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29 décembre 2019 7 29 /12 /décembre /2019 11:07

Naomi Murdoch a tout quitté, une dizaine d'années avant que commence cette histoire, pour devenir une actrice. Et "tout", c'est non seulement son petit trou perdu du Wisconsin, mais aussi et surtout une famille composée d'un mari (Richard Carlson), principal du lycée local et donc très en vue de la bonne société, et leurs trois enfants, Joyce (Marcia Henderson), la plus raisonnable et comme-il-faut des deux filles, Lily (Lori Nelson) la plus délurée, désireuse de devenir elle aussi une actrice, et qui brûle de partir à New York, et enfin le petit dernier Ted (Billy Gray), un garçon passionné par la nature et la pêche, dont le mentor (Lyle Bettger) est un homme qui a beaucoup tourné autour de Naomi par le passé... Lily écrit à Naomi qu'elle va bientôt se produire sur la scène du lycée et qu'elle aimerait le faire en sa présence. Naomi décide de retourner vers sa famille pour l'occasion...

Le film est situé dans la première décennie du 20e siècle, et on y retrouve cette façon désarmante qu'avait Sirk pour se situer dans un quotidien tangible et joué avec une grande subtilité. Barbara Stanwyck, ce ne sera pas une surprise, joue formidablement son rôle de femme déçue et déchue par la vie, qu'une partie de sa famille a idéalisée, alors que l'autre retient surtout qu'elle les a abandonnés... Bien sûr alors que nous qui avons u les premières séquences situées dans le quotidien minable des coulisses de vaudevilles miteux, savons à quoi nous en tenir, pour sa famille Naomi est une actrice à New York!

Les raisons de son départ ne seront pas toutes explicitées; de toute évidence, l'ennui qui est reflété dans l'exubérance de Lily qui ne jure que par le théâtre, était la première motivation, mais il y a autour du rôle de Dutch, le commerçant qui initie Ted à la pêche, une sérieuse possibilité d'un formidable squelette dans le placard. Il y a eu une histoire entre eux, et si le film dans son montage s'évertue à nous faire penser que Naomi aurait plus été la victime des affections de Dutch qu'autre chose, on peut quand même noter le lien fort qui existe entre Dutch et Ted, qui est de plus le dernier enfant de Naomi avant son départ. Le film ne peut être bâti que sur des non-dits, mais là où il est évident que Henry, l'époux de Naomi est potentiellement l'amant de sa collaboratrice Sara (Maureen O'Sullivan), l'hypothèse d'une aventure entre Naomi et Dutch reste plus ou moins un fantasme de ce dernier...

 travers cette histoire mélodramatique rigoureuse, Sirk s'attache bien sûr à montrer le cheminement d'une femme et d'une famille qui sont envahis de regrets et de rancoeurs, mais aussi les mécanismes dangereux de l'effet d'une réputation, non seulement sur une personne, mais aussi et surtout sur une famille et sur la "bonne société"... Et le cinéaste prend aussi pour cible une certaine idée particulièrement rétrograde de ce que peut être une toute petite ville Américaine vers 1910... Si ce  film n'est pas aussi flamboyant que les mélodrames ultérieurs du cinéaste, il possède de somptueux moments de grâce, développe déjà de manière virtuose les rapports entre parents et enfants, le rapport à la société, et le poids du train-train pour en faire un drame, tout l'univers du cinéaste. All I desire propose aussi, bien sûr une performance impeccable de l'une des plus grandes actrices de toute l'histoire du cinéma Américain...

 

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Published by François Massarelli - dans Douglas Sirk