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1 mai 2023 1 01 /05 /mai /2023 08:40

A un an de la présidentielle de 2021, Nicolas, ancien président (Nicolas Dujardin) est inquiet: le président actuel, Emmanuel, ne fait pas le poids dans les sondages face à la menace de «Marine», la candidate d'extrême droite. Faisant le constat qu'aucun candidat miracle ne se profile à l'horizon, il a l'idée d'aller en parler à François (François Gadebois), autre président en retraite. L'idée est de se présenter en 'ticket' pour être un recours et une barrière contre l'extrême droite. Mais surtout, surtout, on sent bien que l'idée principale c'est de retrouver l'agitation de la politique, qui manque tant à l'un, et peut-être bien aussi à l'autre même s'il s'en défend.

C'est donc une comédie, et assez loufoque s'il en est.. Le propos n'est pas, mais alors pas du tout, de tirer à boulets rouges sur la politique, plus de s'amuser des caractères de deux hommes inspirés de deux figures célèvres et incontournables des années 2000 à 2020. Les portraits ne sont jamais à 100% ceux des modèles, ce qui nous est indiqué dès le départ par un texte introductif: «Nicolas» mesure 1m82, et «François» est colérique. Si je ne suis pas sûr, justement, de la véracité de la bonhomie supposée de François Hollande (le vrai), en revanche on ne surnommait pas Sarkozy «Naboléon» pour rien. Et si les deux hommes politiques nous sont montrés en couple, les deux compagnes (une cantatrice pour Nicolas et une vétérinaire Corrézienne pour François) sont elles aussi totalement inventées.

Le moteur du film est la confontation de deux caractères, deux hommes qui se ont affrontés politiquement, parfaitement au courant l'un et l'autre des forces, faiblesses, qualités et défauts de l'adversaire. Deux hommes qui peuvent se targuer d'être en quelque sorte complémentaires, par le fait que l'un (Hollande) a été jugé durant cinq années à la mesure de l'autre (Sarkozy), mais l'autre, donc, a été battu à plate couture par l'un. Et les deux hommes qui ont tout pour se détester, finissent par acquérir une certaine complicité, au-delà d'une certaine tendance à s'envoyer de petites phrases assassines.

On s'interroge parfois sur la finalité, et le film n'est pas toujours clair au delà de la loufoquerie de son propos... Sauf quand il pose l'hypothèse d'une candidature féminine pour contrer celle des deux revenants, qui sont, on le voit bien, totalement carbonisés. Et si l'idée était justement, en creux, de montrer la mort d'une certaine idée de la politique paternaliste?

Mais je crois surtout que le film se pose un peu comme un numéro d'acteurs principalement, deux acteurs qui ont pris du plaisir à incarner leurs modèles, et qui ont été secondés avec une certaine rigueur par une galerie de portraits qui sont tous dans le droit fil de la comédie : une employée d'hôtel évaporée, deux gardes du corps (dont celui de Sarkozy, qui s'intéresse à tout et offre constamment une sorte de vision décalée du monde à son patron), ou encore quelques politiciens dépassés.

Mais faut-il le dire? Si Gadebois s'en sort très bien, jouant notamment de sa raideur et de son physique, le film est dominé, vampirisé par Dujardin, dont le Sarkozy est tellement bien rendu qu'on a du mal à ne pas le regarder (même s'il n'était pas le premier à incarner l'ancien petit président de la droite, puisque Denis Podalydès l'a fait avant lui dans La Conquête). Du coup il nous distrait parfois de l'intrigue, par son imitation troublante, dans le geste, l'attitude, la nervosité, l'incapacité à laisser reposer les choses, et une furieuse tendance à vouloir être dans l'action, jamais dans l'intellect. Et puis les montres, l'obsession du physique, les Ray-Ban... C'est troublant, vous dis-je. C'est grâce à lui sans doute qu'on se souviendra d'un film de politique-fiction qui est passé, il faut bien le dire, assez inaperçu.

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Published by François Massarelli - dans Comédie