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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 09:25

La découverte par Peter Jackson chez la voisine de ses parents d'une collection inconnue de films datant de 1900 à 1937 fait naitre en lui, et un certain nombre d'autres personnes dont l'autre cinéaste Néo-Zélandais Costa Botes, une envie d'en savoir plus sur l'un des génies méconnus du cinéma des premiers temps, le Néo-Zélandais d'origine Ecossaise, Colin McKenzie. Avec le peu d'informations dont ils disposent, le pionnier ayant laissé vraiment peu de traces derrière lui, Jackson et Botes remontent le temps à la recherche de l'histoire oubliée de ce pionnier, découvrent en passant qu'il a perfectionné par erreur les premiers travellings en attachant une caméra sur un vélo, qu'il a aussi développé un procédé primitif de couleurs, réalisé le premier long métrage parlant en 1908, qui fut un flop, filmé un exploit inconnu de l'histoire de l'aéronautique, et participé à la guerre d'Espagne, mourant sur le front, devant l'objectif de sa caméra; et surtout, Jackson et Botes vont retrouver les traces d'un tournage mythique, un film adapté de l'épisode biblique de Salomé, à travers un palais antique situé en pleine jungle, oublié de tous, à l'intérieur duquel reposent des kilomètres de pellicule: le long métrage Salomé, tourné entre 1917 et 1931 par un McKenzie déterminé à finir son chef d'oeuvre, mais qui ne verra jamais le jour...

 

C'est n'importe quoi, bien sur. On le sait maintenant, et il ne faut pas dix minutes au premier cinéphile venu, à plus forte raison s'il a une certaine connaissance du muet, pour découvrir le pot-aux-roses... Sauf que si l'intention était en vérité de faire une petite blague aux dépens des spectateurs en 1995, soit l'année du centenaire de l'invention du cinématographe des Frères Lumière (Inspirés de l'invention des images qui bougent par Edison, mais passons), ni Jackson ni Botes n'imaginaient un seul instant que tant de monde tomberaient dans le panneau. Rien sur l'objet-film lui-même ne révèle objectivement qu'il s'agit d'une supercherie, et les avis autorisés d'un certain nombre de spécialistes et autres autorités complices (Jackson et Botes eux-mêmes, pour commencer, mais aussi Harvey Weinstein des films Miramax, l'historien Leonard Maltin, ou encore l'acteur et réalisateur Sam Neill), qui interviennent dans le film, semblent entériner l'idée que tout ceci a existé, tout simplement... Aucune raison d'en vouloir à Jackson et Botes, qui ont créé un monument d'amour au cinéma, à travers ce pionnier plus qu'improbable, dont la carrière inventée semble à merveille côtoyer dans les coulisses l'histoire de l'art cinématographique. Dans les coulisses, parce que tel Brian Cohen (Life of Brian)qui sans le vouloir se retrouve messie en même temps qu'un autre type en Palestine qui a plus de succès que lui, McKenzie a joué de malchance avec une application remarquable: il a été jeté en prison, et ses essais de films couleurs ont été confisqués parce qu'il avait eu l'idée fatale de filmer des femmes Tahitiennes au bain, donc nues; son film parlant était remarquable d'un point de vue technique, mais tous les acteurs y parlaient Chinois, ce qui fit fuir le public, etc... Un bémol personnel, mais je ne suis pas sur qu'il faille s'en embarrasser; le Salomé que le documentaire (Ou documenteur, ou Fauxcumentaire) présente régulièrement comme un chef d'oeuvre, est plutôt rudimentaire, et aurait probablement rebuté un spectateur de 1905. Tant pis, tout ça n'est pas grave, même si les spectateurs de 1995, qui ont découvert le film à la télévision, présenté comme un authentique documentaire, se sont fait berner dans les grandes largeurs...

 

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Published by François Massarelli - dans Peter Jackson métafilm