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10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 18:27

C'est un genre à part entière du cinéma Allemand, il est particulièrement méconnu, et même a priori mal vu. C'est pourtant, à en juger par ce film, plutôt intéressant: ça s'appelle les "Monumentalfilms"! Manfred Noa avait déjà, en 1922, obtenu un succès important avec Nathan le sage, d'après un roman de Gotthold Ephraïm Lessing, qui s'était attiré les foudres de l'extrême-droite pour son portrait positif des Juifs... Helena, c'est tout autre chose: retour aux sources de la mythologie, avec une adaptation aussi rigoureuse que possible de L'Iliade, le film est énorme, en deux parties, et très impressionnant. 

On part du début, de la rencontre inattendue de Helène, reine de Sparte, humiliée par son mari, et de Paris, héritier exilé de Troie... les deux tombent dans les bras l'un de l'autre, ce qui va déclencher la fureur des Grecs, une guerre, beaucoup d'ennuis, et au final la destruction de la ville de Troie... Au passage, on aura vu des mythes, incarnés avec panache et conviction, parfois, sans doute, un peu trop: Priam (Albert Steinruck), le roi de Troie, aveuglé par son refus du destin, et rendu fou par la perspective de la fin de sa ville; Paris (Wladimir Gajdarov), qui a choisi la voie de l'amour, et s'est fermé à toute sagesse politique ou guerrière, entraînant la chute de sa cité dans son amour aveuglé pour la Belle Hélène; Achille (Carlo Alini), obsédé par les victoires et rendu sourd aux appels de ses amis, avant de perdre son "poulain" Patrocle, ce qui va entraîner sa colère, et pour finir, sa mort... Enfin, Hélène, blessée par une décision qu'elle ne comprend pas (Une célébration dans laquelle son mari va l'utiliser contre son gré), et qui va prendre une série de décisions qui vont entraîner le chaos... Mais Hélène (Edy Darclea), la douce, la passive et l'ambiguë, jamais émue semble-t-il devant toutes les horreurs découlant de son geste...

Oui, aucun de ces personnages n'est unidimensionnel, ils nous sont livrés avec leurs contradictions, leurs qualités et leurs défauts, et c'est impressionnant de voir comment Noa a su nous inviter à prendre part dans cette histoire sans nous perdre... De même, le metteur en scène a utilisé avec soin le décor: il y a peu de matte-paintings, ici, et ça se voit! Même le fameux cheval est construit en plein! Il y a une course de chars au début, et une bataille navale... ce qui me permet de lancer l'hypothèse que Noa souhaitait se mettre en concurrence directe avec le Ben-Hur de Niblo, dont les clous (et les mésaventures de tournage!) étaient dans toutes les gazettes Européennes au moment du tournage de ce film! 

Bon, on va le dire franchement, le film de Niblo n'avait pas grand chose à craindre... Mais ce film monumental divisé en deux parties, et totalisant plus de trois heures et demie, se défend fort agréablement!

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 1924 *