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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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5 novembre 2025 3 05 /11 /novembre /2025 21:44

Don Quichotte de la Mancha a lu, beaucoup lu, et principalement des romans de chevalerie. A tel point que ça lui est carrément monté à la tête, et il est donc parti en quête d'aventures... le problème c'est qu'il est vieux et, on l'aura compris, fou. Aidé, plus ou moins, de son écuyer Sancho Panza, il parcourt les routes à la recherche de rencontres guerrières. Et quand il ne trouve rien, eh bien! ...L'imagination débordante du vieil homme fait le reste... Mais bientôt, le légende se répand, et les deux hommes deviennent la cible des moqueries...

Carl Schenstrom et Harald Madsen, alias Fy og Bi au Danemark, étaient mieux connus sous le nom hallucinant (mais justifié) de Doublepatte et Patachon en France, ils étaient Pat und Patachon en Allemagne ou encore Long and Short dans les pays Anglophones. Leurs films souvent réalisés par Lau Lauritzen (Senior) sont encore aussi populaires en Scandinavie et en Allemagne que le sont Laurel et Hardy aux Etats-Unis, pour situer.

Pourtant ce film très ambitieux est à part: clairement, il n'a pas été tourné au Danemark mais bien en Espagne, et très peu de concessions apparentes ont été faites aux deux personnages habituels de Schenstrom (qui interprète un Quichotte très convaincant avec sa silhouette de géant filiforme) et Madsen (qui prête à Sancho sa rondeur et sa petite taille). Et surtout pour ce dernier, le personnage de Sancho Panza est très éloigné des emplois habituels de clown lunaire lent et timide du comédien. Sancho est roublard, calculateur, dédié aux plaisirs... Juste, peut-on faire remarquer, il est quand même un peu naïf, surtout lorsqu'un canular pendable lui est joué, afin de lui faire croire qu'il est gouverneur d'une île.

Ce film, qu'on peut enfin voir entier (voir plus bas) est une fascinante entreprise: il s'agissait pour Lauritzen de faire une adaptation stricte de la tragi-comédie de Cervantès, avec deux comiques dans les rôles principaux; et en plus, comme c'est le seul film dans lequel on ne reconnaisse pas le maquillage traditionnel des deux comédiens Schenstrom et Madsen, c'était un risque commercial certain; mais l'idée de décalage entre un monde qui tourne dans un sens et deux hommes qui tournent dans l'autre (surtout Quichotte, car cette fois c'est Schenstrom qui est le plus à part!) est somme toute présente dans le film.

Reste quand même une interrogation: qu'est-ce qui a bien pu pousser dans cette direction Lauritzen, metteur en scène et producteur d'une série de films de comédie qui, s'ils n'ont sans doute pas révolutionné le médium, ont quand même provoqué un succès considérable pour lui et ses interprètes, l'excellente fortune de la Palladium, et même une réputation très enviable de poule aux oeufs d'or pour la scénariste et productrice Alice O'Fredericks? Le film est ambitieux, soigné même, l'intrigue du roman y est respectée, les personnages en sont bien définis, surtout bien sûr Quichotte et Panza, mais aussi les deux chevaliers ennemis d'une intrigue secondaire, deux beaux jeunes hommes comme il y en avait toujours pour "seconder" les héros joués par Schenstrom et Madsen, mais cette fois dans des personnages tangibles et riches... La photo de Julius Jaenzon, confrontée à l'aridité Espagnole, est d'une luminosité exceptionnelle, et les décors souvent printaniers nous rappellent que nous sommes entre les mains de maîtres Danois. Les deux acteurs principaux sont absolument géniaux mais ça on le savait déjà!

...Et pourtant le film est réussi mais sans plus. Lauritzen a soigné sa partition, bien utilisé les décors existants, et bichonné ses effets spéciaux: la scène mythique des moulins, par exemple, donne lieu dans cette version à une visualisation très baroque des «monstres» et géants aperçus par le vieux chevalier fou...  Il manque pourtant à cette superproduction un peu austère la gentille folie douce habituelle des films du duo, et dans ce contexte le ton du film, de la romance picaresque jusqu'à l'inévitable tragédie, on débouche sur une version soignée d'un grand roman, qui se cantonne à une sagesse embarrassante: on pense pour comparer au Carmen, de feyder, d'ailleurs tourné la même année, également en Espagne. Fallait-il absolument, pour exister, que les deux clowns et leur metteur en scène prouvent une bonne fois pour toutes que oui, ils pouvaient aussi faire un film sérieux, ou un "grand sujet"?

Pendant des années, on ne pouvait voir de ce film que des extraits diffusés dans le cadre d'une série télévisée Allemande qui recyclait les longs métrages du duo; de ces dix bobines (soit 135 minutes à 20 images par seconde), il nous restait 48 minutes en tout, dénuées d'intertitres, et remontées afin de donner une idée du film plus qu'autre chose. Le remontage avait été fait afin de privilégier la comédie, mais le début était à peu près intact. La seconde intrigue, qui voit se développer une trahison chez d'authentiques chevaliers, qui vont ensuite être authentiquement aidés par Quichotte et Panza, ne mettait pas suffisamment les deux stars en valeur et avait été tout bonnement supprimée. Maintenant, le Danske Filminstitut a enfin rendu publique sa version restaurée (un tirage soigné, mais aux marques du temps bien visible) de la version intégrale, disponible sur le site Stumfilm du DFI, où il sera visible en permanence, comme la digne pièce de musée qu'il est enfin.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Scandinavie 1926 Lau Lauritzen Schenström & Madsen *
4 novembre 2025 2 04 /11 /novembre /2025 22:10

A Copenhague, nous faisons la connaissance de Nikolajsen (Oscar Stribolt), un tavernier qui a des soucis: il vient d'apprendre l'existence d'une fille qu'il a eu d'une première idylle, et son épouse n'est pas au courant. Elle vit au Jutland, mais comment justifier un voyage? Il se confie à ses amis, tous commerçants et artisans dans son quartier... Apprenant qu'il y a une soudaine et inexplicable invasion de loups dans la région, ils décident de s'y rendre, pour chercher la jeune femme, sous le prétexte de faire la chasse aux loups...

Pendant ce temps, un étudiant (Gorm Schmidt), habitué de la taverne, est justement en vacances au Jutland, où il fait la rencontre d'une délicieuse jeune femme (Lise Bauditz)... Et deux vagabonds (Carl Schenström, Harald Madsen, alias Doublepatte et Patachon) se greffent sur la chasse au loup pour y gagner un peu d'argent...

C'est un scénario loufoque, et on regrette qu'il le soit, finalement, plus que le film: car c'est sage, et assez routinier... Une fois de plus, le décor est superbement mis en valeur (c'est surtout qu'il y a un lac, et des forêts autour, et que voulez-vous, j'y suis très sensible), et le camping à la dure dans les bois est rehaussé de la présence des inévitables jolies baigneuses, invitées permanentes des films de Lauritzen... On devine dès le départ que tout va rentrer dans l'ordre...

Se pourrait-il qu'à l'heure de se concentrer sur un Don Quichotte nettement plus ambitieux, Lauritzen et ses deux acteurs fétiches n'avaient pas trop de temps à perdre avec un film aussi banal?

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Schenström & Madsen Lau Lauritzen 1926
28 octobre 2025 2 28 /10 /octobre /2025 22:02

1914... Le Capitaine Ulysse Ferragut (Antonio Moreno), un Espagnol, a grandi sous l'influence de son oncle, surnommé le Triton: ce dernier était littéralement amoureux de la Mer Méditerranée, et lui a transmis sa passion. C'est contre le gré de son épouse, l'austère Dona Cinta, qu'Ulysse est devenu capitaine de cargo. Il sillonne "sa" mer, avec son cargo Mare Nostrum, mais cela ne rapporte guère... La guerre éclate mais l'Espagne reste neutre. Dans le cadre de ses voyages, Ulysse rencontre une jeune femme, Freya Talberg (Alice Terry), qui ressemble de façon impressionnante à un portrait de la déesse Amphitrite, personnification de la mer dans le monde antique: ce portrait était accroché chez le Triton. Mais plus prosaïquement, Freya est une espionne Allemande, et leur rencontre va être le moyen pour la jeune femme de pousser le capitaine, amoureux d'elle, à collaborer avec les marins Allemands...

Ingram avait réussi à imposer à la Metro, juste avant que celle-ci ne fusionne avec Goldwyn, de tourner The Arab en Afrique du Nord. Il en est sorti bouleversé... Peut-être pas autant que le racontait le cinéaste Franco-Américain Robert Florey, qui prétendait avoir rencontré Rex Ingram transfiguré, converti à l'Islam, et ne parlant plus qu'en citant des passages du Coran... Non, disons plutôt que le cinéaste a particulièrement apprécié le fait de travailler en indépendant, loin des studios. Et comme le montage de The Arab, effectué une fois la MGM créée, lui a déplu fortement, il a pris la décision de s'installer en Europe, à Nice plus précisément, où il allait utiliser les Studios de la Victorine pour tourner des films qui seraient ensuite vendus à la MGM sans que le cinéaste n'ait à se frotter au studio... D'autres films (The Magician, The garden of Allah) suivraient, mais l'expérience tournerait au fiasco. En attendant, il aura au moins pu faire ce film, l'un des plus extravagants, symboliques, et profondément baroques de toute son oeuvre.

C'est la deusième adaptation de Vicente Blasco Ibanez que réalise Ingram, la première étant The four horsemen of the Apocalypse: dans les deux films, il est question de la Guerre Mondiale, vue sous un angle hautement symbolique. Les 2 films (et, j'imagine, les romans également) ne manquent pas de similitudes: un héros pris entre deux feux, un amour fou, absolu et maudit, et une filiation symbolique (le "Centaure" Argentin de The four horsemen est ici supplanté par un "Triton"). Les deux héros de chque film sont à part, l'un est un dandy autant qu'un artiste, et l'autre aime plus la méditerranée et ses mystères, que son épouse... La mort rôde, entre les exactions répugnantes des soudards allemand du premier film, et le torpillage d'un paquebot Américain dans Mare Nostrum, un attentat auquel Ulysse aura participé, et qui mène à la mort de son fils unique...

Ingram ne pouvait s'accomplir que dans le mélodrame, dans l'énorme et le délirant. Tous ses films débordent de la vérité, qu'ils transposent en des termes poétiques, profondément cinématographiques et visuellement forts. Ils ne sont jamais exempts de scories, d'un humour parfois un peu facile, mais aussi d'une faune étonnante. Il aimait à s'entourer d'acteurs qui soulignaient le grotesque, et a beaucoup fait pour permettre à des acteurs physiquement différents (nainsc omme John George, acteurs obèses, dont Hughie Mack, un ancien de chez Sennett qui avait également joué pour Stroheim), voire différents tout court (Rose Dione, actrice ouvertement lesbienne, était l'une de ses protégées) de faire carrière dans le cinéma Américain des années 20. S'il choisissait de réaliser des films d'après des auteurs populaires (Anthony Hope, Rafael Sabatini, Ibanez) ou d'après des histoires qui se prêtaient à ses obsessions personnelles (Eugénie Grandet pour The Conquering Power, et une nouvelle fantastique de William Somerset Maugham pour The Magician), c'est qu'il entendait s'approprier totalement le matériau qu'il adaptait. Un peu, finalement, à la façon d'Hitchcock plus tard, ou plus sûrement à la façn de Michael Powell, qui travailla sur quelques-uns de ses films européens... dont celui-ci.

A travers la rencontre inattendue entre la "déesse Amphitrite" et l'infortuné Ulysse Ferragut, Ingram nous raconte ioniquement les infortunes de l'amour, l'écueil du devoir, l'incompatibilité entre les aspirations et la vie. C'est Alice Terry qui a (presque) le dernier mot, dans une scène surprenante par sa dignité: celle, inspirée de la fin de Mata-Hari, durant laquelle la jeune femme va marcher jusqu'à la mort. "Everyne must die"... Constat amer, subtilement ironique, ou terriblement banal? Le film, en tout cas, ne l'est absolument pas: paré des pieds à la tête, chaque scène montre une vitalité cinématographique, un sens de l'image qui explose dans chaque plan. Rex Ingram était un cinéaste excentrique dont on aimeait revoir plus des quelques films qui nous restent... Celui-ci, une ode délirante à la Mer qui avait accueilli Ingram, est particulièrement beau.

 

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Published by François Massarelli - dans 1926 Rex Ingram Muet
26 octobre 2025 7 26 /10 /octobre /2025 23:04

Dans les années 20, l'occultisme est une forme de mode qui prend essentiellement les classes les plus aisées, et va aboutir à un chef d'oeuvre cinématographique absolu... Ce n'est pas ce film, qui s'inspire quand même du mouvement, ainsi que de la personnalié d'Alceister Crowley.

Rex Ingram, impétueusement fâché après la MGM qui lui a refusé la réalisation de Ben-Hur après le retrait de Charles Brabin, et profondément en colère contre Louis B. Mayer (au point de toujours demander à ce ses films sortent sous étiquette « Metro-Goldwyn » seulement, c'est dire l'étendue de la bouderie), a prétexté un film situé en Europe pour y partir, et maintenant il ne veut, tout simplement, plus revenir. Il est basé à Nice, et utilise les Studios de la Victorine, mais pas seulement, comme le prouvent de nombreux extérieurs situés à Paris... Son film, après l'ambitieuse vignette d'après-guerre Mare Nostrum, version opératique des années de conflit mondial vues sous l'angle de l'ivresse de l'amour fou, est un petit mélodrame occulte adapté de Somerset Maugham, qui promet beaucoup, et déçoit quelque peu...

Alice Terry y interprète une sculptrice Américaine installée à Paris qui a un accident, nécessitant une intervention chirurgicale délicate. Celle-ci est confiée à un jeune prodige Américain, le docteur Burdon, joué par Ivan Petrovitch: de l'opération, qui est un succès, naîtra une relation entre les deux jeunes gens. Mais un autre homme a des vues sur la jeune artiste, l'occultiste Oliver Haddo (Paul Wegener), qui très vite va lui montrer l'étendue de son pouvoir...

...De suggestion ? Le film contient une inconsistance majeure : d'un côté il semble qu'Haddo soit réellement doté de pouvoirs, ce qui évidemment ouvre la porte à une interprétation magique au premier degré. Sauf que vers la fin du film, un intertitre nous apprend qu'il est en réalité totalement dingo. Ce qui pose évidemment problème, puisque un (excellente) scène nous montre, en effet, Wegener emmener avec lui Alice Terry dans un monde inquiétant de faune, de diables et de sorcières... Et qu'à deux ou trois reprises, il l'hypnotise comme un rien.

Mais c'est sans doute la loi du genre, le mélodrame fantastique avec tours lugubres, laboratoires médiévaux, grimoires et assistants nains : tous ces ingrédients sont d'ailleurs bien présents, et si vous ajoutez un faune, vous voyez qu'on n'est pas volé... Mais le principal écueil du film, c'est que si on constate qu'il est à l'aise pour réaliser un film de genre, on aimerait qu'il aille un peu plus loin, car c'est quand même le metteur en scène de l'époustouflant Scaramouche et du baroque Mare Nostrum, alors cette petite entreprise occultiste, qui bénéficie de beaux décors et de l'équipe rodée de Rex Ingram, méritait mieux que ça, quand même ! Reste Wegener, le principal atout du film, qui est exactement comme on l'imagine, c'est-à-dire inquiétant, énorme et parfaitement à son aise dans ce fatras inspiré à la fois de Haxan, de Nosferatu (LE chef d'oeuvre ouvertement occultiste dont je parlais plus haut) et de Gustave Doré...

Au moins le film a-t-il un atout qu'on pourra qualifier d'ironique. Derrière cette jeune artiste (qu'on nous conduit à imaginer vierge, ce qui va sans dire et ça tombe bien puisque le dire clairement serait proscrit même en intertitres!) qui sous hypnose et à la vue d'un faune, se met à imaginer des bacchanales crapuleuses (beaucoup, mais alors beaucoup de gens à peine vêtus) il y a tout un fantasme rigolard de la répression sexuelle, si typiquement Anglo-Saxonne, dont l'Irlandais Rex Ingram, fils de pasteur protestant, devait quand même bien avoir la mesure... Au point d'en confier le rôle à son épouse...

Sinon, Ingram se cherche, et pour ce film, il a trouvé... des influences: m'est avis que le fils d'Hollywood a vu, pêle-mêle, les films Le brasier ardent, de Mosjoukine, The penalty, de Wallace Worsley, Häxan, de Benjamin Christensen, et sans doute Dante's Inferno, de Henry Otto. Tous l'ont clairement inspiré*... Et puisqu'on parle de l'influence d'un cinéaste, rappelons en guise de post-scriptum que le tout jeune Michael Powell, qui a commencé travailler en qualité d'homme-à-tout-faire pour Rex Ingram avec le film précédent, est ici acteur, entre autres choses. Vous le reconnaitrez facilement, il interprète un touriste Britannique...

*Puisqu'on parle de Dante's inferno, produit en 1924 pour la Fox, il y aura un remake parlant en 1935, avec Spencer Tracy, un film qui utilisera des extraits et rushes du film de 1924... Il fut réalisé par Harry Lachman, qui en 1925- 1926, était en France. Il était l'un des assistants d'Ingram sur ce film.

 

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Published by François Massarelli - dans 1926 Muet Rex Ingram *
12 août 2025 2 12 /08 /août /2025 13:40

Bill Scott (Harry Carey) arive à Satan Town, une ville qui se revendique comme étant un lieu de perdition... Il est venu autant par fascination que par curiosité, mais très vite il comprend que la réputation n'est pas usurpée. Il prend la défense d'une jeune femme, Sue (Kathleen Collins) qui tente de renverser la situation avec l'aide des honnêtes gens, mais elle est la cible des agissements d'une bande de malfaiteurs dirigés par Malamute (Ben Hendricks).

C'est un western extrêmement générique, qui repose beaucoup sur la personnalité d'Harry Carey, et son côté direct. Il n'y a pas, dans la version qui survit, de passage vraiment notable. Il faut dire que la version intégrale a disparu, et que les copies survivantes proviennent d'une copie d'une seule bobine (contre six dans la version intégrale) qui proposait un condensé de l'intrigue, réduite à sa plus simple expression...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 Western
27 juillet 2025 7 27 /07 /juillet /2025 14:22

La compilation Wonder dogs, consacrée par Kino aux films mettant en scène des chiens dans l'ombre de Rin-tin-tin, l'a parfaitement démontré: les gens raffolaient des films qui mettaient en scène ces animaux de compagnie, le plus souvent en "meilleurs amis de l'homme", et si possible dans des contextes policiers... Ce film en est un exemple. L'accent, d'ailleurs, y est mis sur l'action, à partir d'une intrigue très passe-partout.

Tout y est blanc ou noir, binaire et clairement penchant du côté du mal ou du côté du bien. Alors qu'un valeureux policier (Edward Hearn) secondé de son non moins valeureux chien Peter The Great, agit contre des bandits, l'animal déchire le vêtement d'un homme... Il s'agit du frère de la fiancée du héros, un caissier de banque qui est tombé dans les griffes des malfaiteurs...

Le film est prétexte à des péripéties certes téléphonées, mais parfaitement représentées, par un maître du film d'action à l'époque: c'est lui qui avait réglé la mémorable séquence de la course de chars, dans le Ben-Hur de Fred Niblo, et accéléré le mouvement de manière impressionnante dans The phantom of the opera. Ici, il se livre à l'inévitable poursuite lors de la dernière bobine... Un film qu'on oubliera pourtant très vite...

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Published by François Massarelli - dans 1926 Muet ** Wonder dogs
18 mai 2025 7 18 /05 /mai /2025 21:55

René Le Somptier, engagé à la Gaumont à l'époque de Louis Feuillade, était un étrange cinéaste, accessoirement journaliste et poète, qui officia sur des films Gaumont avant de bifurquer vers une carrière de metteur en scène mercenaire, réalisant pour nalpas, le Film d'Art et la Société des Ciné-romans, des films essentiellement populaires... On pourrait sans problème citer, aussi, La dame de Monsoreau et La Sultane de l'Amour (co-réalisé avec Charles Burguet)comme ses hauts faits d'arme, deux films assez inspides, mais réhaussés par une coloration au pochoir sur l'intégralité de leur métrage...

Georges Biscot de son côté est un acteur de comédie, révélé par Feuillade là encore, qui s'illustra dans un rôle proche de celui de Marcel Levesque avant lui: l'éternel faire-valoir, mais moins le meilleur ami du héros (Mazamette, interprété par Levesque dans Les Vampires) qu'un domestique doté d'un bon sens comique (Tih-Minh)... Sa popularité était énorme, et le voici donc propulsé vedette d'un feuilleton en six épisodes pince-sans rire...

Georges Grigny-Latour, fils d'un éminent académicien, fait le désespoir de ce dernier, depuis qu'il a choisi une carrire sportive: sous le pseudonyme du Petit Parigot, il est deenu extrèmement populaire... Mais dans le cadre d'une rencontre sportive, il est amené à croiser le chemin d'une jeune femme, qu'il va retrouver de manière systématique face à lui... Il découvre qu'elle est la victime des agissements d'un sale type, qui se trouve être le futur beau-frère de Georges... Celui-ci est donc lancé dans une aventure plus que rocambolesque... en six épisodes.

Totalement impossible à prendre au sérieux, ce film joue en permanence sur les faux-semblants, beaucoup plus dans son intrigue que dans sa mise en scène (pas vraiment notable)... Le scénario a permis à l'équipe, très probablement, une bonne dose d'improvisation, et des tournages au gré des envies, un jour à Paris, le lendemain à Cherbourg... Et jamais le film ne semble totalement oublier de souligner l'absurde intégrale de la situation, notamment à travers un art de la digression loufoque. De là à le classer dans la même catégorie que les chefs d'oeuvre de Feuillade, il n'y a qu'un pas... Que je ne franchirai certes pas.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926
16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 14:40

L'étudiant de Prague a déjà fait l'objet d'une adaptation par son scénariste Hanns Heinz Ewers en 1913, avec la collaboration de Stellan Rye. Le rôle principal, celui de l'étudiant épéiste Balduin, était tenu par Paul Wegener, qui était, déjà, trop vieux pour le rôle... C'est aussi le cas de Conrad Veidt mais ça se voit moins!

En automne, un groupe d'étudiants en goguette s'arrêtent à une tavrne pour y boire et prendre du bon temps. Balduin l'étudiant est amené à secourir la fille d'un noble local, la belle Margit, dont le cheval s'est emballé lors d'une partie de chasse. Balduin est hanté par le souvenir de la jeune femme, et délaisse sa petite amie Lyduschka. Prenant conscience de sa classe sociale, il passe un contrat surnaturel avec le prêteur sur gages Scapinelli (Werner Krauss), qui lui confère richesse et gloire. Il peut désormais essayer de séduire la belle Margit...

Nouvelle variation sur le thème du double et du contrat maléfique, le film est sorti la même année que Faust... Sous la direction de Galeen, il se pare d'un souffle impressionnant, et d'une richesse que ne possédait pas celui de 1913, tout en lourdeurs assez poussiéreuses... Un remake ne s'imposait peut-être pas, mais de toute façon, ce nouvel Etudiant de prague est bien un tout autre film, plus accessible en 1926 aux spectateurs du monde entier, clairement. 

Galeen poursuit ainsi un travail de réappropriation des mythes (Germaniques ou non, puisqu'il a collaboré au film Nosferatu, après tout) en s'appropriant différemment des habitudes de l'écran allemand, l'héritage de la tentation d'un cinéma expressionniste, sempiternel sujet de débat autour des oeuvres cinématographiques de Weimar..; Il y utilise bien des aspects du style (les décors marqués d'Hermann Warm, et bien sûr les deux acteurs les plus marquants de Caligari, ce n'est pas rien) mais son film est empreint d'une vraie fraîcheur: et le jeu de Veidt en particulier y est moins chargé qu'à l'accoutumée. Et Krauss est méconnaissable!

Galeen, et Ewers qui a collaboré au scénario, placent le film dans un souffle spectaculaire, en développant l'intrigue sur deux heures, aussi, évitant les lourdeurs de l'oeuvre initiale. La scène la plus emblématique, durant laquelle Scapinelli opère un échange entre Balduin et son double à travers un miroir, est sans doute la plus traditionnelle, sous l'influence inévitable des habitudes du cinéma allemand d'avant... Mais la magnifique scène de l'entrevue nocturne entre Balduin et Margit, qui fait intervenir les quatre principaux personnages, est superbement pensée, avec l'utilisation inquiétante de l'immense ombre de Krauss...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Henrik Galeen Conrad Veidt 1926 *
29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 14:59

Le remake de ce ilm par William Wellman est tellement fidèle, qu'il me semble approprié de répéter les contours de l'intrigue:

L'action commence autour d'un fort en plein désert, qui vient de subir une attaque. Quand les secours arrivent, on constate que tous les soldats au remparts sont les cadavres de la garnison. Il y a juste eu un coup de feu, qui l'a tiré? L'officier en charge examine les lieux, découvre des étrangetés: un cadavre qui tient une mystérieuse lettre dans sa main, s'accusant d'un crime, et aucune trace du mystérieux tireur... Quand il quitte le fort pour retrouver la troupe, un feu se déclare dans le fort.

Quinze années auparavant, nous faisons la connaissance des trois orphelins Geste: Beau, Digby et John, qui ont été adoptés ensemble... Une étrange affaire se déroule en leur présence, un bijou à la valeur inestimable a été dérobé. Chacun d'entre eux peut être soupçonné, Beau (Ronald Colman) décide de partir le premier, pour éviter que ses deux frères soient suspects. Digby (Neil hamilton) part ensuite et enfin John (Ralph Forbes): ils vont tous s'engager dans la légion étrangère française...

C'est de l'aventure telle qu'elle se concevait entre la fin du XIXe siècle, et les quarante premières années du XXe.  Une aventure dominée dans la plupart des fictions par l'image tutélaire de l'Angleterre, des comportements héroïques plus grands que nature, incarnés ici par trois frères dont l'amour les uns pour les autres "est plus fort que la peur de la mort"... Une aventure qui ne pouvait s'accomplir que dans des endroits reculés, forcément exotiques: le contexte de la légion Etrangère permet le recours au Sahara, et à ses mystérieux Touaregs, enveloppés d'un flou artistique savamment entretenu en même temps que d'étoffes protectrices... Le désert et ses batailles ensablées deviennent les éléments décoratifs d'une aventure absolue, enfermée à la fois dans le destin fatal de ses protagonistes, et dans les clichés sagement accumulés pour satisfaire le spectateur venu les chercher dans les salles obscures. Mais comme de juste, cette aventure rocambolesque qui commence par la disparition mystérieuse (et qui ne sera élucidée qu'à la fin) d'un bijou, est en fait construite, d'une certaine façon... sur du vide.

C'est donc un film extrêmement bien fait, par un orfèvre en la matière. Brenon n'était sans doute pas l'un des plus importants metteurs en scènes Américains du temps du muet, ni l'un des plus inventifs. Mais il savait ce qu'il faisait, et son savoir-faire combiné à, semble-t-il, un certain autoritarisme, débouchent à l'écran sur du particulièrement solide!

Et puis, dans cette histoire certes convenue, on aura le plaisir de revoir des acteurs de premier plan et des seconds rôles qui ne sont pas n'importe qui: Ronald Colman, Noah Beery (en officier qui aurait sans aucun état d'âme pu commander le Bounty!), Victor McLaglen, et l'inévitable William Powell en félon... Classique.

 

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Published by François Massarelli - dans William Powell Herbert Brenon Muet 1926 *
21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 15:43

Un criminel mystérieux, qui se déguise en chauve-souris et utilise de façon insistante une imagerie et une symbolique liée à l'animal, dérobe des bijoux prestigieux, et menace une demeure louée par l'autrice Cornelia Van Gorden. Autour de cette dernière, et alors que les indices de la présence du maléfique individu se précisent, des individus divers et variés: la nièce et son petit ami, un étrange domestique Japonais (probablement fourni avec la maison), un détective privé mystérieux, et un policier qui l'est moins... 

Fatalement, la question n'est pas tant "que va donc faire la "Chauve-Souris", que "QUI est la Chauve-souris". La solution sera donnée, au terme d'un film décoratif et parfois pesant. Tout ici, bien entendu est nocturne, et assez théâtral, dans la mesure où West, qui vient justement des planches, adapte ici un énorme succès qui se répète depuis des années sur Broadway. Il est d'ailleurs probable que le succès de la pièce a eu une incidence sur l'émergence d'un genre à part entière: One exciting night, de Griffith, ou encore Haunted spooks de Harold Lloyd en témoignent. ...et West lui-même s'y est essayé en 1925 avec The monster, un film assez moyen, mais à l'esthétique totalement délirante.

C'est d'ailleurs à ce genre de production de maison hantée que les films d'épouvante d'avant Dracula et Frankenstein vont systématiquement se référer, avant de trouver enfin la lumière et de se laisser enfin influencer par le cinéma Allemand. Ici, ce serait plutôt le cinéma Danois qui serait la référence... Un art aimable et volontaire de la lumière, dans des cadres rigoureux et bien définis. C'est sûr, on appréciera la façon dont West utilise les ressources de sa vision nocturne. On constatera aussi que force reste à la comédie... Comme s'il fallait ne surtout pas prendre trop au sérieux ces diableries... 

Des acteurs compétents, enfin, font consciencieusement leur travail: Tullio Carminati est le mystérieux détective, Jewel Carmen la jolie nièce et son copain est interprété par Jack Pickford. Louise Fazenda joue la bonne de Cornelia Van Gorden interprétée par Emily Fitzroy. L'inspecteur Anderson est interprété par Eddie Gribbon, et le mystérieux Japonais ne pouvait être que Sojin Kamayama! Mais bon, d'une part mettez un acteur ou une actrice dans un costume de chauve-souris (je ne vous dirai pas qui) et vous n'obtiedrez rien d'autre que du ridicule... et sinon, l'année suivante, Paul Leni tournera l'exceeptionnellement beau The cat and the canary: LE film du genre. 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1926 **