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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 14:56
1982, Hollywood... Paul Paul Bartel) et Mary (Mary Woronov) sont de très prudes Américains, désireux d'acheter un restaurant, qui sera un temple du bon goût.. Pas comme tous ces échangistes qui se retrouvent dans l'appartement d'à coté. Mais le jour ou l'un d'entre eux assaille la belle Mary, le sang de Paul ne fait qu'un tour, et il le tue. Une idée saugrenue leur traverse l'esprit: et s'ils les appataient avec le stupre afin d'assainir la ville? Sauf qu'ils ne connaissent pas Raoul, le bellâtre Chicano qui va leur apporter un paquet d'ennuis...
La publication par la prestigieuse collection Criterion de ce film pouvait ressembler à un gag, c'est pourtant une comédie très soignée, un portrait (au mauvais goût parfaitement assumé) de l'envers d'Hollywood, et un film réjouissant: le seul d'ailleurs dans lequel on puisse entendre l'immortelle phrase "Go to sleep, I'll bag the nazi!".
A travers les deux très convenables et très coincés anti-héros, Paul le sommelier (qui se fait réprimander à son travail parce qu'il se refuse à vendre aux clients la piquette qu'ils réclament) et Mary l'infirmière qui se refuse à céder aux avances des plus obsédés des patients de urgences, Paul Bartel se plaît à montrer un monde sérieusement corrompu d'une part, mais va aussi jusqu'à démontrer que la logique des "réformateurs" auto-proclamés (car à n'en pas douter, Paul et Mary sont du genre à vouloir sauver l'humanité malgré elle!) débouche aussi sur la corruption et la malfaisance... Sans parler du portrait hilarant de deux personnes qui sont tellement habitués à réprimer leurs émotions et leurs pulsions qu'ils en deviennent de vrais psychopathes...
Tout n'est donc pas que dans le titre, dans cette comédie débridée et totalement mal polie. On est complètement à l'écart de tout formatage, dans une sorte de no-man's land socio-culturel où une équipe de film fauché peut sans vergogne se lancer dans une oeuvre underground qui va réussir à ironiser sur la mode de l'échangisme, l'obsession sexuelle, la manie des Américains de se mêler en permanence de ce que font leurs voisins, les excès de la vertu, et bien sûr, mais je l'ai manifestement gardé pour la bonne bouche, le cannibalisme... Et le pire c'est que Bartel a réussi à tourner son film en privilégiant pour lui et sa compagne un jeu parfaitement posé, détaché et d'une grande subtilité.
C'est donc un vrai OFNI, mais avec le choix entre moutarde et ketchup...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Criterion Yum yum