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13 avril 2018 5 13 /04 /avril /2018 09:55

Pour bien comprendre l'enjeu de ce film, il faut se livrer à une équation un peu inédite: Duvivier, en partenariat avec Fernandel et Bernard Blier, adaptent un roman noir de James Hadley Chase, en ne négligeant aucun aspect: la comédie, et le film noir. Le résultat aurait pu être un désastre, ou tout bonnement quelque chose d'étrange et d'ingérable... Après tout, même La fête à Henriette est un film qui souffre parfois du mélange des genres: cette manie qu'a Duvivier de demander à pencher la caméra à chaque fois qu'on est supposé être dans la tragédie! Mais pas de ça avec ce film qui a au moins l'avantage d'être cohérent, dans son intrigue comme dans sa mise en scène.

Et mieux encore: si la versatilité de Blier ne faisait aucun doute pour le spectateur de 1957 (quoique... on ne l'avait encore jamais vu sous l'angle abordé dans ce film!), Fernandel était loin d'avoir eu la chance d'interpréter un rôle comme celui-ci. Son clarinettiste pris dans la poisse est un mélange très convaincant de personnage à la Fernandel, avec sa gaucherie et son visage si éminemment expressif, et de M. tout-le-monde, un type sans histoire, sans relief. Bref, un médiocre, joué de façon directe par le grand comédien.

Albert Constantin est clarinettiste au Châtelet, et c'est un type sans rien pour lui. Il est marié, et son épouse va partir visiter sa famille. Un copain hautbois lui suggère d'aller rendre une petite visite à mademoiselle Eva, une danseuse du Châtelet qui arrondit se fins de mois en recevant des messieurs dans son petit appartement... Après de nombreuses hésitations, il se rend sur place, et... va être aux premières loges pour le meurtre de la jeune femme, dont il va instantanément devenir le suspect numéro un, d'autant qu'il n'a pas vu l'assassin (contrairement à nous autres spectateurs), et qu'il est repéré par un certain nombre de personnes: une "collègue" d'Eva, et un sale type, M. Raphaël, un voisin un peu trop amical qui a une vocation assumée de maître-chanteur...

Le scénario ci-dessus se serait probablement suffi à lui-même, mais duvivier et son co-scénariste René Barjavel ont chargé la barque, en voulant probablement rester fidèle au roman de Chase (Tiger by the tail) qu'ils adaptaient. Autour du meurtre, se greffent des histoires compliquées autour de gangsters qui trafiquent de l'or, et ça vire au n'importe quoi. Mais le plus passionnant, c'est le brave type un peu minable qui se retrouve à la fois soupçonné d'un meurtre, et aux prises d'un maître chanteur aussi déterminé qu'il est ignoble... Et si on applaudit Fernandel, qui est splendide dans son rôle (qui inclut de la comédie physique, fort bien menée par Duvivier pour qui ce 'était certes pas une tradition), que penser de Blier? Il est parfait, comme d'habitude. Quant à la vision de Duvivier, toujours aussi noir, elle est partout dans ce cauchemar éveillé qui a souvent l'amabilité de nous faire rire.

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier Comédie Noir