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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 17:08

Keaton aime a encadrer ses films d'une manière unique et a souvent cherché des débuts ou des fins qui marquent, sans pour autant qu'ils aient un rapport évident avec le reste du film. ici, c'est un intertitre bateau, nous annonçant la lente montée du soleil au matin, suivi d'un plan animé nous montrant un soleil extrêmement pressé. La séquence qui suit est étrange, et totalement détachée du reste du film, à part pour un détail: dans ce film, Joe Roberts et Buster Keaton vivent ensemble, n'étant antagonistes que sur un seul point, qu'on verra plus tard. C'est à ma connaissance le seul cas de film dans lequel ils ne soient pas des ennemis (si on s'en tient aux courts métrages qui permettent à Roberts de développer un personnage, par opposition à One week, ou l'acteur n'a qu'une apparition), et le lien entre les deux est mal défini. Un plan nous permet d'établir une hypothèse: il se peut, tout simplement, qu'ils soient frères.

 

Ils habitent dans une maison ou tout est rationnalisé, automatisé, avec une ingénierie compliquée mais fonctionnelle, dont ils usent calmement, surement et sans heurts. Ils en sont probablement les co-inventeurs, mais la vision de ces cinq minutes est hallucinante: chaque objet a deux ou trois utilités, tel le fourneau-gramophone, ou la table qui une fois retournée debient un cadre attaché au mur. un ensemble de cables accrochés au plafond leur permet d'avoir accès durant le repas au poivre, sel, etc... C'est le Buster ingénieur que l'on retrouve, celui qui ne cherche pas à nous faire rire aux larmes, mais bien à nous épater. D'ailleurs, une fois quittée la maison, les deux hommes se sretrouvent dans un film bien plus traditionnel: ils sont tous les deux employés dans une ferme, et courtisent la même jeune femme (Sybil Seely), dont le père, un vieux bougon brutal, est joué par un vieux bougon brutal: Joe Keaton.

 

Le reste du film conte donc la rivalité pas trop agressive entre les deux hommes pour gagner le coeur de la belle. Celle-ci est mise à contribution en particulier pour improviser un pas de danse qui va conduire à une série de quiproquos. Alors qu'elle danse, elle tombe nez à nez avec Roberts, un peu embarrassé. Elle lui demande assistance sur son ballet, et Buster arrive et les trouve enlacés. Il se lance dans une lamentable grande scène de jalousie ultra mal jouée, prouvant que le propos de ce film est surtout de s'amuser un peu... j'en retiens pourtant des gags étranges et attachants, tel cette course-poursuite entre Buster et le chien Luke (De Roscoe Arbuckle) ou ce beau plan qui voit la jeune fille faire son choix, et enlacer enfin Buster. Celui-ci, totalement immobile et apparemment impassible, manifeste son émotion en fermant les yeux quelques secondes... Sinon, le final voit le jeune couple dans une moto avec side-car, embarquer un prêtre, qui les marie, mais l'équipage se retrouve dans une rivière, donc dans l'eau, élément Keatonien par excellence (TOUS SES FILMS!!!!). La mariage, oui, mais une fois marié, semble-t-il nous dire, tout tombe à l'eau!!

 

Voilà, c'est le 4e film de Buster Keaton, sorti en 1921, et l'équipe est en place. De grandes choses vont bientôt pouvoir à nouveau se jouer après ces aimables mais un peu maigres amusements... Pour finir, le titre est du au déguisement d'épouvantail que Keaton est à un moment amené à utiliser pour échapper à son poursuivant canin.

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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Comédie