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2 décembre 2023 6 02 /12 /décembre /2023 17:16

Royaume de Casinario, un tout petit état dont la seule source de richesse est le casino. Suite à de mauvaises idées de gestion (augmenter tous les habitants dont le métier est d'accueillir les étrangers en souriant, et baisser leurs impôts) en pleine crise mondiale, ils sont ruinés... Il faut donc faire appel à toutes les bonnes volontés pour redresser la situation, et en particulier à l'unique ressortissant du pays qui soit parti vivre à l'étranger: Banco, président d'une banque, et première fortune mondiale (Max Dearly). La Reine (Marthe Mellot), pour le faire revenir, fait peser dans la balance un mariage prestigieux avec la princesse Isabelle (Renée Saint-Cyr), au mépris total de la volonté de cette dernière. Banco arrive, le pays est sauvé, mais... d'une part les citoyens et leurs représentants sont surchauffés par la faillite, et d'autre part, lors d'un accident, le banquier devient fou. Mais alors complètement...

Un pays se retrouve dans les mains d'un fou parce qu'il était dans la détresse et que la première solution venue paraissait la seule... Ca nous rappelle bien des scénarios politiques. Ce n'est certainement pas un hasard: l'Italie est tombée dans les mains de Mussolini en 1922, et depuis 1933 c'est au tour de l'Allemagne. Ce qui explique pourquoi ce film est le premier parlant de Clair qui n'ait pas été produit par la compagnie Tobis-Klangfilm, au passage... Donc oui, la cible de René Clair avec cette deuxième satire politique (la première était bien sûr A nous la liberté, son film ouvertement anar-loufoque...) est bien le fascisme, mais aussi (ce qui est intelligent de sa part) la propension des humains à se jeter dans la gueule du premier venu, au risque d'y perdre toutes ses plumes. Ici, ça reste bien sûr relativement bon enfant, le milliardaire étant devenu un fou plutôt du genre à exiger de ses ministres qu'ils entrent dans la salle du conseil en aboyant et en portant des culottes courtes, et à troquer l'hymne national (comme tous les hymnes nationaux, un truc martial et de mauvais goût) contre une version idiote de J'ai du bon tabac... La leçon porte donc plus sur le principe que sur son application en Allemagne ou en Italie.

Ca aurait pu être fantastique: pour moi le film est un peu un cousin de Allo Berlin, ici Paris, le film de Duvivier qui occasionnellement vire au joyeux n'importe quoi, ou de certains films de Lubitsch (je pense à Die Bergkatze, mais aussi à certains musicals comme The Merry Widow. Tout le monde s'est gentiment prêté au jeu, et la création d'un pays entier nous fera ici ou là penser à Chaplin, voire aux Marx Brothers. Mais au-dela de la gentille loufoquerie des révélations successives sur la princesse Isabelle, dont on apprend qu'elle est déjà fiancée, puis qu'elle s'est mariée, et enfin qu'elle a déjà enfanté deux fois, le film reste surtour drôle sur le papier. Un problème de rythme, une certaine difficulté à se focaliser, et sans doute un manque total de personnage qu'on ait envie de suivre. Le principal protagoniste en titre reste Max Dearly, et je n'ai pas l'impression qu'il appartienne au même film que les autres.

Je comprends le fiasco qu'a été l'exploitation publique de ce film. Le fait est qu'il a du coup tellement vexé René Clair, qu'il est parti pour l'Angleterre...

 

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Published by François Massarelli - dans René Clair