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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 16:05

C'est sûr, il ne s'arrête jamais; comme Roald Dahl lui-même ne s'arrêtait jamais, faisant en permanence un passage entre les siècles par une oeuvre féconde et sans limites dans son imagination, et permettant aussi un passage entre le monde de la fiction pour les enfants et celle, plus codifiée et nettement moins permissive, des adultes... Et c'est là un autre paradoxe entre le Gallois et l'Américain: leurs oeuvres transcendent les limites d'âge, et avec eux on en prend pour une vie entière. Raison de plus pour accueillir un nouveau film de Spielberg comme une nouvelle compagnie indispensable. De prime abord, ce qui peut éventuellement gêner, c'est d'ordre esthétique: ce film qui invente un monde repose donc sur les effets numériques et l'animation 3D... Et ces derniers temps, l'animation 3D, elle ne s'arrange pas! Pourtant on échappe largement au désastre ici, avec une esthétique qui réussit à la fois à rendre hommage à Quentin Blake, sans chercher à l'adapter au réalisme graphique en vigueur. C'est une réussite...

The BFG raconte la rencontre improbable entre Sophie, une jeune orpheline qui vit dans une institution où elle est seule à mourir d'ennui, dans l'Angleterre des années 80, Et un géant qui vit au pays des géants, pas mieux loti qu'elle du reste: Sophie n'a pas d'amis dans son orphelinat, ou elle passe ses journées à ne pas se faire voir, et nous n'assisterons à aucune interaction avec qui que ce soit, à part sans doute un chat roux, qui comme tous les chats roux est bien gentil, mais possède quand même son monde à lui d'abord et avant tout; et le géant, lui, est seul, car il est trop petit et rejeté par les autres, et en prime, il ne mange pas d'êtres humains. Pire: étant seul, il en recherche la compagnie, mais... c'est dangereux pour les petits humains, de fréquenter un géant certes gentil, mais qui cohabite avec des cannibales...

Ou des "Cannes-à-balle", pour reprendre le vocabulaire très particulier des géants, qui n'ont qu'une compréhension intuitive et un peu déformée du langage des êtres humains. Sophie, cela va sans dire, va être une rencontre importante dans la vie de celui qu'elle ne tardera pas à appeler BFG, ou "big friendly giant"(BGG, bon gros géant, dans la langue française)... Importante pour elle qui va découvrir la complicité, et pour lui qui va enfin (re) découvrir la tendresse. Le "couple" étrange formé par Mark Rylance (modifié par ordinateur) et la petite Ruby Barnhill fonctionne très bien... Comme souvent chez Dahl, mais aussi chez Spielberg, on obtient une leçon de vie...

...avec des bulles.

Même calibré pour rester visible dans le cercle familial, c'est un enchantement, tout bonnement. Spielberg fait ici une synthèse de son oeuvre, revisite les situations de nombreux de ses films (E.T. bien sur...), et réussit aussi à reprendre une partie du dispositif de Hook, soit la confrontation entre le monde réel et l'imaginaire, mais sans tomber dans les mêmes travers. Il s'inspire, pour la partie animation, des meilleures oeuvres des ateliers Disney, époque Fantasia, et la prouesse est que réalité et animation (Parfois très abstraites, comme la représentation des rêves) s'intègrent parfaitement... Sa mise en scène, une fois de plus centre sur le regard et le pouvoir de dépassement des images, mais aussi sur un suspense maîtrisé comme d'habitude, nous livre une fois de plus du cinéma classique, et qui remplit haut la main sa mission: d'une part, adapter sans trahir un classique de Roald Dahl, de l'autre, fournir un film qui réunit la famille. On sait qu'après ça, le metteur en scène est certainement parti dans une toute autre direction, explorer un tout autre genre. 

A noter, une critique très divisée sur ce film: il semble que beaucoup des commentateurs du film l'ont détesté. Le consensus étant que Spielberg se force lui-même et sort de son pré-carré, en s'imitant lui-même... Je ne suis pas de cet avis. Spielberg a la capacité de toucher à tout et de se renouveler en permanence, et ce film qui ne ressemble à aucun autre dans son oeuvre, aussi mineur soit-il (c'était l'idée dès le départ), le prouve.

 

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Published by François Massarelli - dans Steven Spielberg