Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

26 avril 2023 3 26 /04 /avril /2023 17:16

Dans la famille Freeling, on vit dans une petite maison, qui fait partie d'un projet de lotissement ne demandant qu'à s'agrandir, porté justement par le patron de M. Freeling... Le père travaille donc dans l'immobilier de masse pendant que la mère est au foyer pour s'occuper de ses trois enfants: une adolescente, un jeune garçon, et la petite dernière, Carol-Anne. L'atmosphère est assez libre, et il y a toujours une télévision allumée... Ce qui attire la première crise de somnambulisme de la petite. Puis des événements étranges se produisent, et Carol Anne disparaît... dans la télévision. 

C'est l'un des films les plus emlématiques de Tobe Hooper, le réalisateur du célère Texas Chainsaw Massacre (Massacre à la tronçonneuse), et auteur de nombreux films à vocation horrifique, ce qui n'empêche pas le film de multiplier les moments de comédie. Par bien des côtés, l'aspect parodique du film est à prendre en compte, d'autant qu'il y a suffisamment d'indices pour y trouver une ironie cinglante vis-à-vis non seulement du conformisme à l'Américaine, de la télévision et de son omniprésence, mais aussi du genre lui-même. Une réputation de méta-film que certains décèlent également dans son film de slasher le plus célèbre!

Mais le film est pour toujours le théâtre d'un conflit d'auteurs peu banals, même si les choses se sont réglées après une série de soucis par voie de presse: c'est que le film a été produit par Steven Spielberg, mais l'auteur de Close encounters of the third kind ne s'est pas arrêté là... Il a aussi participé au script, qui est d'ailleurs basé sur une histoire de son cru. La presse s'est emprêssée de spéculer sur le fait, et le fait que le film soit beaucoup plus grand public que d'autres a poussé certains critiques à mettre en doute le rôle de Hooper dans la réalisation. Hooper s'en est plaint dans la presse, et Spielberg lui a écrit une lettre ouverte, rappelant le rôle de chacun: un producteur-auteur d'une part, un auteur-réalisateur d'autre part. Et Spielberg, s'il a constamment joué avec les épices du genre, n'a jamais réalisé de fiml d'horreur, se contentant de prendre le meilleur du genre pour l'injecter dans des thrillers plus classiques. On aurait plutôt l'impression, ici, d'un Tobe Hooper s'amusant à imiter le style et l'univers de Spielberg pour délayer les moments horrifiques dans son film. Mais une fois qu'on est dans l'horreur, les effets s'enchaînent et Hooper se plait à en rajouter... 

N'empêche, l'univers de Spielberg est bien là, à travers cette famille qui vit heureuse sans s'apercevoir de son impressionnante dysfonctionnalité, et les scènes s'enchaînent, qui nous permettent d'envisager un naufrage futur. Qu'il y ait un drame de maison possédée (cette manie qu'ont les promoteurs de construire sur d'anciens cimetières... Un gag, dans le dialogue, nous rappelle d'ailleurs The Shining), c'est sans doute plus un avat-goût qu'autre chose! Une autre piste est à avancer, toutefois: le film se situe en plein Reaganisme triomphant, incarné bien entendu par le promoteur véreux, et l'optimisme professionnel irresponsable du héros. Le début du film est notable, puisqu'on y entend l'indicatif d'arrêt des émissions (personne n'éteint jamais les postes de télévision dans le film!), qui est justement l'hymne national, le Star-Spangled Banner. Et pendant que son épouse roule des joints, M. Freeling lit une biographie du bien-aimé président! Le film en devient une peinture au vitriol des classes moyennes à l'accession de Reagan à la Maison Blanche.

Hooper ou Spielberg, le film reste une sympathique et légère incursion dans l'horreur, sous pavillon familial; un film extrêmement bien fait, qui participe à sa façon d'un recentrage du cinéma de genre au début des années 80, à l'écart aussi bien du conformisme d'un cinéma familial, et de l'enfer des vidéoclubs, où tant de films d'horreur finiront bientôt. A sa façon, c'est un classique, et c'est aussi l'une des premières productions de Spielberg pour lesquelles il n'aura pas été le réalisateur: comme chacun sait, il y en aura d'autres! Enfin, ce film d'horreur, avec de vrais bouts du diable dedans, a été distribué par la très comme il faut Metro-Goldwyn-Mayer. Il est probable que parmi les cadavres fumant qui s'agitent dans la dernière bobine, il y a ce bon Louis B. Mayer...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg Boo!!