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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 13:12

Après avoir donné sa vision du calvaire d'un homme, son ami, en proie à une fantastique machination judiciare et morale qui allait le détruire avec Cops, Keaton est, en apparence du moins, revenu à des choses plus traditionnelles, avec ce nouveau film. Jouant toujours le chaud et le froid, et passant d'un extrême à l'autre, Keaton donne avec ce court métrage l'illusion d'une unité (lieu, histoire, enjeux) et de banalité rare dans son oeuvre. Pourtant, il y a bien plus à voir dans ce petit film qu'il n'y parait, même si il faut admettre que ce n'est pas l'un de ses meilleurs films, loin s'en faut.

 

Dans un quartier 'ethnique', un juge Polonais s'apprête à célébrer un mariage, lorsque deux personnes entrent en collision: Buster lui même, et une jeune (?) femme volumineuse et un brin disgracieuse, jouée par Kate Price: il se défendait contre un facteur qui lui en voulait, suite à un petit quiproquo; en tout cas, au moment de la collision, ils étaient juste à hauteur du tribunal, et Buster avait sur lui une lettre qui ne lui était pas adressée. Entrée, avec Buster qu'lle avait pris par le col, dans le tribunal, afin de dénoncer les agissements du voyou, Price s'est donc retrouvée mariée par erreur, et par un juge qui ne maitrisait pas l'Anglais, à Buster Keaton. Et comme sa famille, entièrement composée de gaillards de la carrure de Joe Roberts, et dans laquelle on est assez tolérants (il y a un malfrat et un policier), est accueillante, on rajouta donc un couvert.

 

Après, le film découle entièrement de cette scène. Buster ne cherche pas à fuir tout de suite, il semble étrangement accepeter son lot, et ne se pose pas de questions lorsque la famille déménage vers une suite luxueuse: les frères de la jeune femme ont en effet découvert sur les vêtements de Buster la lettre (qui ne lui appartient donc pas) dans laquelle on annonce un héritage fabuleux... Lorsque le pot-aux-roses sera découvert, bien sur, Keaton passera un sale quart d'heure.

 

L'histoire se suit aimablement, mais il faut reconnaitre que Buster Keaton a pris un malin laisir, peut-être un brin masochiste, à représenter son personnage aux prises avec des grosses brutes qui ont tous une carrure imposante, et qui l'examinent sous toutes les coutures comme un jouet... de plus, le jeu sans concessions de la pas vraiment tendre Kate Price ne le ménage pas non plus; y aurait-il un rapport avec le mariage pas simple de Keaton avec la jolie Natalie Talmadge, dont les deux soeurs Norma et Constance, le frère Richard et le beau-frère Joe Schenck (Propre producteur de Keaton, au passage) sont tous des sommités du cinéma? Cette scène, qui voit Keaton privé de viande alors que tous les néanderthaliens qui l'entourent se sont copieusement servis, est-elle une métaphore de la propre situation de Keaton dans sa propre famille? et l'appat du gain, qui pousse la famille de Kate à choyer momentanment Buster, est-il une vision de ce qu'on souhaitait faire de Keaton dans cette famille? On sait que Keaton n'a jamais souhaité être plus que confortable, et s'accomodera de toutes les galères, sa vie durant. peut-être Natalie n'était-elle pas aussi détéerminée. Oh, bien sur, ce ne sont là que spéculations...

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet