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C'est la période du carnaval, et à Nice, le Marquis Octave de Granier (Ivan Mosjoukine) a pris l'habitude de rentrer tard... Ou plutôt au petit matin. Mais un de ces matins, justement, il trouve un cadeau inattendu sur le pas de sa porte: un bébé... Croyant qu'il s'agit d'un de ses enfants illégitimes, il l'adopte sur le champ et s'évertue à l'élever, aidé heureusement par son domestique, le fidèle Maître Philippe (Bartkevitch) qui est bien plus doué que lui...
La réalité est tout autre: les Dumont sont un couple Niçois, un ingénieur (Paul Ollivier) tombé en disgrâce suite à un scandale qui impliquait son frère, et son épouse: Yvonne (Natalie Lissenko). Quand son mari abandonne le domicile familial pour tenter de refaire fortune, elle n'a pas eu d'autre choix que d'abandonner son fils Paul sur le perron du manoir de Granier.
Mais tout ce petit monde va se retrouver à Paris, et Yvonne va se faire engager comme nourrice. Mais un jour, elle apprend que le bateau sur lequel son mari travaillait a fait naufrage...
Le personnage principal du film L'angoissante aventure, la première production de la future compagnie Albatros, s'appelait déjà Octave de Granier... Mosjoukine, qui s'est une fois de plus écrit le film pour l'interpréter, a repris le nom, la noblesse, et l'irresponsabilité du jeune Marquis. Mais son "nouveau" de Granier est sans aucun doute plus fripon que le précédent, comme tendrait à le prouver la première bobine, qui oppose fermement le destin tragique de Dumont et la tendance à la fiesta crapuleuse démontrée par Octave. A ce titre, un scène sera quasi intégralement reprise dans Casanova...
Mais justement, c'est ce mélange détonnant entre drame et comédie, entre le renoncement mélodramatique de Natalie Lissenko, et l'extravagance sauvage d'Ivan Mosjoukine; celui-ci est, pour la première fois, son propre metteur en scène, et il s'y entend. Je pense qu'il faisait partie des acteurs qu'un autre ne pouvait pas vraiment diriger, comme Keaton, Stan Laurel... ou Chaplin, bien entendu. A propos de ce dernier, il est tentant d'évoquer The kid, bien sûr; mais il est hors de question d'imaginer un plagiat de la part de l'auteur: sorti en France en Novembre 1921, le film de Chaplin est contemporain de celui-ci. Et Mosjoukine choisra une autre fin que celle du film Américain, en se rappelant ses origines Russes...
Avec ce film, ainsi que l'époustouflant serial La maison du mystère (1922), Mosjoukine et l'Albatros établissent un univers cinématographique bien à eux. L'acteur ne tournera qu'un seul autre film en tant que metteur en scène, l'extraordinaire Brasier ardent, l'un des sommets du cinéma muet Français.
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