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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 16:37

On a du mal à l'imaginer aujourd'hui, mais c'est avec son quatrième film, en 1994, que Peter Jackson est sorti de l'enfer du cinéma de série Z aux titres qui en disent long (Brain Dead, Bad taste, etc...) pour entrer dans le monde d'un cinéma d'auteur certes, mais qui n'oubliait pas le cas échéant de s'ouvrir aussi à d'autres mondes, d'autres techniques aussi. Révélant du même coup Kate Winslet et Melanie Linskey, Heavenly Creatures raconte l'histoire vraie de deux amies, Pauline et Juliet, qui se sont connues dans un collège de Nouvelle Zélande en 1953, ont développé très tôt une amitié solide et exclusive (Avec de timides mais pas forcément significatives incursions vers l'homosexualité, comme on fait une expérience), et ont fini par déraper dans un crime odieux, brutal, et... prémédité. Adoptant avec aplomb le point de vue des deux jeunes femmes, le film donne à voir l'incroyable richesse de leur imaginaire, utilisant diverses techniques, depuis les sculptures en volume jusqu'à une technique embryonnaire d'images de synthèse (Qu'on se doit de considérer comme l'ancêtre des effets de Lord of the rings, bien sur) pour donner vie à leurs délires. Contrairement à leurs familles respectives, et tous les adultes environnants, nous n'en sommes donc pas exclus.

 

Ce film brillant est à n'en pas douter une grande date dans la carrière de Jackson, et nous éclaire sur ce qui fait le sel de tous ses films: situés dans un monde à part (Que ce soit comme ici l'imaginaire de deux adolescentes qui s'ennuient à mourir, la vie en marge d'un cinéaste qui ne sera jamais reconnu de son vivant dans Forgotten silver, l'univers baroque de Tolkien dans Lord of the rings ou The hobbit, le monde des fantômes vu dans The frighteners, l'île de King Kong ou bien l'au-delà d'où une jeune fille décédée tente d'envoyer des messages pour aider ses parents à résoudre le mystère de sa disparition dans The lovely bones), ils explorent toutes les voies narratives avec enthousiasme, coeur, une certaine dose d'exagération, et une invention visuelle qui n'a peur de rien, pas même d'en faire trop. L'univers d'un cinéaste unique, insulaire, drôle et indispensable, qui joue ici l'espace d'une demi-seconde un clochard... Peter Jackson, comme Juliet et Pauline, s'est ingénié toute sa vie à inventer des images et des mondes, mais la bonne nouvelle, c'est qu'il nous les fait partager.

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Published by François Massarelli - dans Peter Jackson