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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 08:19
Up the river (John Ford, 1930)

Le parlant en était encore à ses balbutiements lorsque Ford a réalisé ce film, une comédie sans grande prétention qui témoigne au moins de sa capacité à s'adapter à la nouvelle donne cinématographique. S'il est un aspect du film qui nous pouse à nous y intéresser aujourd'hui, c'est bien sur la présence de jeunes acteurs venus du théâtre, et qui tranchaient sur les jeunes premiers favorisés par les studios en cette époque de tout-parlant et tout-chantant, par leur naturel et leur aura: Spencer Tracy et Humphrey Bogart. C'est d'ailleurs sans doute à Tracy, vedette en titre du film pour son tout premier rôle dans un long métrage, qu'on doit la présence de Bogart, les deux étant à l'époque très proches. Si Bogart est encore un peu vert, mal à l'aise dans un rôle qui tranche sur sa future personalité cinématographique (Sauf lorsque le personnage doit montrer les dents, sans surprise...), Tracy est déjà là et bien là... Pour le reste, cette comédie d'évasion et d eprison est largement, comme on dit, "sympathique":

On y asiste aux aventures de Saint Louis (Tracy), un professionnel de l'évasion carcérale, qui est une vedette confirmée dans toutes les prisons où il passe... Et ne fait que passer. Mais le film se concentre essentiellement sur une évasion qu'il va mettre à profit pour venir en aide à un ancien copain de prison, Steve Jordan (Bogart), d'une bonne famille de la Nouvelle Angleterre, dont l'image est menacée par un escroc qui menace de révéler son passé de taulard à sa famille. Saint Louis s'évade donc uniquement pour régler le problème, et promet de revenir...

Mineur dans la carrière de Ford qui en ces débuts du parlant attendait, un peu maussade, qu'on lui donne de vrais bons sujets à la Fox après ses oeuvres personnelles de 1924 à 1928, on pense en voyant ce film à un autre auteur: Ford considérait, disait-il jusque dans les années 60, le film Fox The honor system de son collègue Raoul Walsh (Sorti en 1917, et hélas perdu), comme le meilleur qu'il auit jamais vu. Le film exposait avec un style coup de poing la violence et la brutalité de la vie en prison, ainsi que les liens des prisonniers avec l'extérieur, généralement situés dans une ambiance d'uintimidation et de corruption politique... Au vu de ce qui est pour Ford son seul film "de prison", on se dit qu'il a laissé passer une belle occasion!

Néanmoins,le film reste quand même d'un niveau honnête, avec la diction rapide typique des films de prison, mais si on cherche ici un film coup de poing à la Big house, on sera déçu: la prison ressemble surtout à un endroit sympa, ou les hommes parlent fort, mais s'amusent à organiser des spectacles et des matchs de base-ball, avec la complicité du directeur de la prison, et tout ce petit monde reluque en permanence du côté de la prison pour femmes située juste à côté des bâtiments pour les hommes... C'est malgré tout le plus distrayant des trois films de 1930 (Les deux autres sont Born Reckless, et Men Without women, dont seule une copie partiellement parlante a survécu), en dépit de la qualité douteuse de la seule copie ayant survécu... On pourra toujours y chercher un lointain cousinage avec les scènes de camaraderie et de comédie des films de cavalerie des années 40-50, ou des ingrédients qui rattachent ce petit film du folklore des comédies Sudistes indolentes qui n'allaient pas tarder à raviver le petit univers de Ford, quelques années plus tard, toujours pour la Fox. Et à propos de l'univers Fordien, le film nous permet d'assister à la correction d'un grand barraqué qui s'en prend aux plus faibles, et qui est interprété par... Ward Bond.

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Published by François Massarelli - dans John Ford Pre-code Comédie