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2 décembre 2021 4 02 /12 /décembre /2021 08:00

Allemagne, années 70: Léopold (Bernard Giraudeau) a ramené dans son bel appartement le jeune Franz, 20 ans (Malik Zidi), qui se demande bien pourquoi au lieu de se rendre à son rendez-vous avec sa petite amie, il a suivi le vieux beau... Celui-ci fait rapidement évoluer la conversation vers l'inévitable et six mois plus tard, Franz est toujours là, mais le couple n'est pas heureux, sauf au lit... Franz, qui n'a plus qu'une obsession, soit quitter l'emprise dévastatrice que son amant a sur lui, contacte Anna (Ludivine Sagnier) pour l'aider, pendant que Véra (Anna Thompson), l'ancien(ne) compagnon/gne de Léopold, débarque après plusieurs années d'absence...

C'est l'adaptation d'une pièce de rainer Werner Fassbinder, et Ozon s'est manifestement beaucoup amusé à grimer ses acteurs et à décorer un appartement dans le style de l'époque voulue... c'est donc volontairement assez moche, et chaque acte respecte l'unité de lieu et de temps. Pourtant Ozon, qui aime à provoquer, choisit des angles de prise de vue, au plus près des acteurs, qui lui permettent d'aérer le tout: l'un de ces exemples est le plan de Giraudeau, assis, qui tout à coup se lève sans que la caméra ne le suive. Résultat, le plan devient un gros plan du pantalon au niveau des parties génitales... 

Fassbinder, un couple gay insatisfait, c'est bien sûr un film militant. Mais que c'est glauque! Giraudeau est excellent, bien sûr, en sale type qui gère son emprise sur les autres en étant absolument odieux, mais on finit par souffrir de sa méchanceté. Le reste du casting (uniquement 4 acteurs) est moyen, avec une mention spéciale toutefois pour Ludivine Sagnier, qui n'est pourtant gâtée ni par le script ni par la coiffure! 

Pour résumer, Ozon nous dit que c'est une comédie, donc on eut bien le croire, mais il faudra un jour expliquer aux auteurs français qu'un gag et une scène excentrique par film n'en font pas nécessairement une comédie... C'est agaçant.

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Published by François Massarelli - dans François Ozon Comédie
4 juillet 2021 7 04 /07 /juillet /2021 09:10

Sachons nous méfier de ces films qui gardent tout pour la fin, en semblant constamment nous dire: vous allez voir ce que vous allez voir... Les meilleurs de ces films à énigmes, bien sûr, se bonifient à chaque vision, car cette structure à révélations (c'est le fils qui a tué les victimes car il est schizophrène, c'est le faux mort qui a fait le coup, c'est l'enfance, symbolisée par un traîneau, c'est le handicapé qui nous a monté un bobard pendant son interrogatoire, Luke je suis ton père, etc) est en fait un leurre, une amabilité habile mais qui cache de plus profondes révélations sur l'âme humaine... Oui, il est passionnant quand on connaît la fin des Diaboliques, d'y revenir et d'appréhender différemment la noire vision de l'humanité selon Clouzot...

Pas ici, jamais. Parce que si Ozon a tout fait pour placer la possibilité d'une énigme, il a oublié de mettre autre chose dans son film, du moins autre chose qu'une lourdeur plastique, une lourdeur thématique (ce plan d'introduction, si j'ose dire, d'un sexe féminin ouvert pendant un examen gynécologique) et un côté porno-chic, et des dialogues atroces, mais balbutiés sans conviction par des pantins que l'invraisemblance permanente condamne à ne pas être crédible une seule seconde. Je n'ai rien contre l'invraisemblance au cinéma, mais quand elle confine au jean-foutisme à ce point, c'est un crime. 

Incidemment, c'est l'histoire d'une femme dont la névrose se bâtit autour d'une situation inattendue: elle est en couple avec un homme, mais a des rendez-vous secrets avec le jumeau secret de ce dernier. La belle affaire...

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Published by François Massarelli - dans François Ozon Navets
23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 10:27

Sarah Morton (Charlotte Rampling) écrit des romans policiers, et obtient un grand succès... Auprès des dames d'un certain âge, manifestement, les seules qui la reconnaissent dans le métro. Elle a envie d'autre chose, peut-être par exemple que son éditeur John Bosload (Charles Dances) lui montre un peu d'intérêt... Celui-ci lui fait une proposition qui paraît intéressante: il lui propose de se rendre dans une maison qu'il possède au Sud de la France, dans le très cinégénique arrière-pays Niçois. Elle pense qu'il l'y rejoindra et se rend sur place, où elle apprécie le calme.

Sauf qu'après un jour ou deux, une jeune femme débarque: Julie (Ludivine Sagnier) est la fille de John, née d'une mère française; elle habite sur place, et a décidé sur un coup de tête de quitter son travail et de se rendre à la villa de son papa, sans savoir que celle-ci est occupée. Srah voulait de la tranquillité, c'est fini... Car Julie a une vie bien remplie, de laisser-aller permanent et de rencontres d'un soir: ce dernier fait impressionne beaucoup Sarah...

Très rapidement, on constate que quelque chose se passe dans la narration, qui n'est pas normal: deux courtes scènes en particulier qui se font écho, comme des rimes salaces... Dans l'une on voit Julie allongée au bord de la piscine, en maillot de bain. A son côté on voit les jambes d'un homme, dont nous ne savions pas qu'il était là... La caméra monte et cadre son visage avant un autre plan de... son maillot de bain. Il s'y sent à l'étroit... La séquence continue en nous montrant les deux qui se caressent sans se toucher l'un l'autre. Quelques temps plus tard, alors que Sarah professe son peu de goût pour les piscines, c'est à son tour de se trouver au même endroit après avoir nagé. A ses côtés, les jambes d'un homme: c'est le vieux jardinier... Au-delà du gag du décalage entre les deux hommes, ces séquences sont intrigantes par le fait qu'elles ne s'inscrivent dans aucun vrai cadre narratif et qu'elles semblent nous indiquer que tout ce qui nous est montré n'est tout bonnement pas vrai.

Dans le récit de la confrontation entre Sarah, la romancière en panne d'inspiration, et Julie, la jeune fille à papa qui ne trouve pas sa voie, il y a des allers et retours troublants, qui vont bien au-delà de cette image de porno chic que le film a acquis, avec cette publicité systématiquement axée sur le corps et la sensualité de Ludivine Sagnier. Le metteur en scène glisse de la confrontation douloureuse de deux univers, vers un thriller où Sarah sera plus à l'aise. Et il le fait en revenant, à l'occasion, en arrière, en laissant Sarah, donc, redéfinir ce qu'elle a vu et entendu, à la lumière d'un meurtre inattendu...

Le jeu de point de vue est donc absolument fantastique: car qui nous raconte cette histoire? Ozon? Sarah? Voire... Julie, ou un autre personnage? Et la fin, non contente de nous aiguiller quand même dans une certaine direction qui permet, un peu, de nous éclairer sur le sens de cette intrigue, nous assène malgré tout un coup sur la tête, en faisant repartir la moulinette à questions. La fin est plus qu'ouverte: elle est béante... 

 

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Published by François Massarelli - dans François Ozon Noir