Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 08:33

Splendide troisième film, après 20 ans d'absence, d'un des cinéastes les plus exigeants des Etats-Unis, The thin red line est une méditation philosophique d'une rare qualité, qui donne à voir plutôt que d'asséner une dialectique. Le prétexte est l'adaptation d'un roman qui raconte la bataille de Guadalcanal, vue de l'intérieur, par des dizaines de narrateurs. Le film est donc choral, mais le metteur en scène, qui est aussi le scénariste, a simplifié afin de ne garder que quelques narrateurs, et de ne pas trop embrouiller le spectateur. Mais si l'intrigue est désespérément simple (L'infanterie débarque à Guadalcanal, livre bataille, et gagne), la narration est fascinante: Malick situe en effet son film dans une île paradisiaque, écho du paradis terrestre qu'a trouvé l'un des personnages, le soldat Witt (Jim Caviezel) . Du coup, tout plan montrant les soldats en marche devient une preuve de la destruction. Toute la nature est d'ailleurs représentée en mouvement, comme en rébellion contre l'invasion. Japonais ou Américains, Malick ne choisit pas, ce n'est pas son propos; sa cible, c'est l'homme. Son nouveau film rejoint la narration contemplative de Days of heaven, dans lequel les plans concernant l'intrigue devenaient presque une digression par opposition aux visions des animaux et de la nature... On retrouve des thèmes de Malick qui donnent lieu à une exposition visuelle: la vie des communautés, quelles qu'elles soient: soldats Américains organisés, campement Japonais qui trahit des conditions de vies atroces, et au milieu, les autochtones qui ne participent pas au conflit; d'autre part, comme dans Days of heaven et comme surtout dans The New World sept ans plus tard, l'avancée des soldats dans la nature de l'île devient un viol...

Le metteur en scène innove de façon considérable en contant une bataille par le menu, mètre après mètre, décision après décision qu'elles soient bonnes ou mauvaises, sans qu'on n'ait jamais l'impression d'assister à un simulacre d'humanité comme les reality-shows savent nous concocter. Chaque action en entraîne une autre, chaque pas est suivi d'une autre étape... Le point de vue évolue au fur et à mesure du film. Il est limité aux protagonistes présents, ce qui fait incorporer avec parcimonie le point de vue des soldats Japonais qui gardent le promontoire qui est l'objet de la bataille, par exemple. Même si le propos reste soumis à la "narration" des soldats Américains, on a le sentiment d'assister à une bataille aussi vraie et surtout objective que possible. L'impression de gâchis récoltée par le spectateur à la vue de ces violences fascinantes reste bien la seule émotion possible à la fin de ce film sensoriel unique en son genre, dont son auteur avait prévenu à sa sortie: il faut le regarder et l'écouter à plein volume...
 

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Terrence Malick Criterion George Clooney