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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 17:42

State of the union, c'est cette adresse annuelle du président des Etats-Unis à la nation, visant à faire le point au début de l'année sur l'"état de l'union". C'est aussi, pour Capra, le moment de faire le point sur la politique Américaine au sortir de 16 ans de gouvernements menés par les Démocrates. Capra a toujours été un républicain frustré, en particulier depuis l'accession au pouvoir de Roosevelt, qui allait entraîner débacles sur débacles pour le G.O.P., le "grand old party", les Républicains. La frustration venait du fait que le populisme tel que le pratiquait Capra, ce mélange d'individualisme vigilant et de bon sens généreux, s'incarnait finalement plus dans le parti Démocrate que chez les Républicains qui commençaient alors une dérive de plus en plus droitière qui les a menés vers Nixon, puis Reagan. en tout cas, entre 1932 et 1948, aucun candidat décent n'a surnagé dans le parti.

 

State of the union est basé sur une pièce de théâtre très politique, sise dans les entrailles même du parti, auprès de Sybil Thorndyke (Angela Lansbury, excellente), l'héritière d'un empire de presse d'obédience Républicaine, qui a décidé de "faire" un candidat, avec la collaboration de Jim Conover (Adolphe Menjou), le maitre ès-coups fourrés du parti. Sybil a personnellement jeté son dévolu sur Grant Matthews (Spencer Tracy), un self made-man proche de l'esprit Républicain, et qui n'a jusqu'ici jamais fait de politique. Le premier problème, c'est que c'est aussi son amant, et qu'il va falloir faire revenir Mrs Matthews (Katharine Hepburn) sur le devant de la scène si on veut que la nation suive... le second problème, cela va être de transformer un honnête idéaliste à la Longfellow Deeds en un candidat que le parti puisse suivre, mais qui ne rebute pas les électeurs...

 

http://groovyvic.mu.nu/archives/images/310_BIG_-_STATE_OF_THE_UNION_P.jpgGrant Matthews poursuit l'évolution et le vieillissement des personnages de Capra, après Deeds, Smith, George Bailey, Matthews est déja marié, ne s'entend plus avec son épouse, et est assez désenchanté. Il est déja sous la coupe de l'intrigante Sybil au mment ou le film commence, mais celle-ci est aussi un étonnant mélange de raison et de sentiments, elle n'est pas tout d'une pièce. Capra s'amuse à mettre en scène les coulisses de la politique, affichant un certain désenchantement lui aussi à l'égard du manque d'idéaux des acteurs de la chose publique. A la fin du film, il s'esquisse même un spectaculaire retournement de vetse, qui tendrait à nous faire dire que les Démocrates et les Républicains sont tous les mêmes... Mais il ne s'agit pas pour l'auteur de Mr Smith Goes to Washington de se contenter de clamer son désoeuvrement ou un quelconque dégoût de la politique, il montre aussi de quelle manière c'est est une chose à laquelle on prend goût. Entré malgré lui dans l'arêne, Matthews est désormais persuadé d'être l'homme de la situation. Il est mordu...

 

C'est donc un petit Capra, le dernier film politique de l'auteur. On le sent à l'aise avec ses acteurs (Tous plus ou moins liés par contrat avec le distributeur du film, la MGM), et la mayonnaise prend forcément avec ses deux acteurs principaux, mais la pièce prend quand même beaucoup de place... Et le film sera un échec, le deuxième consécutif après le classique It's a wonderful life, qui scellera le destin désastreux de Liberty films, et précipitera Capra vers des films indignes de lui, puis vers une retraite, qui sera l'une des plus longues de Hollywood...

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Published by François Massarelli - dans Frank Capra