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31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 19:20

Lors d'une spectaculaire inondation, aux alentours de Norwich, un couvent doublé d'un hôpital va être le théâtre de passions inattendues: alors que les gens du coin s'y sont réfugiés, alors que les religieuses comme les médecins et infirmières sont en pleine crise, un convoi inattendu arrive: en route vers la prison où elle sera exécutée, une condamnée notoire (Ann Blyth) arrive pour faire une halte forcée par les circonstances météorologiques. Pleine de rancoeur, elle va subir la haine des petites gens réunis, mis elle touche Soeur Mary (Claudette Colbert), qui fait la liaison entre le couvent et l'hôpital. Parfois critiquée pour son positivisme, détestée des aigris, Soeur Mary est touchée par la jeune femme dont elle sent qu'elle n'a pas pu commettre le crime dont elle est accusée... Et elle a raison.

C'est un film aux multiples couches, de ses comme de genre et d'intrigue. D'un mélodrame profond et sujet aux inévitables coïncidences troublantes (certains personnels de l'hôpital ont par exemple été mêlés à l'histoire judiciaire du meurtre), c'est aussi une certaine forme de whodunit, dans lequel Sirk et les scénaristes ne tardent pas à nous donner suffisamment de gages pour que nous puissions recoller les morceaux avant que l'histoire ne nous soit expliquée dans les dix dernières minutes. Comme on s'en doute, le grand absent du film, c'est la victime, qui est finalement juste un souvenir, ou un prétexte assez pratique pour le film...

Et les passions sont partout, dans ce film qui nous conte par ailleurs les tensions entre les médiocres (dont une infirmière à la Milos Forman, qui ne supporte pas Soeur Mary "parce qu'elle a toujours raison"...) et l'héroïne; un médecin a aussi un souci avec son épouse erratique qui dans un premier temps panique à cause de l'inondation, puis à cause de la présence de la condamnée... Car clairement elle la connaît. De son côté, Mary a elle aussi un passé, et une faute sur sa conscience: le suicide de sa soeur, qu'elle n'a pu empêcher. 

Et dans un noir et blanc d'une beauté assez gothique, sur des nappes d'eau qui s'infiltrent partout et sont elles-même accompagnées d'une brume surnaturelle, Mary va tester sa foi en même temps que son humanité... Le travail de William Daniels, le grand chef-opérateur du muet, est crucial dans ce beau film certes excessif, mais qui est d'une grande richesse, et surtout comme tout grand mélodrame, il abandonne dès le départ la timidité et la tiédeur... Et c'est passionnant, bien sûr. Le film ne souffre même pas de l'imposition par la Universal, au milieu des solides acteurs Britanniques, de deux Américaines qui selon la tradition largement instaurée à Hollywood, ne font pas le moindre effort de dissimuler leur accent.

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Douglas Sirk