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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 10:20

Browning fonctionnait à la formule... De la même façon qu'il va développer une série de films souvent très semblables dans les années 20, autour de la personnalité de Lon Chaney, et souvent identifiables à un gimmick (Par exemple The road to Mandalay est "le film dans lequel Chaney est borgne", ou The Unknown "celui dans lequel Chaney n'a pas de bras", pour situer), les films de gangsters qu'il a développés autour de l'actrice Priscilla Dean dont il était le réalisateur attitré, obéissent tous à un certain ombre de règles... Y compris celui-ci, leur dernière collaboration: une femme de mauvaise vie, des choix humains, des collaborateurs malfaisants et un amour rédempteur, le tout dans une ambiance criminelle et nocturne prononcée.

Cassie Cook (Dean) est une trafiquante d'opium qui travaille dans un bouge à Shanghai, en compagnie de l'escroc Jules Repin (Wallace Beery). Une menace sur leur petit trafic se précise en la personne de Jarvis (Matt Moore), un contremaître Américain d'une mine locale, qui est en vérité un agent des services secrets dont la mission est de démanteler le trafic local, partagé entre Repin et Cassie, et le maléfique Dr Li (William Mong). La fille de ce dernier, Rose (Anna May Wong), est amoureuse de Jarvis, mais elle ne sera bientôt pas la seule, puisque Cassie va elle aussi succomber au charme du  bonhomme, ce qui va sérieusement mettre en danger les plans des trafiquants d'opium...

Comme d'habitude: c'est un fatras mélodramatique, dans lequel Dean incarne une fois de plus une femme qui a fait des mauvais choix, mais dont une partie des codes moraux qu'elles a conservés lui permettra de passer de nouveau du bon côté. Comme dans Outside the law, ce sont des facteurs humains qui vont jouer dans sa rédemption, puisque outre l'amour de Jarvis, elle va bénéficier de l'aide inattendue de sa rivale Rose Li, mais aussi elle va s'ouvrir à l'humanité en aidant un gamin d'origine Américaine lors d'une émeute. Elle est aussi montrée exprimant de la compassion pour une de ses compatriotes victimes de ses trafics... Le casting principal (Dean, Beery, Moore) est intégralement repris du film précédent, White Tiger.

Mais peu importe, car dans ce film bien fait (la Chine de Browning est parfois plus crédible que le Chinatown de Outside the law, ou le Limehouse de The blackbird), ce qui compte c'est d'une part que ça vire au chaos et que le metteur en scène qui sommeille depuis quelques années en Browning entre deux bouteilles, se réveille sur les trois dernières bobines, et il fait preuve d'une énergie, d'un sens du montage et du découpage, qui font plaisir à voir, dans des scènes d'incendie et de panique...

Enfin, il bénéficie dans ces sept bobines de suffisamment d'espace filmique pour y développer des personnages intéressants, dont un vieil homme, Murphy, qui parvient à être tour à tour comique et touchant (J. Farrell McDonald), et surtout Rose Li... On sait aujourd'hui que le temps d'écran dévolu à Anna May Wong par Browning dans son film n'était sans doute pas lié au hasard ou à la simple réalisation du talent de l'actrice (qui est réel, de toute façon), mais probablement plus à des turpitudes que Browning ne devait sans doute pas partager avec son épouse. Mais comme on dit, cela ne nous regarde pas: ce qui compte, c'est que Rose Li ajoute une dimension inédite et excitante au film, en prenant sur elle une importante partie de la charge émotionnelle du grand final spectaculaire, où elle se sacrifie tout en réglant tous les problèmes d'un ou deux coups de feu vengeurs... Alors que clairement, dans le film Browning ne s'était pas beaucoup intéressé à Priscilla Dean! Il faut dire que cela faisait 6 ans qu'il  était son metteur en scène quasi exclusif.

Une dernière note: en dépit de sa relative réussite, Drifting est le dernier film de la première période Universal de Browning, qui va connaître les vaches maigres avant de repartir sur The unholy three à la MGM grâce à deux hommes: Lon Chaney et Irving Thalberg. Dean, elle, était lessivée... une dernière chose qui intéressera les collectionneurs de cinéma "physique": le film est disponible chez Kino aux Etats-Unis dans une édition Blu-ray qui contient aussi White tiger, ainsi que la seule bobine survivante de The Exquisite Thief (1919), et c'est un disque toutes zones...

 

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Published by François Massarelli - dans 1923 Muet Tod Browning **