Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 08:58

Retournant à la fois à l'inspiration "épique" de Jeanne d'Arc, et à celle, plus féérique, d'une narration comme Cendrillon, Méliès tourne cette fois-ci un conte cruel, qui s'accompagne comme il se doit d'une narration obligatoire, à moins d'être particulièrement au fait des péripéties du conte original... On peut s'interroger sur le fait que Méliès n'ait jamais intégré les intertitres dans son art, lui qui était pourtant à la pointe sur d'autres aspects techniques... Ca s'explique certainement de nombreuses façons, la plus évidente étant qu'il souhaitait rester dans un cadre forain, habitué à vendre ses films à des bonimenteurs qui eux-mêmes avaient pour coutume de présenter leurs bandes en les couvrant d'un monologue personnel, qui établissait un contact avec le public. Une autre explication était peut-être que Méliès, entièrement dédié à son art, était concentré sur SES films, pas ceux des autres!

En attendant une autre éventuelle explication, ce film est donc la lamentable histoire de la septième femme de Barbe-Bleue, qui eut l'idée fatale d'aller voir dans le mystérieux cabinet dont l'accès lui était interdit, y découvrant le spectacle d'horreur des anciennes épouses, égorgées dans une pièce couverte de sang...

C'est du moins ce qu'annonce le boniment, le film étant actuellement disponible en noir et blanc uniquement. C'est un film adroit, basé sur une succession d'une dizaine de tableaux. Méliès commence à comprendre la notion de suspense, et soigne ses transitions (généralement, un fondu) entre les différents tableaux par des moyens narratifs, par exemple quand le diable tente l'épouse et qu'elle se rend dans le cabinet, nous la voyons sortir du champ, et le diable se met à virevolter dans tous les sens, nous laissant dans l'expectative avant de nous montrer la séquence de la découverte...

Une autre innovation dans ce film, qui a du coûter cher en raison de l'abondance de figurants, est la présence d'une publicité, un placement de produit sans vergogne, qui est la vision d'un jéroboam de champagne, dont la marque est parfaitement lisible à l'écran: le champagne Mercier a donc contribué à financer les films de Méliès. Mais ce n'est pas le clou du film, car si on peut toujours demander à Anne, la soeur Anne, si elle ne voit rien venir, m'est avis que ce qu'elle a vu, c'est de l'horreur en habits de 1901.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Méliès Muet