Donc, on ne sait pas, et on ne saura probablement jamais, qui a réalisé ce tout petit film Gaumont, qui est tout sauf typique de la production comique de l'époque. Parce que si l'argument manque de sophistication (un ouvrier en repos passe de troquet en bistrot, drague à tout va, se bat et boit, avant de se faire corriger de façon sévère pas son épouse qui n'a rien d'une tendre amante), la réalisation elle est une grande première: il a été décidé de traiter l'intégralité du film en ne cadrant que les jambes du protagoniste (jusqu'au dernier plan, qui nous révèle des visages grimaçants qui justifient pleinement le fait de les avoir cachés!), à une époque où les films étaient surtout réalisés en plans généraux...
Ce principe sera repris en Italie par Marcel Fabre dans un Amor Pedestre, un court métrage de 1914, puis par Gaston Ravel et Jacques Feyder avec Des pieds et des mains (1915). On peut aussi se rappeler du Roman de Max, de Max Linder, qui faisait vivre non seulement une histoire d'amour à Max et sa partenaire Lucy D'Orbel, mais aussi à leurs chaussures respectives! Comme quoi une bonne idée, au cinéma, est rarement sans descendance...