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4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 22:25

Ce n'est pas pour la série Alfred Hitchcock presents que ce film de 48 minutes a été tourné, mais pour la série d'anthologie Startime. Il n'y était pas associé, mais on lui a confié un épisode, et il est probable qu'il a été attiré par l'idée de réaliser un moyen métrage assez imposant, en couleurs, dans es conditions assez proches de celles dont il disposait pour sa propre série. Le film est passionnant, tout en offrant une vue de la vie quotidienne, dans laquelle cette fois on ne trouvera ni mort violente, ni espionnage... Mais bien un thème si éminemment Hitchcockien, celui de la culpabilité sous l'angle du soupçon.

Un incident se déroule, sous nos yeux,  nous le verrons de trois angles différents: un vieil homme, qui règle la circulation à proximité d'une école, a un accrochage avec une mère de famille, qui se trouve être l'épouse d'une huile locale. Des témoins sont présents, un professeur d'une part et un couple qui vient de s'installer en face, dont la femme connait le vieil homme: il sait des choses sur elle qui pourraient lui valoir des ennuis, estime-t-elle... Quelques jours plus tard on signifie au vieil homme qu'il est licencié, car une lettre anonyme le dénonce comme un "vieux vicieux"... Désireux de ne pas le laisser se voir accusé à tort, les membres de sa famille mènent l'enquête...

Le film est une simple promenade, relativement légère, au pays du soupçon, du qu'en dira-t-on, et de la suspicion de classe, ordinaire autant que crasseuse. La famille du vieil homme a un débat, dans lequel s'expose toute la complexité de l'affaire: faut-il laisser dire, et passer à autre chose, ou se battre pour la reputation? En d'autres termes, une accusation dont on sait qu'elle est fausse, a-t-elle besoin d'être ignorée ou combattue? Et quel rôle la société peut-elle jouer face à un crime supposé, ou imaginé? 

En nous associant de fait au destin du vieil homme, le metteur en scène nous rappelle ses sympathies pour le peuple, qui étaient déjà si présentes dans ses oeuvres Anglaises, et qui n se sont jamais démenties. On les a d'ailleurs retrouvées, au fil de certains films, au détour de Shadow of a doubt, ou même The wrong man. Et le dispositif scénaristique qui consiste à utiliser la poudre aux yeux de trois angles d'approche pour une seule scène, est intéressant. Moins toutefois que la façon dont Hitchcock a filmé la quasi-plaidoirie de george peppard devant sa famille, d'un autre angle encore plus inattendu: depuis le plafond du studio! ...Un film qui prend donc de la hauteur!

A noter, si George Peppard ne tournera pas d'autre film pour Hitchcock, en revanche Vera Miles en est à sa troisième collaboration avec lui. Et la quatrième serait sa plus spectaculaire... Ce qui ne va pas tarder.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock TV
4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 22:13

Un Britannique, Cavendish (James Donald), raconte: son arrivée, il y a longtemps, dans un hôtel dans les Alpes Suisses, et sa rencontre avec une jeune femme... Mariée de fraîche date, Mme Stella Ballister (patricia Owens) y apprenait pourtant la mort de son époux, décédé à cause de son impatience de se mesurer à la montagne. Très vite, Cavendish et Stella sont amenés à se revoir, lui lui faisant la cour, et elle s'accrochant à une  idée et une seule: dans quarante ans, le glacier lui rendra le cadavre de son mari...

On cherche évidemment à cerner l'angle romantique dans ce film court de la série Alfred Hictchcock presents. Non que l'oeuvre du maître manque de romantisme, force est de constater toutefois qu'il est généralement teinté de la plus élémentaire noirceur... A plus forte raison dans la série télévisée, dans laquelle rien que de mémoire, on ya assisté à la cavale d'au moins deux maris qui s'étaient débarrassés de leur épouse en étant, disons, créatifs autant qu'impulsifs!

Ce ne sera donc pas une surprise si on constate que derrière l'impeccable attitude si Britannique, le flegme imperturbable de ces protagonistes, se cache une histoire à la méchanceté particulièrement acérée, et un certain sadisme pointu, pour ces gens qui se condamnent à se refuser de laisser libre cours à leur rapprochement (car Stella, entre deux accès de son obsession morbide, le dit sans ambages à Cavendish: en d'autres circonstances, elle aurait cédé à ses avances...

Et au final, tout ça pour... ?

Un film de haute volée, à la méchanceté militante, qui montre le poison des conventions, l'absurdité du romantisme, et la façon dont l'obsession moureuse débouche sur du vide,le tout enveloppé dans une idée poétique que n'auraient sans doute pas reniée un ou deux surréalistes, ce besoin absurde pour Stella de revoir son mari une dernière fois... Y compris quarante ans après sa mort.

 

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
31 janvier 2025 5 31 /01 /janvier /2025 18:55

Nous faisons la connaissance d'Arthur (laurence Harvey), le narrateur, qui a une exploitation d'élevage de volailles, ultra-moderne en apparence, mais il nous explique aussi sans scrupule ni vergogne qu'il est un tueur...

Et il nous raconte également sa vie amoureuse: lorsque sa fiancée Helen (hazel Court) l'a laissé tomber, il a vraiment apprécié le changement. En revanche quand elle a changé d'avis, il ne l'a pas supportée longtemps...

La disparition de la jeune femme a mis la puce à l'oreille de son ami John (Patrick McNee), qui a alerté la police. Mais Arthur n'a eu aucun problème à se débarrasser du corps...

Un narrateur qui s'adresse directement à nous, de l'humour noir basé sur une intrigue meurtrière, un ton désespérément Britannique... Le film ressemble bien moins à l'oeuvre d'Hictchcock qu'à, disons, Kind hearts and coronets de Robert Hamer! On appréciera le changement, mais ce court film de la série Alfred Hitchcock presents, s'il permet de rappeler l'humour de l'auteur de The trouble with Harry, reste quand même un cas très isolé.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 15:28

Hitchcock a généralement eu tendance, dans sa carrière, à se garder d'aller vers le fantastique: la seule vraie exception, bien sûr, est The Birds, dans lequel il imagine une invasion inquiétante d'oiseaux, un phénomène parfaitement incongru et qui restera sans explication. Sinon, l'ambiance de certains de ses films, à commencer évidemment par Psycho, a souvent emprunté au genre fantastique, mais en se gardant toujours de céder à la tentation. Comme le faisait remarquer le metteur en scène, le fantastique aurait probablement forcé les films à fournir des explications pour les phénomènes, ou des développements qui en auraient diminué la portée... 

Avec Alfred Hitchcock presents, en revanche, c'est bien différent: le metteur en scène sest gentiment laissé aller, ça et là, de façon très sporadique, à des écarts. Le cas le plus célèbre est The case of Mr Pelham, un court métrage à l'ironie toute Kafkaïenne... Ce film est le seul de son auteur à jouer sur un registre inattendu pour lui: l'histoire de fantômes... La seule fois où Hitchcock avait tourné autour de ce type de manifestation était pour une vision de folie alcoolique dans The Pleasure Garden, en 1925!

A Londres au début du XXe siècle, un ancien policier (John Williams) invite un certain nombre de convives à un diner très particulier... Il s'agir pour lui de résoudre une affaire non élucidée, pour laquelle il a eu une idée inattendue: confondre le suspect en faisant intervenir, avec la complicité des autres invités, le faux fantôme de la victime...

Bien sûr que le film joue sur une situation hautement improbable, mais le contraste si délicieusement Britannique entre les apparitions (superbement orchestrées) du fantôme, et la mondanité tranquille et apaisée du dîner, durant lequel tous les convives à l'exception du coupable jouent l'ignorance, est particulièrement efficace... On ne s'étonnera pas dans ces conditions que le meurtrier ne finisse par se trahir. 

Ne parlons donc pas, si vous le voulez bien, de la fin.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 15:08

En Malaisie, un soir, un officier colonial (James Donald) est coincé dans un lit: il a vu un aspic entrer sous le drap, et s'installer bien au chaud sur son corps. Quand un de ses collègues (Wendell Corey) arrive, il pourrait lui fournir de l'aide, mais il préfère en profiter pour torturer l'autre homme, qu'il ne croit pas: il sait qu'il est alcoolique...

C'est un monument de sadisme, qu'Hitchcock a adapté de Roald Dahl (une nouvelle qui a aussi été adaptée récemment par Wes Anderson, mais de façon sans doute plus fidèle: car dans la nouvelle de Dahl, il n'y a pas de serpent... Juste un homme effrayé, et de la confusion... ). Le film est un court programme de 25 minutes pour la série Alfred Hitchcock presents.

Ce choix des scénaristes ne change rien à l'affaire finalement, car en se reposant sur la dynamique mise au point par Roald Dahl, il permet quand même à la domination sadique d'un homme sur un autre, de s'effectuer, tout en créant un suspense particulièrement fort... On ne peut que croire Harry quand il annonce qu'il y a un serpent sur lui, et de cette confiance dans le personnage, le suspense nait, et se complique de la frustration intense créée par le comportement de l'autre homme. Du grand art...

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
26 janvier 2025 7 26 /01 /janvier /2025 15:55

Un passager Américain (Keenan Wynn)  d'une croisière est un joueur invétéré, et il se laisse aller à jouer tout le budget de ses vacances sur un pari organisé sous forme d'une vente aux enchères: il s'agit pour les joueurs de déterminer la moyenne de la vitesse du bateau... Tablant sur une tempête violente, il a anticipé que le capitaine serait prudent, mais le lendemain le temps est au beau fixe et le paquebot file à une bonne allure... Il a une idée saugrenue: se jeter à l'eau, sous l'oeil d'une femme (Doreen Lang) qu'il a rencontrée sur le bateau: il faut qu'il y ait un témoin...

C'est à nouveau, après Lamb to the slaughter, une adaptation par Hitchcok d'une nouvelle d'humour macabre de Roald Dahl... Et c'est typique de l'oeuvre de l'auteur Gallois, qui y oppose d'une part la vulgarité de Keenan Wynn, et le snobisme des gens riches qui l'entourent; mais il oppose aussi la classe britannique et le comportement du "héros" Américain. A ce titre, Keenan Wynn y compose un personnage particulièrement désagréable, mais la façon dont une des voyageuses le considère (c'est Fay Wray) est à double tranchant: elle est aussi hautaine, finalement, qu'il est grossier...

C'est un petit film délicieusement ironique, qui repose moins sur le suspense que sur sa chute... Dans tous les sens du terme. Et à propos de sens, le titre est un jeu de mots entre Pool, au sens de piscine, ou d'étendue d'eau d'une part, et du fait qu'un pari collectif est généralement appelé en Anglais un pool.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 17:22

C'est le premier film qui propose l'une des adaptations de quatre nouvelles criminelles ou fantastiques, réalisées par Hitchcock pour sa série Alfred Hitchcock Presents, entre 1958 et 1962. Deux autres nouvelles de l'écrivain Gallois seront également adaptées pour la série mais réalisées par d'autres. D'emblée, on est surpris de l'adéquation entre les deux univers... Dahl aimait à s'amuser du crime, Hitchcock le moraliste prenait parfois le parti d'en rire. Mais ici l'humour est noir, très noir, et bien inattendu...

Un policier rentre chez lui, sa femme (Barbara Bel Geddes) est enceinte et elle lui montre une immense douceur, lui promettant monts et merveilles afin qu'il se sente aussi bien que possible. Mais il est froid, distant et finit par lui annoncer son départ: il la quitte pour une autre. Elle refuse et le tue avec un gigot d'agneau qu'elle vient juste de retirer du congélateur. Puis elle met la viande à cuire, et arrange l'endroit: elle part faire des courses et en revenant fait tomber son sac de victuailles afin qu'on croie à sa surprise. Puis elle téléphone à la police...

C'est d'une telle simplicité, qu'il fallait y penser. En choisissant de devenir une criminelle aussi froide que possible (et après tout elle y a été provoquée), Mrs Maloney fait les choses tellement bien qu'on en oublierait facilement que son geste foi, froid, assumé, est à la base un crime du type passionnel. Le film entre d'ailleurs dans une autre dimension quand, une fois la police prévenue, l'intrigue pousse le spectateur à avoir peur pour Mary Maloney que les limiers qui mènent l'enquête ne trouvent la solution avant que le gigot ne soit prêt...

Une fois de plus nous sommes amenés à prendre parti pour un/une coupable, le fait est qu'en prime, une meurtrière y compris chez Hitchcock a rarement eu, au cinéma, d'incarnation aussi calme et douce que Barbara Bel Geddes, qui venait de tourner pour Hitchcock dans un tout autre type de film: Vertigo.

 

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV
22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 17:21

Quel dommage qu'Hitchcock n'ait jamais travaillé, à part pour ce film de la série Alfred Hitchcock Presents, avec Vincent Price... l'acteur le plus gothique de sa génération et le metteur en scène de Rebecca et Under Capricorn auraient eu des choses à partager sans doute. Mais le rationnel irrationnel Hitchcock avait sans doute besoin d'acteurs moins, disons, marqués que lui...

Ici, donc, Price est un détective Charles Courtney, qui a une très haute opinion de lui-même. Il reçoit la visite chez lui d'un avocat (James Gregory), et après les banalités d'usage et la visite du musée personnel de Courtney, composé de pièces qui sont des souvenirs des affaires qu'il a élucidées, l'invité dit à son ami qu'il a commis un jour une erreur judiciaire; il lui raconte l'affaire dans le détail, afin de prouver ce qu'il avance...

La cible du metteur en scène, dans un premier temps, est la vanité incroyable de Courtney, qui est persuadé être incapable de faire une erreur. Et les deux hommes se battent à armes inégales, car Courtney et sa vanité ne font pas le poids devant les arguments de son invité. Mais très vite, le film rend justice à son titre, car l'avocat va raconter à son ami comment l'épouse adultère a tué son mari en comptant plus ou moins sur la dévotion de son amant, que le détective Courtney s'est empressé de juger coupable. ...Parce que l'homme en question, désireux d'épargner la femme qu'il aime, a tout fait pour cela.

Et Courtney, qui a dans ses collections une place vide, celle d'un "crime parfait", donc quelque chose à laquelle, selon ses convictions, il ne sera jamais confronté puisqu'il est supposé déjouer toutes les ruses et machinations, voit donc ses certitudes flancher...

A côté du huis-clos formé par le duo, Hitchcock insère des flash-backs "objectifs", une objectivité mise à mal par le fait qu'ils sont commentés par les deux rivaux en voix off. il s'amuse à y rejouer le cinéma muet, avec des plans d'une clarté impressionnante. Et on y constate que le metteur en scène s'y est adonné à quelque chose qu'il n'a fait que très rarement: la scène se situe vers 1910, le film est donc l'un des rares "films en costumes" de son oeuvre.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock TV Alfred Hitchcock presents
13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 14:52

Hitchcock avait lu Poe, et s'amuse à nous faire une variation sur The Pit and the Pendulum avec ce film court, réalisé pour la télévision. 48 minutes: voilà le temps dont le metteur en scène dispose pour nous raconter une histoire extrêmement bien exposée, on connait son talent en matière de pédagogie lorsqu'il s'agit de donner au spectateur toutes les informations nécessaires au suspense. Il installe donc l'histoire de cet horloger irascible (E.G. Marshall) qui envoie paître ses clients le temps de s'essayer à la construction d'une petite bombe... Resté seul, il ponctue l'expérience de remarques qui trahissent sa colère... Il se rend chez lui, et cuisine son épouse sur tous les détails qui clochent dans la maison: un fromage que tous deux détestent, des bières qui disparaissent trop vite, un mégot suspect dans le cendrier... autant d'indices qui lui permettent de conclure à l'infidélité de son épouse, et qui disent au spectateur ce qu'il faut attendre: il va faire exploser les amants infidèles avec sa maison!

...Lorsqu'il met son plan à éxécution, l'homme a tout prévu, sauf qu'après avoir installé sa machine infernale, et rêglé son réveil sur 16 heures, il serait assailli dans sa cave par deux cambrioleurs, ligoté et baillonné puis installé devant le cadran qui égrène les minutes qui mènent à l'explosion de sa bombe et donc à sa propre mort. D'autant qu'il entend au-dessus de lui une conversation entre son épouse et un inconnu qui lui prouve qu'il avait faux sur toute la ligne quant à ses soupçons!

Le film devient forcément extrêmement prenant, prouvant s'il en était besoin que ce dont on a besoin pour obtenir un vrai suspense, c'est de maitriser les tenants et aboutissants d'une situation à 90 ou 95 %: on connait ici le risque (L'issue fatale), la future victime, l'heure... On sait aussi que ligoté et baillonné, il ne peut ni appeler à l'aide ni arrêter la marche inéluctable de la mort; alors reste à espérer avec lui qu'une intervention extérieure lui permettra de s'en sortir. Le temps passe, inexorablement...

Certes, le personnage est désagréable, et le fait qu'il se soit trompé sur son épouse n'arrange rien, mais le sel de la situation, c'est que l'on se surprend à le plaindre, et comme souvent, on souhaite évidemment qu'il s'en sorte. Hitchcock nous rend solidaires d'un sale type qui était prèt à transformer son épouse et son hypothétique amant en poudre, mais il faut bien reconnaitre que c'est au mieux un minable, au pire un pauvre type! Et on le plaint sincèrement parce que c'est comme ça que l'homme réagit devant une telle situation.

D'une certaine manière, dans la bulle confortable de la télévision, débarasseé de l'obligation de faire briller ses stars, Hitchcock se laisse aller à une transgression que ses films de long métrage ont du attendre un peu plus longtemps, même si on a par endroits une vraie solidarité de suspense inquiet pour le Norman Bates de Psycho (La scène durant laquelle il fait disparaitre une voiture dans un marécage), le prochain sale type de l'oeuvre d'Alfred Hitchcock, c'est un peu Jon Finch dans Frenzy. ...quoique lui au moins n'avait pas d'intentions homicides!

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock TV Alfred Hitchcock presents
13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 14:31

Hitchcock a réalisé trois films en 1957, tous pour la télévision... C'est sans doute que le travail sur le long métrage qui s'annonçait (Vertigo) a posé des problèmes inédits de préparation, mais il se peut aussi que le médium l'intéressait de plus en plus: j'imagine qu'il a été décidé de lui confier la direction et la supervision d'une série afin de retranscrire son style à la télévision, mais il me semble que la série est devenue un laboratoire dans lequel il a puisé de nouvelles idées... Ce film de la série Alfred Hitchcock presents anticipe sur un chef d'oeuvre: Psycho. Il recyclera dans le long métrage cette économie de moyen, cette rigueur et cette évidence de la mise en scène, tournée vers trois objectifs: narration, économie de moyens et effet maximum...

On est prévenu par la séquence d'introduction, comme d'habitude présentée par le maître: "il s'agira ici de régler un problème: l'épouse". Peut-être faudrait-il dénombrer les cas où le suspense ou les données criminelles tournaient autour du meurtre conjugal (Suspicion, Young and innocent, The Paradine Case, Under Capricorn, Stage fright, Rear window, ou Mr Blanchard's secret, et après cette période, Frenzy... Je suis sûr d'en oublier); mais ce film révolutionne l'affaire en commençant par une séquence, aperçue depuis l'extérieur d'une fenêtre: un mari est excédé par l'agacement verbal constant de son épouse, et la tue dans un mouvement de colère. La musique pren toute la place sur la bande-son, première audace, car la télévision, bien souvent, c'était (et c'est toujours) de la parlote. Ici, le son est utilisé strictement pour des raisons de réalisme, et toute la première partie à l'exception de la dernière minute se passera de dialogue intelligible. Deuxième audace: en une minute, on a tout, depuis le prétexte (ce qui n'excuse rien du meurtre) jusqu'au meurtre lui-même...

Puis le monsieur doit agir et se débarrasser du corps, il va donc le placer dans sa voiture, et partir, la trouille de se faire prendre chevillée au corps... Alors quand un policier l'arrête, il a peur... mais c'est que sa voiture a un problème. Durant tout ce qui va suivre le suspense est phénoménal, bien qu'il ne s'agisse que de discussions entre un policier, un garagiste, et un conducteur... Nous ne pouvons nous empêcher d'être à son côté, bien que nous sachions qu'il a le cadavre de son épouse dans le coffre...

Et quand le danger revient pour lui, nous constatons avec ironie que ce qui risque bien de lui coûter sa liberté, c'est un simple problème mécanique. Le réalisateur, suprème audace, ne nous montrera même pas la coda du film, l'arrestation, car c'est inutile: le visage du personnage principal et sa réaction nous siffisent à comprendre qu'il a perdu la partie...

Ce quotidien nocturne des routes de la campagne Californienne, cette audacieuse assimilation du criminel à un héros, et la façon dont la mise en scène nous embarque avec lui, mais aussi la peur du gendarme (un aspect évident de Psycho), tout ici tient d ela synthèse de l'univers trouble du metteur en scène, et ces 25 minutes sont à leur façon un chef d'oeuvre... noir.

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Published by François Massarelli - dans Alfred Hitchcock Alfred Hitchcock presents TV