Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 17:09

C'était inévitable, dans la Fance giscardienne, que la comédie, et le cinéma français dans son ensemble, s'emparent du porno. Mais pas comme les italiens: nos cousins transalpins, lors de l'avènement du porno, l'ont carrément intégré dans leur cinéma de grande consommation, alors que la libéralisation apportée par l'évolution des moeurs a surtout débouché, en France, sur une sorte de mode sans lendemain, pour un genre qui restait complètement dans sa cage, désormais marqué d'un X, et condamné à disparaître des salles à plus ou moins brève échéance. Lautner, toujours témoin de son temps, et Francis Veber, scénariste qui montait à l'époque, ont eu l'idée d'une comédie qui se situerait dans le milieu du porno, en choisissant des protagonistes qui lui sont étrangers: aussi bien Pierre Richard, Miou-miou et Henri Guybet, que Renée St-Cyr et Sabine Azéma, tous vont être mêlés au genre pornographique, et tous sont des novices. Ce qui nous permet d'entrer dans le film sans aucun problème.

Photographe professionnel, François Perrin (Pierre Richard) souhaite réaliser un film, basé sur un script qu'il a écrit en compagnie de son ami Henri Mercier (Henri Guybet). Mais si ce dernier, un idéaliste qui travaille par ailleurs dans les établissements Ferroni (On y fabrique des pâtes), rêve d'un film qui garde sa pureté, et qui soit un grand drame à message sans concessions, Perrin lui sait bien que des concessions, il va falloir en faire un certain nombre. Sans en avertir son copain, il signe un contrat avec le seul producteur disposé à mettre le film en chantier, Bob Morlock (Jean-Pierre Marielle). Sa spécialité? Le porno.

Les complications se multiplient: non seulement il faut cacher à Henri le plus longtemps possible que son film rêvé n'est pas du tout ce qu'il attend (le titre, pour commencer, n'est plus Les miroirs de l'âme, mais plus poétiquement La vaginale), non seulement il va falloir faire accepter à Christine (Miou-miou), la petite amie de François, actrice au Splendid, que son compagnon travaille dans la fesse, mais en plus Madame Ferroni (Renée St-Cyr), enthousiasmée par le projet de Henri Mercier, lui prête sa villa Tropézienne, et sa fille Claude (Sabine Azéma) pour jouer un rôle, celui d'une jeune femme dont évidemment elle ne sait pas qu'elle est dans la nouvelle version, disons, quelque peu malmenée...

Lautner met cette fois son art au service d'une comédie de moeurs, totalement dénuée de la moindre intrigue policière, et débouchant souvent sur du burlesque physique, très bien mené. Je ne sais pas quelle est la part de Pierre Richard dans cet aspect, mais par exemple, la première scène qui sert de fond au générique, nous montre le photographe à l'oeuvre dans son studio. Il doit doit prendre un cliché d'un parterre de fromages, pour une publicité, et est particulièrement concentré... Mais deux mouches se mettent à tourner autour du fromage. la scène prend son temps, et on se doute que l'acteur, à la fin, ne sera pas propre...  Le réalisateur n'oublie pas non plus son plaisir à démantibuler les voitures, comme en témoigne une scène très drôle qui fait intervenir Francis Lax. 

Mais une grande part de la comédie de ce film est bien sûr basée sur l'arrivée de tous ces candides dans l'univers de Bob Morlock (Jean-Pierre Marielle est parfait évidemment en producteur de films de fesse, on s'en doute) ou sur le plateau d'un film porno... Le décalage entre ces braves gens et le milieu qu'ils intègrent est admirablement saisi dans une scène qui se joue sur deux plateaux à la fois: à Toulon, Mercier, invité chez les Ferroni, parle avec passion de Les miroirs de l'âme, pendant qu'à Paris le scénariste Ploumenech (Gérard Jugnot), chargé de réécrire le scénario des deux amis, explique à Morlock et Perrin les changements entre le premier jet et la nouvelle version de La vaginale! On s'amuse beaucoup dans les allers et retours (j'ai hésité à écrire "va et vient"...) ou dans la "conversation" qui va se dérouler d'un lieu à l'autre! Et les scènes finales, lors des répétitions des scènes-clés, permettent de grands moment, la plus fameuse scène étant bien sûr celle de la confrontation entre la très très timide Claude, et l'acteur Slimane (Jean Luisi), dans le plus simple appareil.

Lautner et Veber ont adopté un ton juste, qui raille avec intelligence les excès du porno, mais toutes les scènes ne s'imposent pas. Le personnage de Marie-France, la secrétaire obsédée de Morlock, et son déshabillage me semblent de trop... Mais la dernière scène, qui combine le goût pour le baroque du metteur en scène et la nécessité pour les personnages de retrouver la pureté, est une belle idée: les amants se retrouvent dans une voiture immergée au fond d'une piscine, et tout ce petit monde corrompu de s'extasier devant ces deux amoureux qui restent habillés et se contentent de s'embrasser.

Le film est une comédie bien plus saine qu'on  aurait pu le craindre, et se revoit toujours avec plaisir. Pour moi, ceci est le sommet des films réalisés par Lautner dans les années 70.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Comédie Georges Lautner Al Dente