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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 20:52

Un petit théâtre un brin miteux, qui présente un spectacle de music-hall classique, fait de numéros sensationnels, de numéros musicaux, et autres dresseurs de singe. Buster en est l'accessoiriste-machiniste-homme à tout faire, maltraité par tous, y compris Joe Roberts, qui est son supérieur, mais met aussi les pieds sur scène quand il le faut. Et ce personnage de rien du tout, qui bien sur a une vie des plus tristes, rêve... Les six premières minutes de ce film sont en fait le rêve du machiniste, qui se voit sur les planches, lui aussi, mais aussi dans le public: 28 Keaton sont donc dans un théâtre. La scène est célèbre, et est un tour de force parfaitement amené: Keaton entre dans le théâtre après avoir payé sa place, et... voyez le film.

 

Ce rêve, sinon, serait un peu gratuit s'il n'était prolongé par une scène durant laquelle Buster, encore dans son rêve, ne voyait des jumelles (l'une d'entre elles, toujours filmée de loin, était Virginia Fox), mais chacune à son tour. Puis, il les voit toutes deux ensembles, face à un miroir chacune... Désespéré par ce qu'il croit être le début de la folie, il aperçoit son triple reflet dans les trois miroirs d'une loge, et comprend finalement qu'il n'a pas la berlue. Le thème de la multiplication des Busters y trouve un bel écho, mais les jumelles, si elles justifient a posteriori la cohésion de la présence du rêve, disparaissent du film avant de revenir sans crier gare à la fin. Cette enfilade bon enfant de gags liés aux planches, dans lesquels Buster fait montre de son talent et de son savoir-faire en absolument tout (Y compris quand il faut être un singe, il pousse la logique jusqu'au bout), reste un film certes spectaculaire, mais qui manque de substance. Sauf, sans doute, pour les hallucinantes premières minutes, techniquement superbes, et dont les images, comme souvent avec Keaton, vont vous hanter toute votre vie.

Et c'est aussi un film très privé, dans lequel Buster Keaton, enfant de la balle parfois littéralement torturé sur scène par un père indigne, semble régler ses comptes, non seulement avec le milieu, ses exigences et sa cruauté, mais aussi dans une scène de déluge inattendu, avec le public consentant de ces spectacles d'enchaînements surréalistes dans lesquels les artistes laissaient parfois des plumes...

The playhouse (Buster Keaton & Eddie Cline, 1921)
The playhouse (Buster Keaton & Eddie Cline, 1921)
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Published by François Massarelli - dans Buster Keaton Muet Comédie