Les copains de labande habituelle des films Our gang sont très amis avec un cordonnier qui les laisse souvent s'installer dans son atelier, au détriment de son travail parfois, et de sa tranquillité toujours... Un jour qu'il ne veut pas que le chaos qu'ils installent chez lui ne se poursuive, il les emmène en pique-nique... Mais la voiture (on est chez Hal roach, c'est donc une Ford T) tombe en panne; le temps qu'il aille chercher de l'eau pour le radiateur, les gamins tentent des réparations, et dérangent un vagabond...
L'énergie du groupe est bien rodée à ce stade de l'histoire de la troupe... Sous la responsabilité de Tom McNamara (Charley chase, qui vient de commencer sa propre série, n'a sans doute plus de temps à consacrer à la supervision des films de chez Roach, et c'est désormais probablement F. Richard Jones, un transfuge de chez Sennett, qui s'en charge), le style des films ne varie pas, et la qualité non plus.
Chez Roach, on ne glisse pas toujurs dans la folie pure, il y a souvent une méthode, liée aux caractères des personnages... C'est d'autant plus vrai dans ces films où Ernest Morrison, Jackie Condon, Mickey Daniels, Jack Davis et Allen Hoskins (dans le rôle de la petite Farina) rivalisent d'invention et de malice...
Alors qu'ils sont en ville avec son épouse (Gale Henry), pour participer à une série de rencontres d'un groupe de dames très comme il faut, Hank Mann se laisse distraire par un groupe de jeunes Bahing Beauties, qui ne trouvent rien de mieux à faire que de parader en maillot de bain... Son épouse, pour résumer, n'est pas franchement emballée par son comportement...
Mais quel désordre! Le film semble être un mélange de scènes sans véritable but (admettons que le fait que le début ait été perdu n'aide pas la situation), et chacun semble obéir à un différent script... Les deux vedettes en titre, Gale Henry et Hank Mann, ne sont pas en cause, et chacun d'entre eux fait ce pour quoi elle/il a été engagé. Mais le film, distribué par Warner (qui débutait à cette époque, 1924 étant la première année de production du studio), me semble être un mélange d'influences, principalement à la Sennett, qui ne va nulle part.
La famille Powell, de l'Arkansas, est une sorte de cliché des années 20: les parents profondément puritains, et les enfants qui sous des dehors dignes, ne rêvent que d'une seule chose: se rendre à Hollywood, pour "vérifier sur place" si les turpitudes dont la presse (principalement paroissiale) se fait l'écho sont vraies ou inventées... Les deux grands en particulier, Joe (J. Frank Glendon) et Carrie (Gale Henry) sont tellement prêts à tout pour se rendre sur place qu'ils mentent pour s'y rendre. Nous suivons leur pérégrination dans la ville dont ils pensent qu'elle est la capitale de la débauche...
C'était d'époque, en 1922, la presse fait en effet beaucoup de bruit sur la supposée terrifiante immoralité qui préside à l'existence même d'Hollywood... Le film s'amuse de montrer des citoyens de l'Arkansas qui sont tellement caricaturaux que la mère, au moment de se rendre en Californie, conseille à son mari de ne pas oublier son revolver...
De leur côté les jeunes sont tout aussi caricaturaux, mais on déplore que le film soit à l'heure actuelle réduite de deux bobines: sur six, la deuxième (qui voit sans doute Joe, le frère, se comporter en plouc intégral à son arrive à Hollywood, les séquences qui substistent peuvent nous le confirmer), et la cinquième (qui détaille la probable descente aux enfers de Carrie, et nous sommes donc privés de Gale Henry dans un rôle qui promettait quant à sa loufoquerie) sont perdues... Dommage.
Pour le reste le film dont la mission est clairement de dédouaner les gens de Hollywood de toutes les turpitudes dont on les rend responsables, ressemble à une succession, d'une part, de scènes de comédie gentille, et caricaturale, mais moins concernant Hollywood que l'esprit étroit des habitants du Sud et de la Bible belt... Et d'autre part, il nous montre une visite assez convenue de quelques hauts lieux, avec des apparitions-éclair de Wallace Reid et son épouse Dorothy Davenport, de Sessue Hayakawa et Tsuru Aoki, de Bessie Love ou encore J. Warren Kerrigan... Le film semble annoncer Souls for sale, qui lui sera infiniment supérieur... en l'état.
Année 1950, soit loin dans l'avenir... Les femmes et les hommes ont fini par inverser leurs rôles, et deux femmes se présentent à un poste important, celui de chef des pompiers... Tous les coups sont permis, et c'est Lizzie Hap (Gale Henry) qui est élue, par tricherie principalement...
Le reste du film concerne l'ineptie totale de la nouvelle équipe et principalement de sa cheffe, surtout pendant que son ancienne adversaire (Phyllis Allen) passe le plus clair de son temps à draguer son fiancé...
Mais c'est aussi une preuve éclatante de la présence de deux thèmes fréquents dans le burlesque de l'époque: la fiction d'anticipation autour d'une supposée confusion des sexes, liée à la montée irrésistible du vote des femmes (qui sera effectif en 1920), d'une part; ça a déjà donné de nombreux films de court métrage, généralement peu tendre. Celui-ci est aussi bien violent, mais dans la loufoquerie la plus assumée...
Et le deuxième thème a nourri déjà de nombreux films chez Sennett, mais aussi The fireman chez Chaplin (en 1916): les pompiers et leur décorum ne pouvaient être qu'une manne pour le muet Américain...
Oui, sinon, en effet: c'était bien un poste-clé auquel on se faisait élire!
Dans une pension de famille, l'employée à tout faire (Gale Henry) voit arriver un résident qui lui plait bien... Jusqu'à ce que ses agissements ne le rendent louche à ses yeux: nous savons, nous, que c'est un acteur qui répète une pièce de théâtre dans laquelle son personnage commet des crimes, et il répète avec un mannequin...
C'est un quiproquo facile, et ce n'est pas à proprement parler le meilleur des films que j'ai vus avec Gale Henry. Ca reste malgré tout une ccasion de voir sa bizarrerie décalée aux commandes d'un film burlesque situé dans un univers familier, et qui nous semble si exotique, les pensions de famille de Californie au début du XXe siècle, si chers à Laurel et Hardy...
L'actrice Gale Henry est co-créditée à la mise en scène de ce film sur Imdb.com, ce qui ne m'étonne qu'à moitié: d'une part, l'équipe y est sensiblement la même que sur une poignée de courts métrages entièrement centrés autour d'elle et de sa personnalité, qui ont tous les mêmes caractéristiques... Et le même style que virtuellement tous les films qui nous sont parvenus de ses années10, certains d'entre eux étant en prime basés sur des scripts dont elle était l'autrice...
Ici, le film annonce la couleur en utilisant ce terme, une version féminine du mot Detective, et en faisant d'elle l'héroïne et la raison d'être du film, basé sur une enquête de la détective décidément très particulière, qui doit récupérer à Chinatown des documents dont elle semble ignorer qu'ils sont en fait dans sa poche...
Une partie importante du film repose sur des variations autour d'un espace fou furieux, ave porte tournante et trappes un peu partout... Qui de toute façon s'avère être un rêve généré par la consommation fortuite d'opium. On notera aussi la présence envahissante du grand n'importe quoi des stéréotypes sino-Américains, présentés avec tellement peu de sérieux qu'ils en deviennent hilarants... Mais pas à reproduire, bien entendu.
Gale Henry et sa bande habituelle (le réalisateur Bruno Becker, les acteurs Milburn Morante, Hap Ward ou Eddie Baker) sont à l'oeuvre dans ces quelques minutes qui sont toutce qui reste d'un film de probablement deux bobines, qui est sans doute une production Model comme les autres films de l'époque. Ces trois minutes ont survécu sous la forme d'une bobine 9.5 mm de type Pathé Baby, retitré Susie Elopes...
"To elope", c'est bien sûr le principe de se marier en douce, lors d'une fugue, qu'on retrouve dans tant de scénarios sentimentaux... Mais c'est ici passé par la moulinette du burlesque échevelé, avec Gale Henry en future épousée, forcément, ça déménage drôlement! Les étapes habituelles de l'exercice (fuite nocturne, utilisation d'une échelle, etc) sont subverties une à une, jusqu'à la cérémonie elle-même qui s'effectue sur une plateforme tournant à cent à l'heure...
Lizzie (Gale Henry) tente d'échapper à la police, quand elle trouve refuge dans un pensionnat de jeunes filles où on l'a embauchée "parce qu'elle a une bonne tête"... Elle est aussi sérieusement incompétente. Elle va pourtant être sélectionnée par une des jeunes femmes qui souhaite un témoin pour se marier en douce avec l'un des étudiants mâles de la fraternité d'à côté...
C'est un court métrage de deux bobines, mais la première a sérieusement souffert des vicissitudes du temps... Et la deuxième se voit privée de sa fin. Le film doit son titre au fait que la grande Gale Henry doit se déguiser en homme à la fin du film, pour sortir discrètement de l'institution de jeunes filles (ce qui pose question, mais passons)...
D'ailleurs ce film plus que loufoque, qui lançait une série de films dont la comédienne assumait le rôle principal, semble cocher toutes les cases du burlesque: poursuites, confusion de genres, déguisement, voyeurisme, jolies filles en maillot de bain...
Adapté de son propre roman, le film de Rupert Hughes est l'un de ces films qui tendent à Hollywood un intéressant miroir, comme pouvaient l'être la comédie Ella Cinders (1926) de Alfred Green avec Colleen Moore, ou le film de Tourneur A girl's folly (1917). Mais le film de Hughes affiche des ambitions assez différentes de ces comédies, l'idée étant de chanter les louanges des acteurs, metteurs en scène, techniciens de Hollywood, à l'heure ou les scandales éclatent les uns après les autres: les procès du comédien Roscoe Arbuckle, la mort étrange du réalisateur William Desmond Taylor sont dans toutes les mémoires, et l'heure est en effet à la prudence. Mais cette ambition, aussi louable soit-elle, est le point faible du film, donnant lieu à des intertitres sentencieux et ronflants. Somme toute, les deux autres avantages de cette histoire sont principalement une mise en scène énergique, qui culmine dans les scènes dramatiques, et le fait que Hughes a été admis sur certains plateaux, avec la complicité des metteurs en scène, acteurs et producteurs. Cette inscription du film dans les coulisses du spectacle reste sont principal point fort...
Remember Steddon (Eleanor Boardman), fille d'un pasteur en croisade contre le diable Hollywoodien, épouse un homme, interprété par Lew Cody. Elle décide de lui faire faux bond, mue par un pressentiment: bien lui en prend, le monsieur étant en fait un tueur d'épouses qui collectionne les assurance-vies... Mais en quittant le train qui les emportait, elle se trouve au milieu du désert, et est secourue par l'équipe de tournage d'un film. Elle va intégrer le monde de Hollywood, devenir actrice, gravir les échelons, mais le tout avec la crainte du scandale qui menace; comment lui échapper quand on est mariée à un meurtrier notoire?
Donc, Eleanor Boardman visite Hollywood, fait la figurante pour Chaplin, et assiste au tournage d'une scène de Greed... C'est sûr, les atouts comme ceux-ci ne courent pas les films muets. mais le reste du film est surtout basée sur une intéressante, mais un peu timide symbolique, autour du vrai et du faux, qui se joue de certains stéréotypes. ainsi, Barbara LaMarr, qui était LA vamp de Rex Ingram dans The prisoner of Zenda(1922) et le film perdu Trifling women (1922), est-elle ici une actrice spécialisée dans les rôles de vamp, mais une excellente camarade, et une femme triste qui vit dans le souvenir d'un mari perdu: les témoins qui ont connu miss LaMarr, au destin tragique, ne disaient pas autre chose d'elle... De son coté, Scudder, le tueur qui avait épousé Remember afin de la détrousser, tombe amoureux d'elle lorsqu'il découvre qu'elle est actrice: l'attrait de l'écran déforme tout, et semble-t-on nous dire, souligne la beauté...
Certaines scènes qui nous font visiter Hollywood et ses coulisses sentent les collections de stars, l'accumulation de noms, mais les scènes qui nous impliquent un peu plus dans l'action du film (La tentative d'arrestation de Scudder, l'incendie DeMillien du plateau au final, durant lequel richard Dix, en metteur en scène, ordonne à ses techniciens de continuer à tourner quoi qu'il arrive pendant que la tempête se déchaîne, relayée par une machine à faire du vent, bref: du spectaculaire!!) restent le meilleur. De plus, Eleanor Boardman, qui porte le film sur ses épaules, nous donne suffisamment envie de la suivre sans trop poser de questions, passant d'un registre à l'autre (une scène la montre se vautrer dans son premier essai, lorsqu'elle s'avère incapable de jouer la comédie, c'est drôle comme tout...). On peut aussi faire comme Hughes dans son film, et citer le nom des acteurs de ce film Goldwyn: Eleanor Boardman, Richard Dix, Mae Busch, Dale Fuller, Barbara LaMarr, Snitz Edwards, William Haines, Aileen Pringle, pour s'en tenir aux plus connus. Outre les apparitions dans leur propre rôle de Zasu Pitts, Chester Conklin, Erich Von Stroheim et Jean Hersholt, tous occupés sur le tournage de Greed, apparitions également de Fred Niblo, de Chaplin, et de Marshall Neilan (excusez du peu), on appréciera au détour d'une scène de voir parmi les figurants à la recherche d'un petit rôle Lon Poff et le petit Sammy Brooks, qui étaient tous les deux des sbires de Richelieu dans The three must-get-there de Max Linder en 1922. Poff, de son coté, est également au générique de Greed: c'est lui qui apporte à Trina ses gains à la loterie, affublé d'un sparadrap. Dale Fuller est également au générique de Souls for sale, après avoir incarné la domestique au destin tragique, Maria Miranda Macapa, dans le film de Stroheim... Décidément, on ne peut pas ne pas revenir à Greed.
En attendant, ce film peu banal mérite amplement le détour, que ce soit pour ses qualités (nombreuses) ou ses petites manies... Un film qui a le mérite de nous offrir un regard gentiment ironique sur le miroir aux alouettes, tout en se livrant à une mise en abyme intéressante, quand lors d'une scène située dans un commissariat, l'actrice incarnée par Eleanor Boardman panique en pleine interprétation en apercevant sur le mur un avis de recherche pour son mari...
Dans ce film Universal d'une bobine, réalisé pour la petite compagnie Joker, William Beaudune a écrit une introgue parodique autour de l'histoire antique des deux amis Damon et Pythias... Mais elle repose surtout sur le climat politique de la fin des années 10, autour en particulier de la situation de l'alcool, deux années avant le vote de l'amendement de prohibition.
C'est donc un film en costumes, difficile à prendre au sérieux, au delà même du fait que c'est une comédie loufoque, et dans laquelle l'esprit parodique et l'anachronisme fonctionnent en plein, traversé ça et là de la grande silhouette de Gale Henry, qui n'est hélas pas la principale attraction...