"When the cat's away, the mice will play..." donc, quand le chat n'est pas là, les souris dansent. A l'intérieur du cabinet du dr I. M. Nutts, une famille de souris constatent qu'ils sont tranquilles, et décident de faire la fiesta: certaines sris regardent des bactéries au microscope, expérimentent avec des médicaments, et autres bêtises... Pendant ce temps, un chat attiré par la perspective d'un bon repas, s'introduit sur les lieux...
C'est à la fois un conte, avec un début, une intrigu et une conclusion, et un catalogue joyeux d'excentricités, et de gags idiots: la marque de fabrique de Tex Avery, maître du timing, et transgresseur en chef à la Warner!
Les questions posées par un tel film sont nombreuses, les réponses plausibles aussi; mais si toutes les questions sont à peu près légitimes, aucune réponse ne peut être satisfaisante... Car ce film est en quelque sorte interdit d'antenne, de diffusion, et de publication officielle sur DVD ou Blu-ray. Officielle, j'insise bien. On le trouve sur un certain nombre de pirates, mais aussi sur l'un des DVD "Retour de flamme" chez Lobster... Un écrin qui va comme un gant à ce drôle de bijou...
Car All this and rabbit stew est un film exceptionnellement bien goupillé, du Tex Avery à son apogée, qui bénéficie en la personne de Bugs Bunny d'un personnage qui l'inspire... En même temps, c'est presque un remake d'un autre film d'Avery, voire de deux: dans A wild Hare, Bugs est aux prises avec Elmer Fudd en chasseur. Dans The heckling Hare, c'est à un chien glorieusement idiot qu'il s'attaque. Ici, il est aux prises avec un jeune Afro-Américain, et ce n'est pas une lumière.
On pourra se tortiller dans tous les sens, en invoquant l'époque... L'environnement, le goût des productions de Schlesinger pour tous les humours ethniques, et le goût de tous les studios de dessin animé ou de comédie pour l'utilisation des stéréotypes douteux, il n'en reste pas moins qu'on ne peut ignorer qu'il sagit d'un film raciste, et qu'on ne poura en aucun cas mettre ça sous le tapis.
C'est aussi un film drôle, enlevé, rythmé de main de maître, par un Texan qui n'a jamais reculé devant un gag potentiellement raciste... Ce film fait partie des Censored 11, 11 films Warner que la firme se refuse obstinément à nous laisser voir, alors qu'il serait tellement plus sain, dans une opération de pédagogie, de laisser transparaître ce qui fit cet esprit que les gens bien (je ne parle donc pas ici des fascistes de tout poil, dirigeants interlopes de partis, potentiel-le-s candidats à la présidence française, présidents des Etats-Unis ou éventuels ministres de l'intérieur) n'ont heureusement plus, tout en ayant la capacité de laisser notre libre arbitre se frotter à des oevres avec lesquelles nous avons le droit de ne pas être d'accord.
Qu'elles soient affligeantes ou, comme c'est le cas ici, profondément humoristiques, il est bon que nous ayions le loisir de les juger sur pièces, sinon le monde entier va finir par dire des conneries.
C'est le lancement de la chasse au renard... Des cavaiers s'élancent et leurs chiens sont prêts à les seconder, touts, sauf Willoughby: car ce gros balourd est d'une bêtise affligeante, ou réjouissante, selon l'optique. Car il est tellement bête ("Which way did they go, which way did they go?") que le renard va le faire tourner en bourrique pendant 9 minutes et 20 secondes...
Oui, vous avez bien lu, ce film est l'un des plus longs parmi les Merrie melodies et Looney tunes de l'époque. Il est vrai qu'Avery, quand il réalisait des films à intrigues comme celui-ci, pouvait à la Warner se donner les moyens, alars qu'en général la règle était de limiter le métrage en dessous de 8 minutes ( et même de 7 en allant vers les années 60)...
Et puis ce prototype qui inspirera de nouveau le réalisateur à l'époque de Droopy (Out-Foxed et son renard qui sirote constamment du thé) a visiblement plu à Avery, qui se repose ici sur la dynamique la plus réjouissante qui soit: un animal intelligent, rusé d'un côté, et un imbécile heureux de l'autre... C'est un trait commun au metteur en scène et à René Goscinny, cette faculté à créer un idiot parfait...
C'est un film qui date des débuts de Tex Avery, quand il venait d'être bombardé "superviseur", soit réalisateur dans la série des plus prestigieux courts métrages de dessin animé du studio dirigé par Leon Schlesinger: sa tâche était claire, il se devait de proposer une réponse adéquate au formidable succs et à l'excellence technique diabolique des Silly Symphonies de Disney... Les Merrie melodies était désormais en couleurs, et Warner avait enfin accès au Technicolor 3 bandes, qu'ils aletrnaient avec du Cinecolor (un procédé étrange, avec seulement deux nuances). Ce film a bénéficié de cet apport...
Un jeune épouvantail prend des leçons de son papa, mais il est trop petit: quand il est confronté à un corbeau, non seulement il ne le fait pas fuir, mais l'oiseau finit par lui faire peur...
C'est une histoire contée de açon directe et sans digressions, par Avery qui se permet juste quelques excentricités (un arbre dans lequel on a installé un ascenseur) et par ailleurs effectue son boulot de façon fluide, sans jamais sortir du cadre! Comme quoi c'était possible. Il n'allait pas tarder à se sentir aussi libre de dérapr qu'il l'était déjà pour les Looney tunes en noir et blanc...
Une visite loufoque du zoo, où on trouve un paquet de chameaux (camels) fumeurs, un bus de la compagnie Greyhound (le Greyhound étant aussi un chien de race, sa présence au zoo devient logique), un chimpanzé qui trouve que l'homme qui l'observe lui est tellement semblable qu'il ne leur reste qu'à échanger leurs places... Et tout un tas d'autres animaux loufoques, placés là en raison d'un jeu de mot ou d'une allusion à la culture populaire...
Sur ce dernier point, on perd évidemment beaucoup du sens, mais ça fait un peu partie de la poésie particulière de ces travelogues et autres visites, faux documentaires et autres faux films didactiques qu'affectionnait tant Avery parce que ça lui évitait d'avoir à raconter une histoire!
A noter, l'une des quelques apparitions de Egghead, le personnage qui allait bientôt grossir et changer de nom: on l'appellera bientôt Elmer Fudd. En attendant, Avery l'utilisait beaucoup comme fil rouge. C'est le cas ici...
Quand certains dessins animés de la Warner n'ont pas de réalisateur crédité au générique, il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'une transition... Celui-ci a été planifié par Tex Avery et entamé avant son départ, mais c'est Bob Clampett, qui reprenait son unité, qui en a assumé la fin de la supervision...
C'est de toute façon un excellent film: un huis clos simple, d'un genre qui reviendra non seulement à la Warner (à travers Sylvester et l'insupportable canari qui lui sert de bourreau), mais aussi à la MGM, en particulier dans Tom et Jerry! Un canari et un chat cohabitent, et la maîtresse impose au chat de laisser le canari tranquille. A chaque fois que le chat intervient, le canari appelle à l'aide en sifflant. Une dynamique propre à entraîner les gags...
Bien qu'il soit très cohérent (ce qui n'était absolument pas sa marque de fabrique), on est tenté de l'attribuer plus à Avery qu'à Clampett: le film est dénué de ces embardées d'animation ultra-délirante, pour se concentrer sur le gag et son effet, dans la précision du geste plutôt que dans son extrapolation...
C'est donc vers la fin de sa période Warner que Tex Avery, qui était sans aucun doute le plus doué des réalisateurs qui travaillaient sous la bannière de Leon Schlesinger, a réalisé ce film. Il participe comme tant d'autres d'une tendance qu'il affectionnait: choisir une thématique et faire une compilation d'anecdotes diverses qui permettaient à l'équipe de rivaliser de jeux de mots et de gags.
Le thème choisi est cette fois les dates particulières de l'année, aux Etats-Unis, donc on a droit à des vignettes sur le premier de l'an, la St-Valentin, Thanksgiving et le 04 juillet (coucou!)... C'est assez peu intéressant, en vérité, puisque Avery repose sur une formule, des gags vus et revus même si ils offrent quelques variations, et quelques obsessions personnelles, qui finiraient par devenir irritantes! Un exemple: les chiens obsédés par les arbres...
Dans cette "Merry melody", une poule se lève le matin et accompagne les poussins jusqu'à leur petit déjeuner. Mais quand le temps se gâte (un éclair s'abat et le tonnerre fait "scram!" soit "barrez-vous"...) la mère-poule ramène ses petits chez eux... sauf un, qui a failli rencontrer une fouine: l'animal (qui se présente lui-même comme "le méchant du film") décide de manger du poussin. Profitant du départ de la mère qui est partie chercher un médecin (le petit a un rhume), la fouine se fait passer pour le docteur.
Mais il n'avait pas prévu qu'il serait confronté à des poussins diaboliques et très bien organisés. C'est un film en tous points réussis, avec ses limites: comme d'habitude, on reluque un peu du côté de chez Disney, mais Tex Avery raffine son style et ses animateurs sont en pleine forme...
Cendrillon est donc consignée à la maison, pendant que ses deux abominables presque soeurs et son affreuse marâtre vont faire la bringue. Mais elle a lu le conte et elle s'atonne que sa marraine, la fée, prenne tant de temps pour venir la tirer de ce mauvais pas. Ce qu'elle finit par faire quand même grâce à l'amicale intervention de la police! Une fois au bal, cendrillon tombe instantanément amoureuse du prince, qui est lui interprété par ce fameux personnage avec lequel Avery faisait de nombreuses tentatives dans tous les sens à l'époque (et qui n'aura droit d'être nommé que dans deux titres): il ne s'appelait plus tout à fait Egghead (Crâne d'Oeuf), et pas encore Elmer Fudd... Et sa voix n'était pas non plus encore fixée.
C'est un fstival de méta-film, on l'aura compris, dont la formule sera repsie et rendue parfaite durant les années MGM de Tex Avery. Ici, on constatera que le design de la princesse tient plus de l'image d'Epinal de la petite fille, que de la pin-up telle que les films MGM la consacreront...
Dans les montagnes du Kentucky, deux familles se livrent une guerre sans merci... Sauf à l'heure de la sieste, manifestement, car au moment où commence ce cartoon, la plupart des protagonistes (vêtements rapiécés, pieds nus, grande barbe pour les messieurs, et des cruches d'un alcool maison toujours à portée de la main) sont attelés à cette saine occupation... Mais dès le réveil, la lutte reprend, et il serait intéressant de questionner le nombre de balles qui sont échangées.
Sur ces entrefaites, arrive un pacificateur, qui est la première incarnation d'Elmer Fudd tel que Tex Avery l'avait créé, qui répondait parfois au nom d'Egghead... Il arive en yodelant, sur un scooter, et se présente come celui qui amènera la paix aux deux familles en conflit. ...Ce qui a le mérite, au moins, de les mettre d'acoord puisqu'ils refusent sa médiation.
C'est un film, dont j'imagine qu'il a fallu se poser la question de le remettre dans le circuit ou pas, car après tout il présente un groupe ethnique spécifique (les populations des montagnes rocheuses, et des forêts environnantes), saisi dans tous ses clichés les plus odieux, et montrés avec un humour féroce dans un graphisme plus adulte que bien des cartoons de l'époque: par exemple, les personnages ne peuvent en aucun cas être assimilés à des animaux, et le style de l'animation (qui doit beaucoup à Sid Sutherland, se situe à l'écart du style des Merrie Melodies telles que Harman et Ising, ou Friz Freleng les concevaient, eux qui venaient de Disney...
Tex Avery en profite pour briser le quatrième mur aussi souvent que possible, avec plus ou moins de bonheur: le fait de représenter un personnage qui sort une blague de piètre qualité, dire tout à coup à la caméra "celle-là sonnait mieux en répétition" n'empêchera jamais la blague d'être ratée! Mais cet effort montre bien comment le réalisateur (on disait alors "superviseur", et on l'appelait encore "Fred Avery) tentait de faire bouger les lignes dans l'exercice de son métier...
Et le film montre surtout la fascination constante de Tex Avery pour tout ce qui touche au folklore westernien et/ou Sudiste. La prérogative d'un animateur né au texas, sans doute... Mais ce genre d'histoire de lutte acharnée entre deux familles a beau être un cliché, c'est un ressort dramatique fascinant: même dans ce court métrage qui sert essentiellement à se bidonner durant 8 minutes!