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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 09:21

Ce n'est pas à la Universal, mais à la MGM, sans le scénariste Borden Chase, mais avec  Sam Rolfe et Harold Bloom, que Mann réalise ce film en 1953. Mais d'une part James Stewart, indispensable complément du cinéaste - et de Borden Chase à la Universal (Winchester 73, Bend of the river, The far Country) est là, et bien là, et d'autre part le cinéaste bénéficie ici d'un script qui va lui permettre de raffiner son récit à l'extrême, et de placer cinq êtres humains dans une nature hostile, montagneuse, et symbolique. Situé dans le cycle des westerns de Mann avec Stewart entre Bend of the river et The far country, ce film est un joyau...

Howard Kemp (James Stewart), d'Abilene, Kansas, poursuit dans les Montagnes Rocheuses le hors-la-loi Ben Vandergroat (Robert Ryan). Celui-ci est mis à prix pour $5,000... Il rencontre deux hommes qui vont l'aider, mais aussi lui faire concurrence, aucun des trois ne semblant prêt à laisser passer l'intégralité de la prime. Kemp, le vieux chercheur d'or Jesse (Millard Mitchell), et Roy, le soldat en fuite (Ralph Meeker), mettent tout en commun dans un premier temps et capturent assez vite ben et sa petite amie Lina (Janet leigh). mais une fois le bandit capturé, celui-ci va utiliser toutes les ressources de la psycholgie, et va manipuler les trois hommes afin de les pousser les uns contre les autres, n'hésitant pas à se servir de la fragile Lina, et de l'évidente attirance qui se dessine entre elle et Kemp.

C'est donc à flanc de montagne que se déroule le film. On sait, quand on a vu les films de Mann, à quel point il aimait ce type de décor, qui lui permettait de mettre en avant l'ambition des hommes, leurs désirs impossibles à atteindre, de créer des contrepoints ironiques aus basses passions humaines, et de visualiser un cadre aussi hostile que possible. C'est d'autant plus le cas ici que contrairement à Winchester 73, Bend of the river et The far country tourné l'année suivante, The naked spur n'offre aucune halte en ville, ou même sous un toit, à ses protagonistes. La seule vraie digression vient de la présence menaçante des indiens Blackfeet, qui en ont après Roy qui a fricoté avec une Squaw...

La première partie du film en installe de façon magistrale la tension, mais aussi la façon d'utiliser le cadre à double tranchant: décor, et commentaire de ce qui s'y déroule. Jesse, Roy et Kemp ont repéré la présence de Ben sur un promontoire rocheux. il savent qu'il n'est pas seul, mais n'ont aucune idée de ce qui les attend là-haut. Ils se lancent malgré tout à l'assaut, de l'homme comme de la montagne. La lutte est difficile, mais Kemp va finir par parvenir au sommet, aidé de ses camarades, et il va donc, au sommet de la coline rocheuse, faire la connaissance de Lina, le personnage inattendu, qui servira à Ben d'appât, pour reprendre le titre Français... Cette utilisation symbolique de la montagne représentant la difficulté de la tâche à accomplir se retrouve dans la confrontation finale.

Le film est un classique, bien sur, mais il tranche sur bien des films des années 50 avec Stewart, y compris ceux de Mann: Howard Kemp est plus que jamais un homme qui a été jusqu'au bout du mal, et qui en est revenu sali. Ses motivations sont un peu l'appât du gain, beaucoup la vengeance, puisque Ben est un témoin de la pire période de la vie de Kemp, et représente pour le héros une tentation d'exorcisme, d'une trahison de la femme qu'il aimait, dont Ben n'était pas responsable... Mais qu'importe: Ben, c'est le Diable, avec son éternel rire sardonique... et la rédemption, et l'acceptation en même temps que l'apaisement, viendra de Lina... Tous les acteurs sont impeccables, bien sur, dans un film dont les 90 minutes sont un modèle de tension parfaitement rendue.

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Published by François massarelli - dans Western Anthony Mann