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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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26 octobre 2017 4 26 /10 /octobre /2017 17:42

Dans les années 80, dans un pays qui pourrait être la Pologne, mais une Pologne parallèle, deux sirènes sortent de l'eau... Leur premier contact avec la race humaine pour cette sortie en ville, sera une rencontre avec trois musiciens: un trio, composé d'un batteur, d'un bassiste et d'une chanteuse qui joue aussi des claviers. Ils travaillent pour une boîte de nuit qui sert de showcase aussi bien à des musiciens qu'à des strip-teaseuses, et le patron choisit de laisser leur chance aux deux sirènes, qui vont vite devenir un numéro à succès; tout irait pour le mieux dans le plus musical des mondes, s'il n'y avait un petit problème: d'un côté, Silver, la sirène blonde, tombe vite amoureuse du bassiste du groupe.

Ce qui pose en effet des soucis: elle n'est pas humaine, et ne peut avoir accès à ses organes génitaux qu'en tant que sirène. Ca freine un peu la fringale. Et de l'autre côté, cet appétit de Silver pour l'humanité énerve sa copine Golden, la brune. Elle aussi développe un appétit certain pour la race humaine, mais le mot est à prendre au sens littéral.

Un film d'horreur musical? Pourquoi pas après tout! D'autant que le genre a des classiques (Auxquels je ne me référerai pas, d'autant qu'ils n'ont rien à voir avec ce film venu d'une autre planète), et que tout est possible. Et Agnieszka Smoczyńska, décidément fascinée par les rapports étroits entre musique et sexualité féminine, a choisi d'utiliser du disco synthétique ultra-mélodique pour mettre en musique cette histoire qu'elle met en images au premier degré. Ca aurait pu être une catastrophe (voir à ce sujet Mamma Mia!, le film dont tous ceux qui y ont trempé devraient être fusillés sur-le-champ), mais ça marche à fond, ne serait-ce qu'en donnant une cohérence à cet univers de robes moulantes, de boules à paillettes, de Kohl aux yeux et de cheveux décolorés... 

Elle a aussi obtenu de ses acteurs un don total de soi, ce qui n'était pas forcément facile pour les deux principales protagonistes, qui passent les trois quarts du film à déambuler dans le plus simple appareil, ou éventuellement avec une queue de poisson encombrante (Et bien sûr "finie" en 3D, ce qui a le bon goût de ne pas se voir). Mais Marta Mazurek (Silver) et Michalina Olszanska (Golden) ne sont pas que la Blonde et la Brune, la fragile et la méchante. Elles vont beaucoup plus loin et posent effectivement des questions sur la féminité (Ainsi, crûment, Silver souhaite savoir si elle peut être une femme sans pour autant avoir d'organes génitaux...), le passage à la sexualité, le respect dû à la femme (Quand Golden a une fringale, on se débarrasse d'elles sans trop de ménagements...), et l'entraide.

Mais surtout, surtout, son conte est une formidable histoire au ton ironique, racontée avec ce qu'il faut d'humour et de froideur. de quoi y revenir avec délices...

 

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Published by François Massarelli - dans Agnieszka Smoczyńska Criterion
26 octobre 2017 4 26 /10 /octobre /2017 17:25

Ce film de dix-sept minutes renvoie aux riches (et forcément un peu austères) heures du documentaire made in Poland, tel qu'il était pratiqué par Zanussi ou Kieslovski dans les années 70: peu ou pas d'implication du metteur en scène, et la vie captée comme si c'était possible de le faire sans intervenir. Or justement, on sait bien que c'est impossible, et la réalisatrice le sait tout aussi bien... Alors ce portrait sans fard d'une cantatrice à la fin de sa vie et de sa carrière se double d'une sorte de parcours inattendu...

Le sujet du film est la soprano Maria Foltyn (1924 - 2012), grande figure de l'opéra Polonais. En 2009, ayant depuis belle lurette cessé son activité de chanteuse, elle était encore active pour conseiller de jeunes chanteuses, et devenir ni plus ni moins que leur mentor. Et elle se livre, tout en faisant tout pour ne pas le faire, à la caméra: on la voit en effet tenter d'esquiver une question sur ses amours, mais aussi cornaquer avec puissance son élève. Finalement, elle répondra à la question, mais n'ira pas au bout de ses révélations croustillantes sur un haut dignitaire Moscovite en poste à Cuba!

Et derrière l'exercice de style assez classique d'un portrait en action d'un monstre sacré, se dresse la vie intérieure hallucinante d'une petite femme, handicapée, accrochée à son passé comme d'autres à leur trône, qui continue comme si sa passion allait lui survivre à travers les musiciens qu'elle accompagne, à demander toujours plus: plus de sensualité, plus de feu. "Plus sexy", dit-elle!

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Published by François Massarelli - dans Agnieszka Smoczyńska
26 octobre 2017 4 26 /10 /octobre /2017 16:56

Le premier film de Smoczyńska est un moyen métrage, réalisé dans le cadre de ses études de réalisation à l'institut Andrzej Wajda. Elle y conte la vie de tous les jours d'une jeune femme (Gabriela Muskala), une mère de famille qui a choisi de rester mère au foyer, dans un immeuble du centre de Varsovie. Elle est mariée à un homme qui n'est pas un monstre, loin de là, mais elle a un manque affectif ou en tout cas un déficit de romantisme, qui s'exprime très clairement à travers une scène, durant laquelle elle regarde avec envie un couple qui s'embrasse pendant qu'elle est dehors avec son mari et ses deux enfants. Deux jumeaux, dont elle dit elle-même qu'elle les confond parfois...

Un jour, elle entend la voix d'une femme, quand elle est dans sa salle de bain. Une cantatrice (Katarzyna Figura) qui fait des vocalises... Elle l'entend de nouveau à l'occasion, puis un jour elle rencontre la chanteuse, une femme habillée de fourrures. La fascination s'installe, et la jeune femme n'a de cesse que de se rapprocher de sa voisine, d'autant que celle-ci va partir pour une longue tournée...

La frustration d'une jeune femme, qui entend ne rien céder à la fatalité sur le terrain de ses idéaux romantiques... mais n'entend pas non plus abandonner son choix de rester en retrait de la vie active afin de s'occuper de ses enfants. la cantatrice lointaine,mystérieuse et tentatrice qui la laissera s'approcher représente tout le poids de ces frustrations et contradictions, et des questions qu'une femme de 30 ans est peut-être amenée à se poser un moment. L'attirance des deux femmes l'une pour l'autre est-elle la même? Disons qu'elles se répondent: l'une souhaite sortir de son cocon sans se renier, l'autre a tout, mais... elle est seule, erratique, et épouvantablement triste. Le monde est mal fait...

Ce film, en revanche, ne l'est pas: la réalisatrice sait même injecter de l'humour dans cette histoire sombre de destins croisés, sait éviter d'en dire trop, et se repose sur un casting de choix. En particulier Gabriela Muskala, qui a beau nous véhiculer son point de vue, mais reste quand même celle qui, à la fin, en a le moins dit...

Et d'ailleurs, sa vie continue. Le très joli dernier plan du film nous montre la petite famille qui joue avec des ballons de baudruche de couleur orange. Ils les lâchent, et la caméra les capte alors qu'ils sont loin, loin... à la fin, tout bas d'un plan, on ne voit qu'une toute petite tâche orange qui s'agite.

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Published by François Massarelli - dans Agnieszka Smoczyńska