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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 17:15

A nouveau produit par la Société des Films Historiques, Le joueur d'échecs fait donc suite dans la carrière de Raymond Bernard au Miracle des loups, et on se réjouit de voir un film habité par la fougue et l'ingéniosité, ainsi qu'un scénario superbement construit, à nouveau par Bernard et Jean-José Frappa. Les interprètes en sont excellents, et on ne regrette pas de passer deux heures et quart en compagnie de ce film, qui dès son introduction, se passe sur un plan dynamique plutôt que didactique (En lieu et place donc des leçons d'histoire un tantinet nationalistes du Miracle des Loups): En pleine occupation Russe de la Pologne, des soldats Russes passent, la nuit dans une ville aux rues désertes de Lithuanie, et une femme qui était seule dehors se fait tuer par l'un des soldats. Pendant ce temps, dans une résidence cossue, les partisans de l'indépendance se retrouvent et chantent ensemble des hymnes, jusqu'à ce que l'une d'entre eux donne l'alarme, en entendant les bruits des sabots des chevaux Russes. Une brillante exposition qui paradoxalement met l'accent sur le son (chants, bruits de sabots), tout en utilisant montage alterné avec assurance, et reste éminemment visuelle: un tour de force.

On apprend ainsi à connaître un grand nombre de personnages dans une intrigue qui a été installée avec clarté dans un pays occupé, dont l'enjeu sera bien sur la résistance des uns face aux autres. Les résistants sont en particulier Boleslas Vorowski (Pierre Blanchar), son amie Sophie Novinska (Edith Jehanne), symbole même de la résistance, mais dont les origines mystérieuses vont apporter un petit plus à la deuxième partie. Moins impliqué en raison de son âge, le baron Kempelen (Charles Dullin), qui fabrique des automates, est l'un des rares à connaître le secret de Sophie. Du coté Russe, on fera la connaissance de l'impératrice Catherine, pas moins (Marcelle Dullin), mais aussi de Serge Oblomoff (Pierre Batcheff), meilleur ami de Boleslas en dépit de leurs différences, et son ordonnance Roubenko (Armand Bernard), qui fournit un peu de comédie, et enfin le major Nicolaieff, véritable méchant de l'intrigue joué par Camille Bert.

Les aventures de Boleslas et de ses amis, qui le dissimuleront dans un automate afin de le faire passer la frontière, mais seront retenus bien malgré eux à la cour de Russie, sont parsemées de moments de bravoure, dans lesquels un nationalisme relativement léger s'installe: la scène au cours de laquelle Sophie vit à distance une bataille malheureuse pour son camp, et tente de conjurer le désespoir en chantant à tue-tête au piano un air martial, imaginant aussitôt la victoire comme devant un écran en cinémascope, a été souvent relevée par Kevin Brownlow comme l'un des meilleurs exemples de ce que les Français pouvaient avoir de fougue cinématographique communicative. Une autre scène formidable nous montre  la fin de l'automate joueur d'échecs, qui donne son titre au film, fusillé sur ordre de Catherine, et dont on n'est pas sur qu'il n'y ait personne de dissimulé à l'intérieur, une séquence haute en couleurs, elle-même alternée avec une scène lugubre qui voit Nicolaieff s'introduire chez Kempelen, et déclencher pour son malheur des pièges imaginés par l'étrange Baron...

Bref, c'est un grand film d'aventures, qui réussit à maintenir le spectateur en haleine pendant plus de deux heures sans faillir. une réussite qui en appelait d'autres, mais à la fin du muet les prétentions du cinéma français allaient se voir drastiquement réduites hélas. Raison de plus pour se pencher sur ce réjouissant spectacle.

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Published by François Massarelli - dans Muet Raymond Bernard 1926 *