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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 18:16

Stanley T. Banks, un avocat installé (Spencer Tracy), semble bien abattu après le mariage de sa fille Kay (Elizabeth Taylor). Se massant les pieds endoloris au milieu des verres cassés, des bouteilles de champagne vides, des confettis et des grains de riz, il nous raconte son expérience de 'père de la mariée', depuis les premiers indices d'un changement de comportement de la future épousée, qui ne parlait que de son Buckley, jusqu'à la cérémonie, en passant par la rencontre avec le futur marié, celle avec les beaux-parents, la mise en route du mariage, avec son budget pharaonique, les doutes occasionnels de la fille, les contraintes matérielles, etc etc etc... Jusqu'à, bien sur, la cérémonie elle-même.

Petite comédie? Oui, bien sur, et on pourra sans problème admettre que ce charmant petit film, tourné bien sur de façon impeccable -et à une certaine distance, en dépit de la présence affichée d'un narrateur-, n'est après tout qu'un film mineur de l'auteur de The bad and the beautiful. Mais il participe d'un courant de son cinéma, qui passe aussi bien par l'adaptation littéraire (Madame Bovary) que par la comédie ou le drame: Minnelli nous parle de bien plus que de l'expérience d'un père qui marie sa fille, passée au travers de la narration drôlatique d'un bonhomme tendre et bourru. Il en profite pour disséquer avec talent les codes de ces formalités, et de ces cérémonies, passés en revue avec justement cette distance presque burlesque qui les rend si loufoques. Il nous montre un homme qui s'attaque avec bon sens à une montagne d'ennuis qui seront de toutes façons amplifiés par tous les acteurs de la chose, et il le fait parfois en plan-séquence comme pour accentuer cette impression de roue libre, de rouleau-compresseur absurde qui s'apprête à écraser Banks. Depuis sa famille (L'impeccable Joan Bennett joue la mère, qui la larme à l'oeil exige pour sa fille le mariage princier qu'elle n'a pas obtenu elle-même!) jusqu'à ses collègues (Qui lors des fiançailles officielles l'obligent à rester en cuisine en lui réclamant cocktail après cocktail, le privant de sa seule satisfaction: le fait d'voir écrit un discours!), le monde se ligue pour mettre des bâtons dans les roues du brave homme, qui a donc décidé de nous mettre en garde... 

On s'en doute, tout finit par un mariage, et ça se passe très bien, mais en attendant Minnelli a mine de rien disséqué les codes sociaux, démontré l'absurde de tout ce cirque, et ajouté une pierre à son propre édifice: le portrait multicolore d'un homo americanus en proie à une modernité qui parfois le dépasse, et lui fait goûter aux joies du ras-le-bol et de la crise... Le film est gentil, mignon, ça oui... mais il y a quand même un arrière-goût de vitriol, non?

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Published by François Massarelli - dans Vincente Minnelli Comédie