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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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12 février 2025 3 12 /02 /février /2025 21:31

C'est la période du carnaval, et à Nice, le Marquis Octave de Granier (Ivan Mosjoukine) a pris l'habitude de rentrer tard... Ou plutôt au petit matin. Mais un de ces matins, justement, il trouve un cadeau inattendu sur le pas de sa porte: un bébé... Croyant qu'il s'agit d'un de ses enfants illégitimes, il l'adopte sur le champ et s'évertue à l'élever, aidé heureusement par son domestique, le fidèle Maître Philippe (Bartkevitch) qui est bien plus doué que lui...

La réalité est tout autre: les Dumont sont un couple Niçois, un ingénieur (Paul Ollivier) tombé en disgrâce suite à un scandale qui impliquait son frère, et son épouse: Yvonne (Natalie Lissenko). Quand son mari abandonne le domicile familial pour tenter de refaire fortune, elle n'a pas eu d'autre choix que d'abandonner son fils Paul sur le perron du manoir de Granier.

Mais tout ce petit monde va se retrouver à Paris, et Yvonne va se faire engager comme nourrice. Mais un jour, elle apprend que le bateau sur lequel son mari travaillait a fait naufrage...

Le personnage principal du film L'angoissante aventure, la première production de la future compagnie Albatros, s'appelait déjà Octave de Granier... Mosjoukine, qui s'est une fois de plus écrit le film pour l'interpréter, a repris le nom, la noblesse, et l'irresponsabilité du jeune Marquis. Mais son "nouveau" de Granier est sans aucun doute plus fripon que le précédent, comme tendrait à le prouver la première bobine, qui oppose fermement le destin tragique de Dumont et la tendance à la fiesta crapuleuse démontrée par Octave. A ce titre, un scène sera quasi intégralement reprise dans Casanova...

Mais justement, c'est ce mélange détonnant entre drame et comédie, entre le renoncement mélodramatique de Natalie Lissenko, et l'extravagance sauvage d'Ivan Mosjoukine; celui-ci est, pour la première fois, son propre metteur en scène, et il s'y entend. Je pense qu'il faisait partie des acteurs qu'un autre ne pouvait pas vraiment diriger, comme Keaton, Stan Laurel... ou Chaplin, bien entendu. A propos de ce dernier, il est tentant d'évoquer The kid, bien sûr; mais il est hors de question d'imaginer un plagiat de la part de l'auteur: sorti en France en Novembre 1921, le film de Chaplin est contemporain de celui-ci. Et Mosjoukine choisra une autre fin que celle du film Américain, en se rappelant ses origines Russes...

Avec ce film, ainsi que l'époustouflant serial La maison du mystère (1922), Mosjoukine et l'Albatros établissent un univers cinématographique bien à eux. L'acteur ne tournera qu'un seul autre film en tant que metteur en scène, l'extraordinaire Brasier ardent, l'un des sommets du cinéma muet Français.

 

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Published by François Massarelli - dans Albatros Ivan Mosjoukine Muet 1921
3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 14:19

C'est à la Palladium films que Lau Lauritzen va tourner avec Carl Schenstrom (Le grand échalas contorsionniste) et Harald Madsen (le petit râblé) des comédies, dont ceci est l'une des premières: si je ne suis pas tout à fait sûr de la chronologie, je sais qu'il y a eu d'abord un moyen métrage dans lequel Lauritzen expérimentait avec Schenström et un autre acteur... Par contre, on sait clairement qu'il s'agit de leur plus ancien film conservé. C'est un moyen métrage de trois bobines, et il établit de façon durable le caractère des deux principaux protagonistes.

Durant l'été, sur les bords de la mer du nord, on fait connaissance avec une famille très aisée (les parents: Oscar Tribolt et Olga Svendsen), dans laquelle un baron (Torben Meyer) a décidé de s'incruster en épousant la fille (Ingeborg Bertelsen) de la famille. Sauf que le type est un salopard de la pire espèce, qui est déjà fiancé, suivant les conventions habituelles du mélodrame... Et la fille est quand même toujours contente de voir le meilleur ami de son frère (Gorm schmidt), Peter Plum (Victor Montell), un brave garçon, lui. Et deux vagabonds, des rémouleurs miteux (devinez de qui il s'agit) qui traînent dans le coin, interceptent une lettre qui est destiné au traître, et qui prouve ses sombres agissements. Ils décident de s'en mêler...

Le titre signifie "Film, flirt et fiançailles", selon une tradition de comédie que beaucoup des films à venir de Lauritzen avec le duo vont s'efforcer de respecter: trois mots qui décrivent l'essentiel de l'intrigue, et ce en ajoutant une répétition d'un son précis. ...Ici, le son F. Pourquoi "Film"? parce que la fiancée du Baron est actrice, et tous les personnages vont se retrouver sur une plage, où un tournage a lieu, durant lequel le metteur en scène va inviter des locaux à figurer; un prétexte pour voir évoluer les deux acteurs au milieu de jolies filles en maillots de bain affriolants, ce qui là aussi va devenir une tradition de ces films. Et bien sûr nos deux amis vont, à leur corps défendant, contribuer au film avec le style qui les caractérise...

Le plus intéressant reste la façon dont évoluent nos deux anti-héros, la dynamique déjà bien ancrée de ces deux personnes qui pour l'instant restent volontairement à l'écart des gens auxquels ils viennent en aide. Ce ne sera pas toujours le cas. Mais l'ingéniosité aussi, dont ils font preuve en toute circonstance, ainsi que le contraste entre les deux, la réserve de Schenstrom, un adulte qui a trop grandi et ne sait pas trop quoi faire de lui-même, et le côté volontiers enfantin de Madsen, qui lui n'a pas encore trouvé l'occasion de grandir, les différencie de tous leurs homologues Américains. Ils sont, déjà, dès cette première trace de leur travail, extrêmement touchants. Et leur gestuelle nait littéralement sous nos yeux, les montrant pour toujours à l'écart, dans une galerie de mouvements qui n'appartiennent qu'à eux seuls: la façon dont pour se retirer, ils se tiennent la main; l'expression de la joie, qui passe chez Madsen par un étrange tournoiement; le sourire d'enfant de Schenström...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1921 Lau Lauritzen Schenström & Madsen
24 juillet 2024 3 24 /07 /juillet /2024 21:30

Dans un hôtel, un membre du gouvernement cache des papiers secrets ultra-importants dans un coffre-fort, mais des espions les volent avec la complicité du directeur (Oliver Hardy). c'est à un groom (a bell hop) qu'il échoit de les combattre...

C'est la définition même du film de Semon, ici déclinée sur une luxueuse demi-heure, comme les films de Chaplin de 1918-1919... Une marque des ambitions de Semon qui typiquement a demandé à la Vitagraph un budget conséquent, tout en faisant exploser énormément de dynamite!

On a donc droit à la peinture forcément exagérée d'un lieu, ici un hôtel, dont Semon n'est qu'un des rouages, le plus poétique forcément. Des gags s'accumulent dans un rythme effréné, puis l'intrigue se met en route: les auteurs ne sont pas forcément dupes des clichés qu'ils véhiculent, surtout si on en croit le début, qui détaille précisément les données du film comme étant des clichés! Un classique donc, mais mal poli, paradoxal, et brut de décoffrage...

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Muet ** 1921 Larry Semon Vitagraph
23 décembre 2023 6 23 /12 /décembre /2023 15:02

Bien que le copyright du film indique la date de 1920, le film est sorti à l'automne de 1921, alors que le cinéma Danois se remettait encore avec difficulté de la mort de Valdemar Psilander (que Sandberg avait dirigé en 1917 dans son film Klovnen peu de temps avant son décès prématuré)... C'est donc Gunnar Tolnaes, qui avait plus ou moins pris la place de la star disparue, qui interprète le rôle principal aux côtés de l'acteur Philip Bech, et de Kate Riise. Cette dernière, qui incarne une artiste de music-hall, avait exigé d'apparaître sous un nom d'emprunt, car le rôle exigeait d'elle des scènes en petite tenue (en l'occurrence un justeaucorps et des collants pour les scènes situées dans les coulisses, des vêtements jugés très suggestifs par l'actrice)...

Le titre, qui signifie "Les yeux peuvent-ils mentir?", trouve dès l'ouverture, un écho: en effet le film commence par un plan très clair, celui des yeux d'une jeune femme aux cheveux blonds, qui nous regardent de façon très aguichante... Une façon comme une autre de placer le sujet de ce mélodrame: un riche héritier (Tolnaes) est amoureux d'une artiste (Riise), et la séduit. Ils veulent se marier mais la famille sent venir une entourloupe. Alors que le mariage se profile à l'horizon, la jeune femme disparaît. Egil va donc en concevoir un doute, et quand elle revient, tenter d'éclaircir l'affaire... est-elle une "chercheuse d'or", déterminée à tenter d'intégrer une famille riche pour se casre, ou une femme authentiquement amoureuse qui cherche à échapper à un passé pesant, et dont les aspects sordides sont complètement indépendants de sa volonté et de sa personne?

Un (mélo) drame dans la bourgeoisie, des traditions bousculées, des codes amoureux dictés par les conventions, un mariage en dépit de la désapprobation des parents, une figure féminine sur lequel le doute (celui des protagonistes aussi bien que celui des spectateurs) plane avec insistance, des personnages mystérieux, une mort suspecte, et enfin des secrets compliqués voire inavouables... On est en plein mélodrame établi, étanche et à l'épreuve des balles. Mais qu'on ne s'y trompe pasSandberg démontre une fois de plus son métier irréprochable et sa filiation avec les grands noms du cinéma Danois des années 10, Blom, Holger-Madsen, Gad et Christensen en tête: son utilisation des lumières et de l'ombre, sa scénographie des intérieurs bourgeois (particulièrement luxueux), le jeu souvent très retenu des acteurs, tout fonctionne très bien. Le cinéaste prend un certain plaisir à détailler à travers tous les univers aperçu (les coulisses d'un théâtre fréquentés par les héritiers en haut-de-forme qui viennent fréquenter les danseuses, un salon austère dans lequel la famille tient conseil, des galeries imposantes de manoirs tout aussi peu discrets...) tout le luxe mais aussi la vanité d'un monde qui semble bien loin de ce que devait être le quotidien des gens qui fréquentaient les salles de cinéma à l'époque. Car cet art consommé du mélodrame est un art populaire par définition, qui se doit de raconter et d'aller d'un point A à un point Z...

Le film fait la part belle aux gros plans dynamiques, pas de décrochage idéaliste à la façon d'un Griffith: chaque plan a une fonction rigoureuse dans la continuité... Et cette histoire certes un rien éventée plus d'un siècle plus tard se déroule tranquillement sous nos yeux, dans un style qui ne fait certes pas de vagues, mais donc l'eficacité n'est plus à  démontrer... C'est un film qui ressemble beaucoup, donc, à ceux que Sandberg allait réaliser durant toute la décennie.

Le film, comme tant d'autres de son auteur, est disponible sur le site de plus en plus fourni du Danske Filminstitut, mais comme pour la plupart des oeuvres disponibles, ce sera titré en danois sans sous-titres...

https://www.stumfilm.dk/stumfilm/streaming/film/kan-disse-ojne-lyve

 

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Published by François Massarelli - dans Muet A.W. Sandberg 1921
5 juillet 2022 2 05 /07 /juillet /2022 17:21

Il ne reste que 13 minutes, sur les 80 (approximativement) que devait durer ce film; seule la quatrième bobine sur sept a été retrouvée... Impossible de résumer ce que devait être l'intrigue.

Pour le reste, il est fascinant de voir ces fragments, soignés et mis en scène avec un certain goût: les acteurs, à deux exceptions près, sont tous d'origine Asiatique, et certains d'entre eux sont Chinois. James B. Leong souhaitait lancer la production de films Sino-Américains, de la même manière qu'il existait à l'époque une cinématographie Yiddish, ou Afro-Américaine... Mais en dépit de quelques tentatives, c'est un projet qui n'obtiendra pas grand succès.

Paradoxalement, on retiendra surtout de ce film la distribution non-Chinoise: le Japonais Yutaka Abe, qui repartira au Japon où il deviendra réalisateur, Noah Beery, accoutumé aux rôles Asiatiques comme le seraient Lon Chaney et Warner Oland, et enfin Tully Marshall ne sont, en effet, pas n'importe qui. Mais l'héroïne (malmenée) de ce film, dont vous voyez plus haut un photogramme, s'appelait Lady Tsen Mei: elle était, déjà, établie en tant qu'actrice Sino-Américaine, quelques années avant Anna May Wong.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1921
29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 15:53

C'est, selon toute vraisemblance, la première des quatre adaptations de romans de Dickens par Sandberg, et ça montre bien les ambitions du metteur en scène, qui cherchait à produire des films au Danemark qui rivaliseraient avec le meilleur du cinéma mondial et en particulier avec les quatre leaders de l'industrie, Italiens, Français, Américains et les Allemands revenus d'entre les morts, et qui étaient fortement présents au Danemark. Bref, le réalisateur de Klovnen cherchait à apporter sa contribution pour restaurer la toute-puissance Danoise d'avant 1914 en ce qui concerne le cinéma...

Dans ces conditions, le choix de Dickens peu paraître étonnant, mais la même année, Griffith aux Etats-Unis sortait Orphans of the storm, qui devait plus aux romans de Dickens qu'à la pièce qu'il adaptait! Pourtant, le film de Sandberg est très différent de ce que faisait Griffith...

L'intrigue du dernier roman de Dickens est touffue, et il semble que le film ait cherché à en adapter les moindres recoins, et à en reprendre toute la richesse des personnages, qui sont fort nombreux, et chacun d'entre eux apporte un nouvel élément de complication dans la première partie! Il est donc question d'un testament, celui d'un vieil homme dont l'unique héritier est retrouvé mort. Sa fortune est donc reprise par son valet, un brave homme un peu simplet, mais... Evidemment, tout le monde la convoite un peu; bien sûr, certains sont plus malhonnêtes que d'autres; bien sûr, les riches et les pauvres vont s'opposer, en particulier sur la morale; et enfin, pour couronner le tout... L'héritier est-il vraiment mort?

C'est emballant, car en dépit d'une fidélité au texte, à sa linéarité et à la naïveté mélodramatique de l'intrigue, Sandberg a évité les pièges d'une trop littérale adaptation. Il illustre, oui, mais en poussant les ambiances, pour faire de son Londres inquiétant quelque chose de plus fort encore que ce que voulait Dickens. Chaque personnage peu être lu de plusieurs façons grâce à des caractérisations plus cinématographiques que littéraires, et le metteur en scène utilise le montage à merveille pour alterner plans d'ensemble d'une grande richesse, et inserts vivants. Les acteurs incarnent totalement leur personnage, et comme c'est un film Danois les éclairages sont luxueux!

Après ce qui précède, on s'attend à un "mais...", et ça ne va pas pouvoir être évité: "...mais" le problème c'est que la deuxième partie est perdue, en tout cas de moitié, et n'a survécu que sous la forme de fragments disjoints. Au regard de la qualité photographique de la copie et de l'impeccable tenue de la première partie, c'est un crève-coeur... Cette adaptation sage mais très réussie donne envie de voir les autres films adaptés de l'écrivain par le décidément très intéressant metteur en scène, qui ne mérite absolument pas d'être tombé dans l'oubli.

 

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg Muet 1921
28 juillet 2021 3 28 /07 /juillet /2021 11:25

Dans ce premier film Californien de Marion Davies, l'intrigue joue sur un gimmick qui a été repris deux ou trois fois, avec des résultats souvent embarrassants: la réincarnation... Ou je devrais dire plutôt: la réincarnation, comment elle s'intègre dans une histoire, et comment elle devient un couteau suisse particulièrement voyant... C'est aussi une comédie, comment l'éviter?

Dans la famille Vandermuellen, richissime et avec un pedigree long comme le bras, on s'apprête à marier la fille, l'espiègle Pauline (Marion Davies); celle-ci na pas la moindre envie de se marier au Duc de Chavannes, le choix de son paternel exigeant: elle préfèrerait convoler avec son soupirant, le Dr John Grant (Norman Kerry)... Mais suite à un bal masqué durant lequel les deux amoureux se jurent fidélité, déguisés à la mode du XVIe siècle, les choses s'emballent: le financier décide de partir en croisière avec son futur gendre, et la fille, soudainement sujette aux "malaises", insiste pour partir avec un médecin... Mais très vite elle est sujette à d'autres problèmes, et sur lesquels elle n'a aucun contrôle: elle est visitée par l'esprit d'une autre femme, qui a vécu au XVIe siècle...

Le passé est introduit de façon assez adroite, d'accord en nous montrant les personnages adopter pour un bal masqué l'identité de leurs "ancêtres" de réincarnation, puis ils seront vus en flashbacks et pour quelques séquences, dont la plupart sont perdues (c'était dans la dernière bobine, la seule à ne pas avoir été préservée), les personnages sont "visités" par leur incarnation d'avant... 

Bref: au-delà du mélodrame et du fait que ces réincarnations vont permettre une intrigue à base de piraterie et de trésor perdu, de vastes fadaises, mais pas aussi hallucinantes de bêtise que, au hasard, The road to yesterday qui accumulait la balourdise quelques années après. On n'y croit bien sûr pas une seconde, et ce n'est pas le sujet... Marion Davies ne se prend pas au sérieux, fricote avec Norman Kerry, fait du yachting, porte des robes d'époques diverses (y compris, dans une scène d'ouverture au comique probablement involontaire, des peaux de bêtes...), et a l'air de s'amuser. Nous aussi, jusqu'à un certain point, toutefois.

La copie, je le mentionnais, est incomplète, et on dira quand même ici que la photographie de Hal Rosson est le plus rand atout, avec toutefois l'interprétation toujours haute en couleurs de Anders Randolf qui est ici le père de l'héroïne. Il n'y a pas grand chose à dire sur John Charles (le duc), qui dans les six bobines conservées, joue surtout les utilités à moustache. Nul doute qu'au final il devait se révéler un triste sire de la pire espèce, mais nous ne le saurons jamais...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Muet 1921 Marion Davies **
9 mai 2021 7 09 /05 /mai /2021 16:49

Réalisé entre Dorothy et Sodome et Gommorhe, ce film est sans doute l'un des meilleurs, sinon LE meilleur, des films muets Européens du futur réalisateur de Casablanca. Ce qui ne l'empêche pas d'être un sacré méli-mélo, avec accent sur le mélo, avec rebondissements, morale à tiroirs, etc...

Maud (Lucy Doraine) est une jeune femme recueillie par un vieil avare, l'industriel Racton: celui-ci a un lien vague de parenté avec la jeune femme, mais il l'utilise comme sa bonne à tout faire... par bonté. Racton souhaite marier sa fille avec le fils d'un concurrent pour "marier" les deux usines! mais le grain de sable proviendra bien sûr du fait que le fiancé putatif préfèrera Maud à la fort disgracieuse héritière. Maud, bien sûr, se fait chasser sans ménagements. Elle retourne dans sa famille et va devoir gagner de l'argent pour trois: elle, sa mère, et un bon à rien de frère, alcoolique et malhonnête. Celui-ci va aller jusqu'à commettre un meurtre: pour Maud, c'est la spirale de la déchéance qui commence...

Outre les péripéties toutes plus grosses les unes que les autres (ce qui est, selon la tradition établie par les Danois, parfaitement assumé), on remarquera d'une part que la mise en scène musclée de Curtiz repose déjà beaucoup sur le mouvement. Tout va très vite, et il se fait plaisir en mettant en scène un accident ferroviaire hallucinant, pour lequel il met évidemment ses personnages en danger dans un train en flammes... Et ce sont de vraies flammes! Ca bouge tout le temps, c'est du plus haut distrayant. Et son sens de la composition est déjà très impressionnant, sans parler de son futur péché mignon, les ombres, qui apparaissent ici: il n'avait pas son pareil pour utiliser l'art des ombres chinoises pour amener des effets de toute beauté.

 

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz 1921 Muet
21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 09:10

Dans une boulangerie-pâtisserie modèle, la visite du grand patron tourne au cauchemar, car tout s'emballe: les employés  (...pas tous) s'avèrent des escrocs qui tentent de partir avec la caisse, un autre employé (Larry Semon) déclenche catastrophe sur catastrophe, et des animaux de tous poils (Souris, chat, mais aussi un singe capucin, très prisé à Hollywood) flanquent la pagaille...

En dépit d'une certaine longueur, le film partage avec la plupart des courts de Larry Semon une structure assez molle: un lieu, des gags durant 17 minutes puis un grand final avec si possible poursuite spectaculaire... Ca se laisse voir, le personnage de Hardy est spectaculairement mis en valeur, et les intertitres se débrouillent pour placer tous les jeux de mots possibles et imaginables avec dough (pâte), crust (croûte) et bread (pain)...

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Published by François Massarelli - dans 1921 Muet Comédie Laurel & Hardy Larry Semon **
21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 08:57

Dans une rue particulièrement mal famée, des gens vivent à l'écart des braves gens, sous la coupe d'une brute épaisse (Oliver Hardy). Les propriétaires de leurs logements tentent de récupérer les loyers, mais en vain: il y a comme un esprit de résistance, auquel participent les épouses et les enfants... Un vagabond (Larry Semon) est alors engagé en dernier recours, alors qu'une jeune femme qui venait dans la cadre d'une opération de charité se retrouve coincée sur place...

Comment ne pas penser à Easy street de Chaplin? On ne peut pas: il est évident que le film, ses enjeux et ses ingrédients "dramatiques" en viennent tout droit. Cela dit, bien sûr, Larry Semon n'est pas Chaplin et ne prétend absolument pas l'être, même si selon toute probabilité le film a été tourné dans le même décor. S'il en reprend le point de départ en changeant le métier de son héros, il ne va pas non plus s'efforcer d'épurer le résultat final comme l'a fait Chaplin, et il va partir à la recherche de gags dans tous les sens...

C'est le paradoxe de Semon: ses films, réalisés à l'époque pour la vénérable et poussiéreuse compagnie Vitagraph, sont généralement dotés d'un budget conséquent, et sont longs (celui-ci tutoie la demi-heure à une époque où les courts métrages s'efforcent de rester autour de vingt minutes), et donnent l'impression d'avoir un fort budget... Mais l'auteur se vautre et se complait dans une inspiration aussi souvent basique et terre-à-terre que possible. Son héros est sympathique, mais soyons franc: l'intérêt réside essentiellement dans la formidable personnalité de son méchant. Alors dans les moments où Hardy disparaît de l'écran, l'intérêt s'émousse...

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Published by François Massarelli - dans 1921 Muet Laurel & Hardy Comédie Larry Semon **