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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 16:57

On s'apprête à organiser, à Tottington Hall, une compétition du plus beau légume géant, à  laquelle participent beaucoup dans la population, dont le pasteur local ou encore Lady Tottington elle-même... Ainsi que Gromit. Avec son homme, Wallace, celui-ci a créé Anti-Pesto, une force d'intervention de choc dont la population apprécie la façon de protéger leurs carottes, courgettes et potirons contre la vermine rongeuse de tout poil, principalement des lapins...

Alors que Wallace et Gromit interviennent chez Lady Tottington (devant laquelle Wallace n'est pas de marbre) pour la débarrasser d'une trentaine de lapins, un conflit se fait jour entre la dame et son fiancé, Lord Victor Quatermaine: alors que la propriétaire des lieux souhaite se débarrasser des lapins en douceur, et sans les tuer, Quatermaine, chasseur (donc on l'aura compris, c'est lui le méchant) ne voit pas d'autre solution que de se débarrasser d'eux en satisfiant ses bas instincts de massacreur... Mais Wallace, toujours en quête de solutions technologiques, trouve une solution simple, et décide de la raffiner plus avant en cherchant à priver les lapins de tout goût pour les légumes... Une invention génialement idiote qui aura des conséquences... Et quelques temps plus tard, un lapin géant (identifié par le pasteur comme étant un lapin-garou) décime désormais les cultures de tout le quartier... Wallace, Gromit et bien sûr l'affreux Quatermaine se mettent en tête d'agir...

Dès le départ, le film adopte la structure et la dynamique d'un film d'horreur, sans céder le moindre pouce de terrain sur le fait que Wallace et Gromit restent destinés à un public familial... Ca peut paraître difficile en soi mais c'est le défi du film, un défi parfaitement relevé. J'ai coutume de penser que Wallace et Gromit dans leurs films ne font que pointer du doigt une réalité de la Grande-Bretagne, mais surtout de l'Angleterre: l'obsession est un trait tellement Britannique... Depuis l'obsession de Wallace pour le fromage ou les inventions, jusqu'à celle de nos protagonistes pour les légumes, de Quatermaine pour le fait de zigouiller les bêtes à plumes ou à poils, en passant par les pâtisseries dans A matter of loaf and death... C'est donc illustré dans ce film à travers le fait que toute vie semble soumise à la préparation d'une compétition de légumes, un fait qui devient plus important que tout, et qui obsède la population. Cela donne évidemment un enjeu au film, ce que le spectateur peut comprendre, et a un côté tellement farfelu qu'il est impossible de le prendre soi-même au sérieux. C'est de la même façon que dans The lady vanishes, Hitchcock rendait les deux personnages de Charters et Caldicott parfaitement loufoques à cause de leur obsession pour le cricket... 

Le "lapin-garou", donc, est une bestiole drôle, énorme, visuellement très réussie... et obsédée par les légumes, plus que n'importe quel personnage du reste, et ça il fallait le faire... Ca a aussi permis à l'équipe de se surpasser dans la gestuelle, notamment lors de transformations hilarantes, dont il faut rappeler qu'elles ont du être animées images par images... Oui, il faut le rappeler tant on a tendance à l'oublier! Le film nous le rappelle d'ailleurs constamment, car contrairement à la décision prise pour Chicken Run, à l'exigence des commanditaires de Dreamworks (même si ça reste une impeccable réussite), ici Nick Park n'a pas cherché à gommer l'imperfection visible du travail de la plasticine, un détail qui fait partie intégrante des aventures de Wallace et Gromit... Comme pour enfoncer le clou, Nick park se livre à une parodie de King Kong (1933), qui ne fut pas le premier film en "stop-motion", mais qui reste quand même un étendard du genre...

Le film fait donc semblant de fournir du frisson et le fait bien, car comme d'habitude la mise en scène de Nick Park est absolument excellente, parfait équilibre entre le récit et ses à-côtés, entre une certaine science du gag et une caractérisation complète des personnages... Nick Park a prouvé depuis The wrong trousers en 1993 qu'il maîtrisait les codes, le rythme particulier du film noir et du film à suspense, et n'a jamais peur de réaliser des séquences d'action (dont l'animation prend sans doute environ une année pour quelques minutes): ici, il n'est pas en reste... Ajoutons à ça le travail des voix, de Peters Sallis (Wallace) d'abord, mais aussi de Ralph Fiennes (Quatermaine) et Helena Bonham-Carter excellente en Lady Tottington. Ces voix renforcent le côté essentiellement Anglais, sorte de dernier rempart d'une Albion pas si perfide, mais ô combien éternelle. Peter Sallis, d'ailleurs, se voit donner une occasion de se livrer à une auto-parodie amusante en effectuant également, mais avec une voix accélérée, le doublage du lapin "Hutch" que je vous laisse découvrir. 

Bref, l'Angleterre éternelle, vue du côté des potagers et des fromageries, au volant d'une Austin A 35, puisque la Ford Anglia était déjà prise par la saga Harry Potter... L'Angleterre des pasteurs louches (et qui comme de juste, comme le premier Van Helsing venu, ont dans leur bibliothèque un ouvrage qui détaille les créatures maléfiques auxquelles ils pourraient être confrontés), des dents proéminentes, des concours ruraux idiots, du thé et des cardigans, bref: de Wallace et Gromit.

 

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Published by François Massarelli - dans Nick Park Animation Aardman