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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 18:51

Avec son septième film, paru après Je ne regrette pas ma jeunesse et Un merveilleux dimanche, Kurosawa passe vraiment à la vitese supérieure, trouvant dans le film noir et atmosphérique un vecteur efficace pour continuer son évocation du japon de l'après-guerre, et couplant deux merveilleux acteurs qui vont, séparément ou ensemble, énormément lui apporter. de fait, aucun des 16 films qui suivront ne se fera sans l'un, l'autre, ou les deux: takashi Shimura est la star de clui-ci, ce qui est notable dans la mesure ou il était plutôt abonné aux petits rôles avant ce film. Kurosawa lui donnera souvent un rôle important, dans les Sept Samouraïs et Ikiru en particulier. Sinon, dans le second rôle du yakuza tuberculeux soigné par le docteur alcoolique de Shimura, on voit enfin Toshiro Mifune apparaitre chez Kurosawa... faut-il le présenter? Un choix heureux, qui selon moi a changé la course du monde, pas moins!

 

Le docteur Sanada vit dans un taudis, autant par choix (il veut soigner les laissés-pour-compte) que parce qu'il est lui-même un peu une épave; il se prévient contre les infections et les maladies en absorbant des doses massives d'alcool. Un soir, alors qu'il soigne la plaie par balle d'un yakuza, Matsunaga, il constate que celui-ci, comme beaucoup de ses "clients", est atteint de tuberculose, à un stade très avancé. Il va tout faire pour intervenir, et du même coup les deux hommes vont se confronter, et abolir ensemble d'une façon étonnante les frontières entre le bien et le mal....

 

Un médecin alcoolique, des mares de boues fumantes, des êtres déclassés (Le premier plan est sans compromission, montrant des prostituées qui jettent des cigarettes devant un lac de détritus), et la tuberculose qui rôde: maladie de l'intérieur, on sait que de tous temps cette maladie a été particulièrement eficace dans le cinéma de fiction, représentant à elle seule tous les maux de l'être humain, ceux qui le mangent de l'intérieur. A ce titre, la métamorphose du très dangereux et violent Matsunaga en un ange mortel de la vengeance dans ce film âpre est un très grand moment de cinéma. La peinture d'un monde en pleine panade, dans lequel un vieil alccolique tente de faire ce qu'il peut pour améliorer le sort d'autant de personnes possible. Après une sepctaculaire flambée de violence, la fin tend à montrer que c'est effectivement possible, grâce à la guérison d'une petite fille qui désormais peut elle aussi avancer. mais c'est au prix de nombreux sacrifices: combien de Matsunaga mourront? Et combien de temps l'ange ivre va-t-il tenir, compte tenu de sa consommation impressionnante de liquides? Un très grand film, qui est un peu la seconde naissance d'un très grand cinéaste.

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Published by François Massarelli - dans Akira Kurosawa Noir Criterion