui qui fait clairement la synthèse de son style acquis du muet. Le metteur en scène, qui a maintenu sa production de films muets chez Vandal et Delac jusqu'au bout des possibilités et de la patience de ses commanditaires, ne voulait pas passer au cinéma sonore, mais a été bien obligé: on voit avec ce film qu'il n'y perd ni son âme ni ses moyens... Le film est impressionnant, moins pour son interprétation qui est typique de 1930-1931 (on y parle volontiers lentement, sauf bien sûr Harry Baur qui est déjà remarquable, pour son premier rôle parlant) que pour un découpage typique de Duvivier: montage serré, utilisation de gros plans digressifs, compositions constamment inventives, et cette stylisation de l'espace par la lumière et l'ombre, qui le suivra jusqu'au bout de sa carrière. David Golder transpose l'assurance tranquille d'Au bonheur des dames dans le cinéma parlant...

Le film est, à sa façon, une ironique tragédie sur la fin d'un géant, tout en montrant un passage de témoin en guise de conclusion: Golder, qui n'a presque plus rien en revenant d'un voyage en Ukraine, donne tout ce qu'il a sur lui à un jeune immigrant qui lui rappelle sa jeunesse... Le jeune homme se rend à Paris, et envisage d'aller plus tard à New-York...

Ce final éclaire le film, qui souffre d'une réputation compliquée en raison de la présence de personnages jugés négatifs, issus de la communauté Juive, d'une diaspora qui va de Kiev à Paris en passant par Biarritz. Le final, avec son évocation d'un destin de parias condamnés à tout tenter pour survivre, nous renseigne sur le fait qu'avant d'être un sale type (ce qu'il est, la séquence d'ouverture le voit provoquer la ruine et le suicide d'un de ses "amis"), Golder a été lui aussi un petit immigrant venu de nulle part sans rien qui a du se construire seul et se maintenir contre tous les écueils. Il est montré d'abord en financier et homme d'affaires, et accessoirement en juif. Duvivier (qui ne tombe pas dans les pièges caricaturaux de son époque, mais ne s'interdit pas non plus de prendre la complexité de la communauté Juive de front) ne pourrait de toute façon pas être soupçonné d'antisémitisme, son parcours parle pour lui. Le roman qu'il adapte, écrit par Irène Nemirovsky, effectue déjà avec acuité et sans prendre de gants une étude de moeurs, en choisissant de plonger le spectateur dans le quotidien richissime mais empoisonné de cette famille Juive dont le père se rend compte qu'il n'a quasiment que des parasites autour de lui, ce qui ne l'empêchera jamais d'aimer sa fille plus que tout.

 

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