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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 16:51

Une maison de geishas, à Tokyo: les femmes qui y travaillent se serrent les coudes ou se chamaillent, mais elles sont quand même le plus souvent aussi soudées que possible. Sauf que les temps sont durs: les femmes ne rajeunissent pas, les jeunes recrues manquent à l'appel, et l'établissement est facilement à la merci de la vilenie des autres, comme cet homme qui vient les faire chanter parce qu'il sait qu'une femme qui y a été employée était en dessous de l'âge légal. Et il accuse la maison de l'avoir prostituée... Mais surtout, les solutions financières qui s'offrent à la patronne, Tsuta (Isuzu Yamada), sont souvent insatisfaisantes, et cachent de sombres desseins...

Avant tout, c'est une galerie de portraits qui s'offre à nous, sous les anecdotes qui s'enchaînent. Naruse consacre l'essentiel de sa mise en scène à organiser les allées et venues dans l'établissement, et à dresser des liens ténus entre les êtres, les lieux et le temps qui passe. Sans aucune rupture chronologique, il nous invite à suivre en huis-clos ou presque, le devenir des personnes qui travaillent, entre débrouille et coups d'éclat, entre fâcherie et réconciliation. Ce n'est pas un hasard s'il a choisi les plus grandes actrices pour son film; outre Isuzu Yamada, il a aussi convoqué Kinuyo Tanaka pour jouer le personnage qui sera l'un des fils rouges du film, la bonne Rika, qui arrive pour travailler au début du film, mais que tout le monde appellera Oharu.

Et la fille de Tsuta est interprétée par Hideko Takamine, magistrale dans l'une de ses 20 interprétations pour Naruse. Son personnage de Yatsuko est celle qui résiste à l'idée de devenir geisha, et se cherche justement une profession durant tout le film. Son regard sur la maisonnée est un mélange d'affection sans illusions pour les êtres qu'elle côtoie, et d'un réalisme froid: la jeune femme sait que les jours de l'établissement que tient sa mère sont comptés. 

Le regard est tendre mais sans concession, et le ton est souvent enlevé, sans jamais se départir d'une certaine dose de pathos. Il ne faudrait évidemment pas s'imaginer qu'on est face à une comédie, ni face à un film misérabiliste: ne pas confondre, au passage, ce film avec les oeuvres de Mizoguchi (La rue de la Honte, par exemple) qui traitent eux plus spécifiquement de la prostitution; si les deux terrains sont parfois dangereusement proches, la gratification sexuelle n'est pas une loi absolue du métier d'une geisha; le film joue pourtant un peu de cette ambiguité, avec le nombre d'allusions aux ravages de l'âge...

 

 

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Published by François Massarelli - dans Mikio Naruse