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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 11:11

Die Spinnen était un film décérébré, qui singeait Feuillade en surface mais qui n'allait nulle part si ce n'est pour commencer un long flirt avec les tunnels et autres souterrains pour le cinéaste. Harakiri, film pour rien, sombrait dans le ridicule le plus hilarant en grimant Lil Dagover et Georg John en Japonais... Mais ce film change tout. Lang y travaille pour la première fois avec deux personnes qui compteront énormément dans a décennie qui s'annonce, et quitte les villes Allemandes pour aller tourner en Montagne. Dans les Alpes Bavaroises, le cinéaste va trouver un monde à sa démesure, et va se laisser aller au mélodrame le plus concentré: excessif et compliqué, certes, mais aussi glorieusement improbable, fait de coïncidences toutes plus hallucinantes les unes que les autres, et tout entier dirigé vers un final qui transcende le ridicule pour toucher à la poésie la plus exquise. 

Et pourtant ce n'était pas gagné au vu du script, et de sa star: Irmgard (Mia May) fuit une situation compliquée, qui semble faire d'elle la veuve d'un homme décédé, Georg Vanderheit, en même temps que la légitime épouse de son frère John (Hans Marr)! Il y a une histoire d'héritage, forcément, et un jeune homme, Wil Brand (Rudolf Klein-Rogge), le neveu de Georg, a pour mission de tirer ça au clair. Mais lorsqu'il rencontre Irmgard, il tombe instantanément amoureux d'elle. C'est dans un train en partance pour les Alpes, mais ce qu'il ne sait pas, c'est que John va chercher Irmgard lui aussi, dans le but de la supprimer, car elle en sait trop sur lui, et le seul moyen pour le frère félon de récupérer l'héritage est de supprimer la jeune femme. Et la montagne, avec ses dangers, est pour lui le meilleur moyen...

Vous avez dit compliqué? Et encore, ce qui précède n'est qu'une tentative de résumer, en simplifiant, une intrigue qui se paie en prime le luxe d'ajouter des ramifications en flash-back! Mais ce script de Thea Von Harbou, le premier pour Lang, est surtout un prétexte à coups de théâtre, à surprises improbables (Quoi, Georg? Vous êtes donc encore vivant?) qui donnent des coups d'accélérateur, et qui vont faire passer cette pauvre Irmgard par toutes les couleurs du spectre! Mais la montagne Bavaroise, avec cette montée de l'héroïne vers son destin, et sa statue énigmatique qui donne son titre au film (L'image vagabonde: il est question d'un serment qui est effectué par Georg qui promet de revenir vers le monde si la statue de la Madone qui est située à quelques pas de son chalet se met à marcher...) permettent à Lang et au chef-opérateur Guido Seeber de donner le meilleur d'eux-mêmes, à des années-lumière de toute tentation expressionniste. Lang tire aussi bénéfice d'une avalanche de cailloux, qui lui permet, au moins pour un instant, d'ensevelir ses deux héros qui vont, enfin, pouvoir chacun livrer leur vérité.

Bref: passionnant, stimulant, et prometteur, ce pourrait bien être la naissance du Lang que nous aimons et admirons, en compagnie de ses complices Klein-Rogge (Bien en retrait toutefois) et Von Harbou.

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Published by François Massarelli - dans Fritz Lang Muet 1920 **