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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 17:35

Liliom ou comment Frank Borzage prend le cinéma parlant à bras le corps et retrouve une partie de sa verve des années 27/28, avec Charles Farrell mais sans Janet Gaynor. Bien que Liliom, de Ferenc Molnar, soit une pièce de théâtre très à la mode (Voir l'acoutrement de John Gilbert dans The show de Tod Browning en 1926), Borzage comme Lang quatre ans plus tard en fait une oeuvre très personnelle, magnifiant des décors totalement faux, et livrant une fois de plus sa propre lecture de l'amour fou, tout en sacrifiant à sa thématique religieuse et à ses obsessions visuelles (Partout ou il va, quoi qu'il fasse, c'est toujours vers le haut que Liliom regarde avec envie ou avec crainte).

 

Liliom (Charles Farrell) est un aboyeur de foire, qui a pour habitude de porter une attention toute particulière aux jolies filles; il est l'objet de l'idôlatrie de Julie (Rose Hobart), une jeune femme qui va tout sacrifier pour être avec lui; pourtant Liliom, licencié le soir de sa rencontre avec la jeune femme, ne va rien faire pour se faire aimer: fainéant, raleur, il n'hésite pas à porter la main sur la jeune femme. Mais le jour ou celle-ci lui annonce qu'elle est enceinte, Liliom décide de faire un geste, et accepte de participer à un cambriolage, dans le but d'avior de l'argent pour emmener Julie et son enfant aux Etats-Unis. Le vol tourne mal, et Liliom se poignarde pour échapper à la police... Avant de mourir, il recueille l'aveu d'amour de Julie... et se retrouve dans un étrange train, en attente de son châtiment suprême. alors commence un bien curieux voyage...

 

Julie n'avoue son amour à Liliom que lorsque celui-ci est à l'article de la mort, mais ses sentiments ne font aucun doute. Elle n'a d'yeux que pour lui, et son dévouement est absolu. De son côté, Liliom se poignarde en disant le nom de la jeune femme, et son sacrifice certes bien maladroit tend à prouver ses sentiments. cette tendance à l'absolu souligné est la marque de Borzage, qui profite de l'étrange climat Mitteleuropa de la pièce pour reprendre le fil de ses obsessions interrompues avec le réalisme du parlant. Si le rythme manque encore un peu d'allant, comme beaucoup de films de 1930, la stylisation des décors nous rappelle qu'on est face à un film Fox, mais le cinéaste ne fait aucun effort pour en cacher la fausseté: trompe-l'oeil, fausse perspectives, miniatures, tout est souligné. Cela rend l'arrivée du train-Paradis plus acceptable, et ça renvoie aussi à la pièce de théâtre initiale, beaucoup plus que ne le fera le film de Lang. Si Rose Hobart, un peu lente, déçoit dans le rôle monolithique de la jeune femme qui aime sans aucune conditions, Farrell est plutôt bon en éternel mauvais garçon, et on se fait assez vite à sa voix un peu acide. Le film nous permet aussi de revoir Lee Tracy, en tentateur fatal, H.B. Warner en "St-Pierre", en redingote, et assis dans un compartiment de train, et l'ineffable Bert Roach, l'un de ces seconds rôles dont le Hollywood de l'époque avait le secret. Il interprète le fiancé de Marie, l'amie de Julie; il s'appelle Wolf.

 

Liliom meurt, mais son amour pour Julie, et l'amour de Julie pour lui, lui survivront. C'est la leçon de ce film, dont la fin baroque reste à ce jour l'une des plus bizarres intrusions d'un film Américain dans le fantastique. Je ne sais pas dans quelle mesure le film est fidèle à Molnar, sans doute moins que le film de Lang, qui a la réputation d'avoir été un peu vite fait. Mais si l'un des deux est inoubliable, c'est bien celui-ci...

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Published by François Massarelli - dans Frank Borzage