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19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 17:01

Musidora est tellement associée à son rôle d'Irma Vep dans Les Vampires de Feuillade, ou à l'inquiétante Diana Monti de Judex, qu'on a tendance à ignorer la foule de choses que cet impressionnant petit bout de bonne femme a fait durant les années 10 et 20. Et bien sur, là ou on n'attend pas vraiment une femme parce que les hommes sont stupides, elle a réalisé des films. Et pas qu'un peu... Mais pas beaucoup sont arrivés jusqu'à nous. Dans les années 10, l'essentiel de ses réalisations s'est fait dans l'ombre de Feuillade, sous la tutelle de Gaumont. Mais dans les années 20, la jeune femme décidément indépendante a laissé sa propre curiosité prendre le dessus, et s'est intéressée à l'Espagne... C'est là qu'elle a tourné ce film également connu sous le nom de L'Espanola, un mélodrame d'un peu moins d'une heure dans lequel elle interprète deux rôles, amoureuses d'un seul et même homme.

Juana est une modeste serveuse dans une auberge d'Andalousie, et elle aime une gloire locale, un torero. Mais un jour, celui-ci s'intéresse à une jeune femme de passage, une étrangère. La jalousie que manifeste Juana passe par de nombreux appels au secours, et la jeune femme se met en danger, allant jusqu'à provoquer un taureau. Mais en baissant sa garde, le torero aussi se met en danger... Et un jour, dans l'arène, c'est le taureau qui gagne... Le règlement de comptes qui s'ensuit sera sanglant...

Le romantisme noir qui imprègne le film est semble-t-il un reflet de l'atmosphère qui régnait sur le plateau, Musidora était en effet tombée amoureuse de son consultant es-taureau, ce qui lui a inspiré de mettre beaucoup d'accent sur cette activité dont je ne me lasse pas de dire qu'elle ne me satisfait que quand l'humain est massacré. Mais revenons à nos moutons... Le film est surprenant non seulement par sa brièveté qui le rend plus noir encore, mais aussi par le brio avec lequel Musidora interprète une femme et son contraire, le soleil blond et factice d'une étrangère de passage, et la douleur sombre d'une femme aux cheveux noirs comme la mort, fière comme pas deux. Et la réalisatrice sait le pouvoir vénéneux de son visage, et sa caméra ne s'éloigne guère des expressions de ces protagonistes, obtenant une tension dramatique impressionnante.

Bref, voilà une redécouverte qui s'impose.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1922 Musidora