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2 août 2020 7 02 /08 /août /2020 10:27

La famille Gimplewart veut vendre sa maison, et vite: leurs voisins sont une troupe de comiques incontrôlables (parmi lesquels on reconnaîtra quelques gloire du studio de Hal Roach) et du coup leur vie quotidienne est un enfer. Mais les rigolos ne s'arrêtent pas pendant les visites et inévitablement les premières tentatives pour se séparer de leur bien échouent... Jusqu'à ce qu'un acheteur potentiel arrive et leur propose d'échanger leur maison avec la sienne, sans attendre. Au vu de la demeure, ils acceptent tout de suite, et... la maison s'avère rigoureusement invivable.

Au hasard: quand on croit allumer la lumière dans une pièce c'est une autre qui s'éclaire, les parois de la baignoire ne tiennent pas en place, le four ne marche pas au gaz mais à l'eau (par contrecoup les robinets sont dangereux...), etc. Ce principe d'une maison devenue folle a souvent été exploité notamment par Buster Keaton (dans One week et Electric house) mais au service de Max Davidson, c'est un merveilleux révélateur de caractères, et une occasion rêvée pour la comédie de réaction chère au studio d'Hal Roach. Et le film repose sur une équipe à l'efficacité prouvée: Bruckman est un grand metteur en scène rompu au rythme de ce genre de film, et Davidson est flanqué pour compléter sa famille de deux partenaires fantastiques: Lillian Elliott le seconde merveilleusement pour les réactions outrées, et Spec O'Donnell remplit sa mission habituelle, à savoir être le fils ("Love greatest mistake", nous dit un intertitre fort méchant)  de max, mais cette fois sans montrer aucune émotion...

Mais si le film est aisément le plus célèbre de tous les films Roach avec Davidson, c'est sans doute pour une raison et une seule: parmi les dingos de la maison d'à côté, on reconnait donc James Finlayson, Charley Chase, Stan Laurel et Oliver Hardy. Leurs clowneries, largement improvisées, sont idiotes à l'extrême, mais c'est si réjouissant. Et pour la petite histoire, les coupes de cheveux de Laurel  et Hardy sont bien courtes, et pour cause: c'est le premier film qu'ils ont tourné après The second hundred years, dans lequel ils incarnaient des prisonniers qui s'évadent, et dont les crânes étaient tondus...

 

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Clyde Bruckman Max Davidson Muet Comédie
2 août 2020 7 02 /08 /août /2020 09:56

Max Davidson incarne une fois de plus un père dont la fille (Martha Sleeper) a grandi, et fréquente un jeune homme bien sous tous rapports, mais qu'il va falloir surveiller. La mère décide donc d'envoyer son mari accompagner les deux tourtereaux à la plage, et... il est tellement peu adapté à cet environnement qu'il va déclencher catastrophe sur catastrophe, au grand dam d'un policier local (Tiny Sandford) qui aimerait tant manger son sandwich sans être interrompu...

C'est une merveille comique, avec une certaine unité de lieu, probablement la plage de Venice. Davidson y est en roue libre et assure le show à lui tout seul, d'abord aux prises avec une improbable voiture, puis un maillot de bain trois fois trop grand, une troupe d'enfants qui n'en peuvent plus de rigoler à son passage, et surtout un policier qui fait le double de sa taille! 

Et qui dit maillot de bain trop grand, dit forcément nudité forcée, et c'est l'occasion pour Roach de tester un gag qui sera ensuite raffiné pour un superbe film de Charley Chase, Limousine love, dont une bonne part de l'intrigue tourne autour de la nudité et de son corollaire, la dissimulation: parce qu'il lui fallait recouvrir sa nudité, Max a volé la veste d'uniforme de Sandford. Afin de se dérober à sa vue, il demande à la troupe de gosses qui le suivent partout de le cacher, mais forcément ça fait, au contraire, un attroupement très voyant...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Davidson Leo McCarey
26 juillet 2020 7 26 /07 /juillet /2020 15:53

Une riche veuve (Lillian Elliott) a décidé de se marier, au grand dam de ses deux fils (Spec O'Donnell et David Butler): elle a choisi Wattles (Max Davidson). Afin de se débarrasser de lui, ils vont se livrer à tous les stratagèmes les plus tordus, dont le fait de se faire passer pour fous, ou monter un bobard gigantesque le jour du mariage...

On prend les mêmes? C'est vrai que le prétexte du film ressemble à celui de Don't tell everything, mais le film va plus loin avec moins de personnages. Et c'est la première apparition d'un dispositif qui resservira: alors que Max est supposé être seul avec la veuve, derrière le dos de celle-ci les deux grands fils font des clowneries hilarantes pour persuader le beau-père potentiel de passer son chemin... On retrouvera une scène similaire, en plus drôle encore, dans le génial Pass the gravy en 1928.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Max Davidson Comédie Leo McCarey
26 juillet 2020 7 26 /07 /juillet /2020 15:41

Cette fois, pour leur troisième collaboration, Hal Roach a décidé de donner à l'acteur Max Davidson le premier rôle officiel, ce qui était justice tant les films qu'il interprétait sont totalement centrés sur ses personnages. Cette fois, il incarne un veuf, papa Ginsberg, qui tente de se remarier mais possède un handicap certain: son fils, Asher (Spec O'Donnell), est insupportable. Aussi lorsque dans une soirée, il rencontre la riche veuve Finklemeyer (Lillian Elliott), il lui dissimule l'existence de son rejeton car il sait que ça risquerait de faire capoter ses plans de mariage.

Avant d'aborder la suite, Ginsberg rencontre un garagiste (Jess De Vorska) avec lequel les rapports seront compliqués, ce qui enrichit le film, et donne lieu à un gag final bien amené. Et la relation entre les deux acteurs est fantastique... Sinon, le sel du film réside dans le développement de la situation compliquée entre les jeunes mariés et le fils qui décide de trouver un stratagème pour venir habiter chez lui sans révéler à sa belle-mère qu'il est cet insupportable gamin qu'elle avait détesté lors de la soirée où elle avait rencontré Ginsberg: il va donc se déguiser en jeune femme et se faire passer pour la bonne.

...Et là ça va dépasser les bornes de la censure pour des séquences du plus haut comique gonflé, la deuxième bobine est un festival de trucs à ne pas faire!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Max Davidson Leo McCarey Comédie
26 juillet 2020 7 26 /07 /juillet /2020 15:19

Le deuxième film de Roach qui présentait l'acteur Max Davidson est l'un des deux plus connus, puisqu'il a été édité dans un coffret consacré à Laurel et Hardy, dans la section des bonus: et pour cause, l'idée était de Stan Laurel à l'époque où, juste avant de devenir partie intégrante du duo le plus important de l'histoire du cinéma de comédie, il envisageait de rester dans l'ombre, en écrivant et mettant en scène. Ce film, très réussi, est beaucoup plus explicite que le premier quant à son exploitation savamment consciente des stéréotypes culturels juifs...

Max Davidson y incarne un père de famille qui accepte de donner sa fille (Martha Sleeper) en mariage à un jeune avocat débutant (Gaston Glass), à la condition que celui-ci gagne un procès. En attendant de caser sa fille, Papa Gimplewart tente de faire en sorte de faire travailler ses deux fils, Abie (Jess De Vorska) et Junior (Johnny Fox), qui sont deux incapables. dans un premier temps, il achète un camion pour Abie, puis essaie différentes combines avec Junior: l'une d'entre elles, désastreuse, consiste en une tentative d'escroquerie à l'assurance. Ce qui amènera bien sûr Papa Gimplewart au tribunal, où il fera face à un redoutable accusateur, en la personne de son futur gendre...

Bien que pour une fois, Davidson ne soit pas flanqué de Spec O'Donnell dans le rôle de son fils (Johnny Fox est moins bien percutant), le film est très drôle, d'une logique et d'une fluidité imparable. La scène la plus drôle est celle durant laquelle le père et le fils prétendent que ce dernier est paralysé, avec deux agents d'assurance (dont Eugene Pallette) qui plantent des couteaux et autres instruments tranchants, d'abord dans une fausse jambe, puis dans l'authentique membre du fils... A noter, le rôle important joué par Jess De Vorska, un acteur déjà aperçu dans le film précédent, et qui comme Martha Sleeper reviendra souvent.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Max Davidson Leo McCarey Muet
26 juillet 2020 7 26 /07 /juillet /2020 14:06

C'est le premier film que Hal Roach a produit mettant en vedette le comédien Max Davidson (au milieu d'une pléiade d'acteurs chevronnés), qui avait été très remarqué dans le court métrage de deux bobines Long fliv the king, avec Charley Chase. De façon intéressante, bien qu'on s'apprêtait à lancer une série de comédies centrées autour de lui, Davidson n'a pas eu à montrer l'étendue de son talent dans des films d'une bobine, et a directement eu accès aux deux bobines, plus prestigieux. Il est vrai qu'en cette fin de la décennie, l'économie du cinéma de comédie burlesque est en pleine mutation, et le public séduit par les longs métrages est plus intéressé par des films plus longs qui mettent en avant une atmosphère et surtout des personnages. Donc, fini le court métrage d'une bobine...

A ce titre, Davidson qui vient au studio avec tous les stéréotypes et le bagage culturel très particulier des juifs d'Europe centrale, est quasiment caractérisé dès sa première apparition dans tous ses films, et toute l'intrigue tourne le plus souvent autour de ses origines et autour de cet univers si particulier: on ne s'étonnera pas qu'aujourd'hui ces courts métrages qui installent un humour autour de ces stéréotypes soient justement mal vus aux Etats-Unis. Pourtant, à aucun moment le comique de Max Davidson ne se vautre dans l'antisémitisme... On rit toujours AVEC le judaïsme ici, jamais contre...

Dans ce court métrage, donc, Davidson est Ginsberg, l'heureux père d'une jeune femme, Rachel (Ann Brody), qui est courtisée par tout le quartier. Mais le père Ginsberg est très pointilleux et souhaite que son futur gendre soit juif. Or le plus intéressant des candidats (Creighton Hale) fait un peu trop Irlandais à son goût...

C'est fort bien mené, et ça permet à la troupe de Roach de faire étalage du savoir-faire maison. On appréciera la façon dont Oliver Hardy en flic soupçonneux prend en chasse Creighton Hale, et se retrouve systématiquement face à son pire ennemi, un trou d'eau d'1m50 de profondeur qui lui en voulait, pour le nombre de fois où il tombera dedans dans sa carrière... Une scène hilarante de poursuite mène aussi, dans la deuxième bobine, à un ballet entre Hale et Davidson.

Creighton Hale n'était pas un star, juste un acteur connu en bout de course qui n'était pas regardant par rapport à ses rôles: Griffith en avait fait un benêt systématique, et il allait incarner quelques seconds rôles intéressants dans des films d'épouvante. Mais son rôle en jeune premier à qui on ne la fait pas et qui retourne les préjugés culturels dans une scène finale, est une excellente opportunité. Ann Brody n'a pas laissé une grande trace dans l'histoire contrairement à la délicieuse Martha Sleeper qui assumera bientôt les rôles de la fille du personnage principal, mais par contre on aperçoit aussi Spec O'Donnell, dans ce qui va devenir son principal rôle aux côtés de Davidson: le fils qui amène les ennuis. On ne présente plus ni Oliver Hardy en flic malchanceux, ni Noah Young qu'on aperçoit en automobiliste irascible...

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Leo McCarey Comédie Max Davidson Laurel & Hardy
6 mai 2018 7 06 /05 /mai /2018 17:11

Chez Hal Roach, dans les années 20, on aime bien créer des équipes. Bien sûr, Harold Lloyd a montré le chemin dès 1915, en associant systématiquement son personnage de "Lonesome Luke" avec son comparse Snub Pollard, puis en reconduisant l'équipe pour ses premiers courts métrages avec lunettes, les deux étant toujours complété par Bebe Daniels, jusqu'au remplacement de cette dernière par Mildred Davis. Ensuite, le studio a été crucial pour le succès de deux autres équipes, Our gang, et évidemment Laurel & Hardy.

On va le dire tout de suite: on pense à ces derniers quand on contemple cet échec sublime qu'est la tentative de créer une équipe féminine avec Marion Byron et Anita Garvin. La tentative ne serait toutefois pas la dernière, puisque deux autres duos allaient être tentés, tous deux autour de la belle Thelma Todd, avec Zasu Pitts, puis Patsy Kelly. Mais je garde une affection particulière pour le duo Garvin – Byron, ne serait-ce qu'en raison du génie des deux comédiennes, si différentes l'une de l'autre, mais aussi si différentes dans leurs films en duo, de leurs personnages habituels...

Elles sont, pour leur premier court métrage, deux employées de restaurant qui sont un peu le dernier recours pour les occasions où un restaurateur a besoin de serveuses, en toute urgence. C'est précisément ce qui arrive à Max Davidson, qui tient un établissement dans une gare perdue au milieu de nulle part, et il va le regretter... Le film fonctionne sur le principe d'une série de running gags, avec accumulation et beaucoup, mais alors beaucoup de gags physiques... Outre Max Davidson, on verra Edgar Kennedy en chef de gare irascible, un rôle taillé pour lui. Et comme dans d'excellents Laurel et Hardy, le film se termine par une bataille inattendue, cette fois effectuée à coup d'escalopes ruisselantes de sauce...

Dans ce qui reste un film incomplet aujourd'hui, on voit que dans un premier temps Anita et Marion était non seulement opposées par la taille, mais aussi par un enlaidissement systématique de Marion Byron. Elle est mal fagottée, et on sent chez elle une sorte de pendant à Harry Langdon, en plus maladroite que franchement lunaire. Le film est excellement mis en scène avec un sens du rythme qui évidemment fait merveille devant le stress monumental installé par le patron qui doit servir un restaurant rempli et leur fournir un déjeûner en très peu de temps, mais aussi quelques prouesses de cadrage. On applaudira en particulier le choix de traiter une scène de ruée vers le restaurant, déj drôle en soi, en plaçant la caméra au sol, offrant ainsi une vue cruelle de Max Davidson se faisant allègrement piétiner...

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Davidson
5 mai 2018 6 05 /05 /mai /2018 17:45

Ceci est le deuxième des films Hal Roach réalisés en 1928 et 1929, qui mettaient en scène les deux actrices Anita Garvin et Marion Byron.

Si vous avec vu un certain nombre de courts métrages muets de Laurel et Hardy, vous connaissez Anita Garvin: elle était spécialisée dans les rôles de dame comme il faut, à laquelle il arrivait des tuiles monumentales. Parfois, sa participation se faisait à l'échelle d'un film, comme dans le superbe The second hundred years, où elle se bat de manière mémorable avec un petit pois qui refuse de se laisser enfourcher... Et dans certains cas, elle était une "cerise sur le gâteau", avec juste une petite apparition; le cas le plus célèbre est bien sûr ce gag situé en fin de The battle of the century, lorsqu'elle glisse sur une tarte à la crème, et se retrouve par terre, le séant baignant dans la préparation pâtissière. Anita Garvin avait un style, une présence physique et du génie.

Marion Byron est moins connue, mais elle a quand même au moins un titre de gloire, outre ses quelques apparitions chez Roach: c'est elle qui noue la petite amie de Buster Keaton dans Steamboat Bill Jr... mais chez Roach, allez savoir pourquoi, on a décidé de l'affubler de tenues qui l'enlaidissaient de manière considérable. Ainsi, dans Feed 'em and weep, le premier de leurs trois films, Anita Garvin est un peu le "clown blanc" du duo, alors que Marion Byron est l'élément perturbateur, la trouble-fête... C'est également le cas pour Going ga-ga

Dans ce deuxième film très incomplet (Aux dernières nouvelles, il ferait l'objet d'une reconstruction, ce qui n'est pas un mal, puisque dans la copie que j'ai vue, il est réduit à un peu plus de cinq minutes), les deux femmes sont aux prises avec un bébé qui leur est tombé du ciel, et avec l'inspecteur qui enquête sur sa disparition: comment vont-elles éviter de passer pour les kidnappeuses? On imagine très bien Laurel et Hardy dans exactement la même situation...

La photo du haut est un cliché pris sur le plateau du film, mais voici des portraits plus traditionnels des deux actrices:

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Davidson
2 février 2018 5 02 /02 /février /2018 07:51

Ce film est l'une des douze comédies de deux bobines ayant survécu, de la série consacrée au comédien Max Davidson. C'est à mon avis la meilleure, même si la qualité de ces oeuvrettes est généralement très élevée. On y retrouve des gags qui sont de la même eau, ont les mêmes mécanismes que dans les films contemporains de Laurel et Hardy, si ce n'est une différence de rythme.

Max (Davidson) est le voisin d'un irascible éleveur de poules (Bert Sprotte), qui exhibe son coq de concours "Brigham" à tout le monde. Ils passent leur temps à se chamailler, mais la fille de Max (Martha Sleeper) et le fils de Schultz, le voisin (Gene Morgan) viennent de se fiancer, et pour fêter ça, Max demande à son fils Ignatz (Spec O'Donnell) de lui ramener un poulet... devinez lequel.

Une situation, un décor, cinq personnages, et un poulet fumant, une mine d'or pour gags géniaux. On appréciera en particulier la longue variation sur le moment lorsque tout le monde sauf les deux pères a compris que le poulet était LE poulet: Martha Sleeper et Gene Morgan se lancent dans une pantomime fabuleuse pour essayer d'avertir Max, en vain. Si le jeu du comédien muet est essentiellement de la réaction alors cette comédie est un cas d'école. Durant 10 bonnes minutes, Davidson n'a finalement rien d'autre à faire que de voir, et de réagir... et le fait à la perfection.

Et pour finir, j'ai toujours défendu l'importance de la comédienne Martha Sleeper, qui intervient souvent chez Chase et Davidson (elle est d'ailleurs leur partenaire à tous deux dans le film Long Fliv the King): ce film me donne raison. Elle imite la poule à la perfection, et paie de sa personne en permanence. Elle y trouve un rôle autrement plus satisfaisant que l'unique film du studio dans lequel elle avait eu le premier rôle, qui l'employait comme une jeune femme stéréotypée... Ici, elle a matière à y développer un fabuleux tempérament comique.

Elle va jusqu'à pondre un oeuf!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Davidson
27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 17:05

La découverte d'un nouveau pan de l'héritage de Hal Roach est toujours excitante, d'abord parce que le studio où s'illustrèrent Harold Lloyd, Charley Chase, Our gang, et bien sur Laurel & Hardy a su installer sur les écrans une tradition de qualité rare en matière de comédie, et aussi parce que le petit monde des acteurs qui s'y égayaient, qu'ils soient de premier plan ou second rôle, est toujours une source de plaisir. Avec la parution chez Edition Filmmuseum de ces deux DVD, on a un intérêt supplémentaire: contrairement à Charley Chase ou Harold Lloyd, ou bien sûr Laurel & Hardy, les comédies de Max Davidson, à deux exceptions près, sont bannies des formats numériques, et ce n'est probablement pas demain la veille qu'une parution Américaine aura lieu. La raison? Ces films qui eurent un grand succès à l'époque de leur sortie concernent un humour basé sur la représentation de stéréotypes qu'on considérerait comme raciaux aujourd'hui (Bien qu'ils soient culturels et non basés sur une idée de "race", ce qui est d'ailleurs toujours une source de bêtise). La série a été abandonnée en 1929 précisément pour cette raison...

Max Davidson, né à Berlin en 1875, vient au cinéma au début des années 10, et va se spécialiser dans des petits rôles, dont un voisin de Mae marsh dans Intolerance (1916) de Griffith! le succès de la pièce Abie's Irish rose lui permet de trouver un rôle dans l'une des troupes qui sillonnent les Etats-Unis pour y représenter la comédie. Cette histoire de famille Juive qui doit accepter la venue d'une fiancée Irlandaise est à la base d'un courant 'ethnique' de la comédie Américaine, qui met en scène des familles antagonistes Irlandaises et juives, vues souvent du point de vue des Juifs: The Cohen and the Kellys est une série de courts produite par Universal en 1925. Davidson fait alors son entrée au royaume des seconds rôles de luxe, dès 1922. Un coup d'oeil sur les noms des personnages qu'il interprète ne laisse aucune ambiguité: Abe Rosenstein, Solomon Levinsky, Moe Ginsberg... l'acteur impose une silhouette en dépit ou peut-être à cause de sa petite taille, et va introduire à l'écran un paquet de maniérismes et de tics observés durant sa jeunesse. Il joue à merveille le père Juif comique sur lequel le ciel tombe à chaque coin de rue. C'est à ce titre qu'il interprète, chez Hal Roach, aux cotés de Charley Chase un second rôle dans Long fliv the King, de Leo McCarey. Il y joue non seulement aux cotés de Chase, mais il y partage aussi l'affiche avec Martha Sleeper, qu'il retrouvera bientôt. Roach se lance dans l'aventure de la comédie ethnique lui aussi, avec Leo McCarey pour lancer la série, et les deux hommes produisent vite 5 films de court métrage avec Max Davidson en vedette, dans un contexte familial qui sied tant au studio. Devant le succès, Roach rempile pour une autre série, vue d'un bon oeil par la MGM qui va désormais distribuer les films du petit studio. Mais en 1929, après un film parlant, la série est arrêtée: le succès est au rendez-vous, il n'y a eu aucune plainte en rapport avec le coté ethnique des films, mais la MGM a peur que le parlant n'accentue la caricature; de plus, on sait que les dirigeants de studio, s'ils viennent pour beaucoup de l'immigration des Juifs d'Europe centrale, ont eu à coeur d'étouffer cet aspect de leur histoire en vue de s'assimiler; ils ne souhaitent pas continuer à voir sur l'écran un reflet de ce qu'ils étaient avant, à savoir un acteur qui joue un Juif immigré de fraîche date qui se trouve confronté à l'Américanisation de ses enfants, et reste sur la défensive, freinant in fine toute assimilation. La série est finie, et la carrière de star de Davidson, décidément trop typé pour Hollywood, aussi.

On ne jugera pas ces films de la même manière qu'on parlerait de courts métrages de Laurel, avec ou sans Hardy, de Chase, de Chaplin ou de Keaton: tous ces gens sont les auteurs complets de leurs films, un atout qu'ils ont pris le temps de conquérir: on n'en laissera pas le temps à Max Davidson, qui est aujourd'hui non seulement oublié, mais aussi invisible, honteux, alors que ses films sont le résultat du travail des meilleures équipes de comédie de court métrage de leur époque, avec le concours des réalisateurs Leo McCarey, Fred Guiol, Hal yates, Clyde Bruckman, et d'autres; du chef-opérateur George Stevens, des scénaristes Roach et McCarey (oui!) parfois assistés par Laurel (oui aussi!!), avec les acteurs Davidson, mais aussi sa Nemesis, en fait son fils souvent incarné par le jeune Spec O'Donnell, ou encore la grande Martha Sleeper, voire Viola richard, ou encore selon les films les acteurs Edgar Kennedy, Oliver Hardy, James Finlayson, Leo Willis ou Noah Young.

Le jeu de Davidson, stéréotypé en effet, n'est pourtant pas à mes yeux une source de délire antisémite. Au contraire, le personnage est souvent à la base de quiproquos et d'embarras, mais le Judaïsme des protagonistes n'y est qu'une couleur locale, une coloration culturelle. L'historien Paolo Cherchi Usai ne s'y est pas trompé, qui a vu en Davidson un cas rare: "Le fait que ses films parodient les particularités ethniques sans le moindre soupçon de racisme est ce qui confère de la grandeur à Davidson", dit-il, cité dans l'essai de Richard Bann qui est inclus dans le beau livret exhaustif qui accompagne les DVD.

Seules 12 comédies ont survécu sur les 19, et certaines dans des fragments à peine exploitables. c'est à porter au crédit des compilateurs d'avoir pris le parti de restaurer toutes les images qui bougent d'une part (Ainsi l'un des films, réduit à à peine une minute, est-il l'objet d'une reconstitution sous forme de montage de photos dans lequel on a glissé en continuité les deux passages de film qui subsistent: Love'em and feed'em.), et d'avoir donné à voir pour tous les films un dossier sur DVD-Rom, de documentation, images, scripts, qui permet un accès à tout ce qui subsiste de certains films perdus. Un travail éditorial exemplaire, complété par un livret avec des essais très pertinents... Le tout, en Anglais et en allemand; il ne faut pas rêver... Les films sont en Anglais (intertitres) avec des sous-titres Allemands optionnels.

Why girls say no (Leo McCarey, 1927)

Le premier film est une sorte d'exposition pour un grand nombre des courts qui suivront: Davidson se soucie du fait que sa fille ait été chercher un jeune homme qui a l'air plus Irlandais qu'autre chose (C'est Creighton Hale). On remarque Oliver Hardy dans un rôle de policier soupçonneux, qui se trouve face à son pire ennemi: le trou d'eau d'1m50 situé à un coin de rue dans le studio Roach.

Jewish Prudence (Leo McCarey, 1927)

L'un des deux films qui a été publié, récemment, sur le 21e volume de la collection Laurel & Hardy en Grande-Bretagne: Laurel en est le scénariste. Un film tout à fait solide, avec à nouveau un mariage en vue pour la fille de Max (Martha Sleeper), cette fois à un avocat. Problème: l'avocat en question doit défendre des clients CONTRE Max...

Don't tell everything (Leo McCarey, 1927)

Celui-ci est hallucinant: au moment de faire sa cour à une riche héritière, Max cache à cette dernière l'existence de son fils (Spec O'Donnell). celui-ci n'a d'autre moyen pour vivre aux coté de son père que de se faire passer pour... la bonne! La supercherie ira assez loin dans le graveleux. On notera l'apparition de James Finlayson...

Should second husbands come first? (Leo McCarey, 1927)

Max est le choix d'une veuve pour se remarier; lorsqu'ils le voient, les deux fils de la dame décident de le dissuader et se livrent à tout un tas de stupidités. Très drôle, et un dispositif (Une personne qui assiste éberlué à des gens qui se livrent à des excentricités absurdes pour son seul bénéfice) qui resservira...

Flaming fathers (Leo McCarey, 1927)

Petit tour à la plage, avec Max qui surveille de près sa fille (Martha Sleeper) qui est avec son fiancé... Le policier local, joué par Tiny Sanford, aura beaucoup de mal à passer une après-midi tranquille tant il est impossible pour Max Davidson d'aller à la plage sans devenir une attraction...

Call of the cuckoos (Clyde Bruckman, 1927)

Celui-ci est connu, puisque les invités de luxe ont pour nom Laurel, Hardy, Chase, ou encore Finlayson: Davidson souhaite vendre sa maison, à cause des abominables voisins qui se livrent en permanence à des excentricités  insupportables (Les comiques Roach improvisent des bêtises devant la caméra). Il trouve un client, qui vient avec une affaire: il échange sa maison contre celle de Max. ce que ce dernier ne sait pas, c'est que la maison ou ils vont est encore plus invivable que celle de Buster Keaton dans One week... le film est bon, et possède la plus magnifique des introductions pour le personnage du fils de Max, interprété comme si souvent par O'Donnell: Love's greatest mistake: la plus grande erreur de l'amour...

Love 'em and feed 'em  (Clyde Bruckman, Hal Roach, 1927)

Hardy et Davidson cherchent de l'or et font fortune, ils mènent ensuite la grande vie dans un palace, et vont se trouver à la base d'une séquence de tartes à la crème que je donnerais cher pour voir: elle a été perdue, comme 95% du film... Quelques mètres de pellicule nous présentent l'interaction entre Max et Martha Sleeper en dactylo pincée, donc c'est déjà ça...

Pass the gravy (Fred Guiol, 1928)

Chef d'oeuvre: ce film est hilarant. Max est le voisin d'un irascible éleveur de poules, qui exhibe son coq de concours à tout le monde. Ils passent leur temps à se chamailler, mais la fille de Max (Martha Sleeper) et le fils de Schultz, le voisin (Gene Morgan) viennent de se fiancer, et pour fêter ça, Max demande à Spec de lui ramener un poulet... devinez lequel. Une situation, un décor, cinq personnages, et un poulet fumant, une mine d'or pour gags géniaux. J'ai l'air d'être très enthousiaste à l'égard de Martha Sleeper, ancienne partenaire de Charley Chase: ce film me donne raison. Elle imite la poule à la perfection, et paie de sa personne en permanence.

Dumb daddies (Hal Yates, 1928)

Max surprend une répétition de pièce de théatre criminelle entre Spec et Viola Richard, sans savoir qu'il s'agit de théâtre, et croit être témoin d'un crime... Un rôle en or pour Edgar Kennedy, en policier dépassé par les événements. La moitié de la première bobine a disparu.

Came the dawn (Arch Heath, 1928)

Max, Polly Moran, Gene Morgan leur fils et Viola richard leur fille passent une nuit d'halloween agitée dans leur nouvelle maison, dont ils viennent d'apprendre qu'un meurtre y a été commis. Un sujet facile, auquel se sont livrés presque tous les comiques de l'époque. Difficile de juger, il n'en reste que des fragments disjoints.

The boy friend (Fred Guiol, 1928)

Parce que sa fille (Marion Byron) a rencontré un inconnu avec lequel elle s'est tout de suite trouvé des affinités, Max et Mme vont essayer de faire fuir le jeune homme en se livrant à la même routine que les deux gamins de Should second husbands come first?.

Hurdy Gurdy (Hal Roach, 1929)

Comme tous les premiers films parlants de l'écurie Roach, un film qui y va prudemment, et qui transforme relativement bien l'essai. cette histoire de petit mystère (pourquoi Thelma Todd a-t-elle besoin de tant de pains de glace, que cache-t-elle?) entre voisins pendant une canicule vaut surtout pour son melting pot: accents et particularismes se mélangent joyeusement. Max Davidson n'y est qu'un des acteurs, ce n'est pas un film qui le mette particulièrement en vedette.

The itching hour (Lewis Foster, 1931)

Jouant les faire-valoir pour Louise Fazenda, Max y apparaît aux cotés de Spec O'Donnell, mais cette histoire d'hôtel hanté fait plus bailler qu'autre chose. Des gags toutefois rappellent que l'équipe de ce court métrage RKO a vu les films de Davidson, et sinon on y aperçoit le grand Lon Poff, silhouette inquiétante dans de nombreux films des années 20, dont Greed.

Voilà:il convient d'ajouter à destination des des Anglophobes et des Anglodicapés que les films sont en Anglais, et les seuls sous-titres en Allemand. En tout cas, pour ma part, c'est une découverte essentielle, et un pur bonheur. Quant à l'embarras suscité par le coté marqué et stéréotypé, je rappelle qu'on trouve des DVD de Birth of a nation à tous les coins de rue, donc ce ne devrait pas être un problème; et d'ailleurs, contrairement à Griffith, Davidson, McCarey et Roach ne prêchent pas la haine, mais ils sont des messagers du gag.

 

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