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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 21:15

Le Petit Nicolas (Mathéo Boisselier), dans ses éternelles années 50-60, part en vacances avec ses parents (Valérie Lemercier et Kad Merad), et sa grand-mère (Dominique Lavanant). Il part avec une mission, écrire à son amie Marie-Edwige, d'autant que celle-ci l'a gentiment embrassé avant leur séparation. Bien sûr, il va trouver des copains en vacances à la mer, et bien sûr ses parents vont se disputer, un peu. Et il va aussi y avoir dans la vie de cette petite famille, l'irruption d'une autre famille (Judith Henry et Bouli Lanners), surnommée les Bernique (c'est une longue histoire), avec leur fille Isabelle que Nicolas va prendre en grippe...

Laurent Tirard avait réussi une sympathique adaptation des histoires du Petit Nicolas dans un film de 2009 dont la plupart des personnages adultes étaient interprétés par les mêmes acteurs que dans ce film... Un long métrage respectueux du personnage de Sempé et Goscinny, qui remettait plutôt bien en selle un univers surranné, gentiment humoristique, et donnait envie de reprendre à la source, c'est à dire de relire les nouvelles originales... Le problème avec ce film, c'est donc de se réapproprier cet univers dans le but probable de pérenniser une franchise... Donc cette fois, on peut le dire, en tant qu'adaptation, ce n'est pas tout à fait ça!

Mais l'intérêt c'est sans doute l'aspect carte postale, une sorte de plaisir vaguement coupable, de retour aux années 60, avec les couleurs pastel qu'on leur imagine, la mode, les voitures, les façons de parler, et des souvenirs d'enfance des parents des jeunes et moins jeunes spectateurs... Car ceux-là ne s'y retrouveront certainement pas. Cette France dans laquelle la femme ne travaille pas (ou pas toujours), où la belle-mère est l'ennemie du papa, qui de son côté fait tousser tout le monde avec sa pipe... Par contre, on aurait certainement pu appeler ce film Les vacances des parents du Petit Nicolas! Il leur arrive beaucoup de choses, en paticulier un risque sur leur union, à cause de fréquentations mal venues (sans parler de l'inévitable épisode "naturiste", un cliché depuis Le Gendarme...

Oui, ce n'est pas une référence des plus nobles...

De son côté, Nicolas (l'acteur a changé, pour des raisons évidentes) est souvent la victime des circonstances. Les meilleurs moments proviennent comme chez Goscinny du décalage entre les circonstances et la compréhension qu'en a Nicolas.

Mais bon, la limite du film (parfaitement sympathique, même si moins que le précédent) c'est précisément de venir après tant d'autres... à commencer par Les Vacances de M. Hulot! Et en s'éloignant de la spécificité des récits originaux, et de la narration de Nicolas (assez limitée ici), on perd en esprit, quand même...

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Published by François Massarelli - dans Comédie René Goscinny
3 janvier 2024 3 03 /01 /janvier /2024 21:07

Après une introduction dans laquelle les mots de René Goscinny prennent toute la place qui leur revient et qui permet au narrateur-héros Nicolas (Maxime Godard) de nous présenter son petit monde, un générique revient sur ce qu'est vraiment ce Petit Nicolas: un héros de papier, dessiné par Sempé et mis en aventures par le talent de l'un des plus fins manieurs de la langue française qui ait été... Le générique a été intégralement conçu par une animation de bouts de papier ornés des personnages de la série. 

On ne quittera pas vraiment la série de récits de Goscinny, et si bien sûr les héros de chair et d'os ne ressemblent pas à ces modèles, le choix de Laurent Tirard a été de se situer dans une sorte d'univers parallèle qui renvoie aux années 60 des nouvelles... Kad Merad, le père de Nicolas, fume donc la pipe et est celui qui gagne l'argent du ménage, quand Valérie Lemercier en revanche, est une mère au foyer qui fait la cuisine, porte impeccablement des robes élégantes, et écoute avec patience la complainte de son mari qui est brimé par son patron M. Moucheboume (Daniel Prévost) ou qui se chamaille avec son voisin M Blédur (François Damiens)...

En se servant dans l'univers des nouvelles, et en ne cherchant jamais à trop sortir du cadre qu'elles offrent, l'équipe donne donc à voir un film profondément sympathique, à l'ancienne, avec un sens du détail qui vient nécessairement se substituer à la merveilleuse prose faussement candide de René Goscinny... en douceur. Et parmi les dialoguistes, on trouvera le nom d'Alain Chabat... Les scénaristes ont bien sûr donné ne unité à ce film, en extrapolant, mais sans jamais quitter le ton des récots initiaux, et en saupoudrant de passages obligés, parfois qui passent en un éclair: le père de Nicolas et son poste de télévision, renvoient à une nouvelle;  la visite à Marie-Edwige est aussi un passage obligé... Mais l'intrigue rrenvoie à la cellule familiale immuable de Nicolas: persuadé que sa mère va avoir un enfant, il demande de l'aide à ses copains pour l'aider à se débarrasser de l'hypothétique petit frère...

Et un passage extrapole un peu plus loin en faisant intervenir dans l'intrigue la trace d'une autre oeuvre incontournable de René Goscinny. Pour gagner de l'argent, la bande de copains s'inspire de la lecture de Pilote, en tentant d'escroquer des enfants, en leur faisant boire de la "potion magique"...

Comme toutes les adaptations, on n'en a donc absolument pas besoin. Mais pas du tout! Mais voilà, le plaisir global, le clin d'oeil à une enfance qui est lointaine (et que la plupart d'entre nous n'avons pas vécu du moins pas exactement de cette façon, sans ces culottes courtes permanentes pour commencer!), le timing impeccable des acteurs, la richesse de l'oeuvre source... On est bien. Bien mieux que dans la suite assez peu utile qui sortit 5 ans plus tard.

 

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Published by François Massarelli - dans René Goscinny Comédie
30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 08:58

Les deux amis René Goscinny et Jean-Jacques Sempé ont l'idée de créer un personnage, le Petit Nicolas, qui va prendre vie et les accompagner, jusqu'à 1977 et la mort de l'un de ses créateurs... Sous les idées de René Goscinny, et grâce aux crayons et à la plume de Sempé, le garçon vit à l'écran les aventures qu'ils lui imaginent... la voix d'Alain Chabat donne vie à Goscinny, et Laurent Lafitte incarne Sempé.

Totalement atypique, dans la production normalisée de notre époque si médiocre, ce film exigeant a bien du se planter en beauté quand il est sorti! Aux antipodes des adaptations (charmantes, mais ô combien gnan-gnan) de Laurent Tirard, en "live-action", cette production graphique a délibérément été conçue pour ne pas être une reprise des aventures du personnage telles qu'elles sont parues dans les nouvelles de Goscinny illustrées par Sempé...

Il s'agit plutôt d'un voyage à travers la genèse d'une oeuvre, dans laquelle les créateurs expliqueront au fur et à mesure de l'action, leurs parcours, la façon dont ils se sont rencontrés, mais aussi leur propre vécu: un sentiment d'abandon et de brimades pour Sempé, qui a tout fait pour fuir sa jeunesse, et l'exil pour Goscinny, déplacés en Argentines, et priés par leur famille de ne pas revenir quand la menace des nazis s'est précisée... Des souvenirs douloureux donc, qui sont évoqués avec délicatesse à un enfant de papier...

Occasionnellement, le film bifurque, comme pour illustrer les conséquences de cette rencontre, vers les aventures de Nicolas avec une poignée d'anecdotes, tirées des récits... Mais il y manque un je-ne-sais quoi, un décalage qui était si savoureux dans les récits, devenus trop sages par leur passage au dessin animé. Par contre, le dessin de Sempé sert d'inspiration pour la charte graphique, et c'est une merveille. A aucun moment, on ne quittera le domaine de la création, par contre; les dessins s'animent sous nos yeux, les décors se parent de couleurs (pastel, bien sûr) au fur et à mesure de l'évolution des intrigues...

C'est un pari osé, porté par deux réalisateurs, et une équipe de scénaristes (Michel fessler, Benjamin Massoubre en plus d'Anne Goscinny) et avec l'assentiment de Jean-Jacques Sempé, décédé peu de temps après. Aux antipodes d'une adaptation, un document inattendu sur la création, délicat et exigeant. Un film qui choisit donc une voie inédite pour l'animation...

 

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Published by François Massarelli - dans Animation René Goscinny
24 septembre 2018 1 24 /09 /septembre /2018 17:48

Par où commencer? Par Astérix, par Goscinny, par Chabat? Car ce film n'est pas qu'un succès notable du cinéma français, pas qu'un éclat de rire de 105 minutes en continu, pas qu'une adaptation réussie d'une bande dessinée mythique. C'est un cas unique, un cas d'école. Un ofni absolu, en même temps qu'une oeuvre au culte durable à une époque où la notoriété est bannie pour toute oeuvre qui a plus de dix mois...

A tout prendre, je vais commencer par Astérix: le rendez-vous entre le héros de la bande dessinée la plus connue, la plus vendue, la plus traduite et la plus aimée de la culture francophone avec le cinéma s'est soldé par un certain nombre d'échecs: Albert Uderzo et René Goscinny eux-mêmes, les auteurs, se sont cassé les dents à plusieurs reprises en tentant d'adapter l'oeuvre en dessin animé, en raison d'une situation incontournable: en France, voire en Europe, quels que soient les efforts, quels que soient les talents, on ne sait pas faire de l'animation. Je sais, ça sonne vaguement comme un raccourci à l'emporte-pièce, et je sais qu'il y a sans doute quelques classiques tapis dans un coin ou un autre, pour prouver que j'ai tort. Grimault, Trnka, Starevitch... Mais franchement, ce que visent Goscinny et Uderzo (dont les collègues et amis, Belges ceux-là, Franquin et Morris, ambitionnaient carrément de "travailler pour Walt Disney") dans ces dessins animés, faits avant comme après la mort du scénariste, c'est de concurrencer les Américains. Que ce soit avec Astérix le Gaulois, réalisé en 1967 sans leur accord, ou avec Astérix et Cléopâtre (qu'ils avaient eux-même réalisé en 1968), le moins qu'on puisse dire c'est qu'il en sont loin.

On pourra toujours objecter que leur long métrage de 1976 Les douze travaux d'Astérix avait au moins l'avantage d'être basé sur une idée originale, et qu'il était bien meilleur, c'est d'ailleurs vrai. Mais... Lisez une des bande dessinées, et vous verrez qu'on est loin du compte: la précision hallucinante du dessin d'Albert Uderzo (ce type est un génie, il n'y a pas d'autre mot), le talent fabuleux de Goscinny pour le langage, les dialogues, et un savoir-faire certain pour la construction en histoires de 44 planches, pour la création de personnages et d'univers aussi. Tout ça n'a jamais pu être encapsulé dans un film... Et après les dessins animés, divers et variés, directement ou non reliés aux albums publiés, se sont suivis, sans qu'aucun ne réussisse à faire mieux.

La sortie de l'adaptation par Claude Zidi est une autre affaire: c'est en 1999 que Astérix et Obélix contre César est sorti, avec de vrais acteurs dans de vrais décors. Un film dont la réputation n'est pas très heureuse, mais je ne me prononcerai pas et pour cause: je ne l'ai pas vu... pas envie, et ce dès le titre! En tout cas, vue d'un fan pointilleux de l'oeuvre, c'est avec une certaine hostilité que j'avais pris la nouvelle...

C'est donc à ce stade que le projet arrive entre les mains d'Alain Chabat, heureux réalisateur à l'époque d'un seul long métrage, le très atypique Didier, mais surtout un esthète passionné aussi bien de cinéma, que de culture populaire sous toutes ses formes: télévision, musique, et... bande dessinée, bien sûr. C'est un fan absolu de René Goscinny, qui connaît les Astérix sous toutes les coutures, et qui a un oeil particulièrement aiguisé. Son idée est toute simple: adapter un des meilleurs, des plus cinématographiques récits de Goscinny et Uderzo, sans pour autant y coller servilement, l'erreur globalement commise en 1968 par les auteurs dans leur adaptation médiocre. Et puis il y a aussi l'idée toute simple d'adhérer non seulement à l'oeuvre mais surtout à son esprit, et de laisser l'esprit s'amuser dans un script dont les grandes lignes sont déjà là. Et Chabat a un péché mignon, qui consiste à ne laisse aucun plan indifférent...

Le résultat est superbe, d'abord, et satisfait aussi bien les fans de la bande dessinée que les autres, ceux qui sont attirés vers le film par l'envie d'y passer du bon temps. Un bon temps qui jamais ne se prend au sérieux, mais jamais non plus ne prend les spectateurs pour des courgettes: l'histoire initiale y est respectée, et si la bonne humeur supplémentaire qui y est instillée vient du fameux esprit "canal +", c'est malgré tout un spectacle qui reste en permanence visible par tous (comme du reste tous les films d'Alain Chabat, remarquez), et qui prolonge à sa façon, vers le vingt-et-unième siècle, l'oeuvre géniale de René Goscinny et d'Albert Uderzo, dont les ajouts sont souvent un clin d'oeil aguerri: par exemple les aventures supplémentaires des pirates sont elles parfois inspirées de leurs interventions dans d'autres albums. Mais ce qui me frappe le plus, ce qui me réjouit, c'est que dans un pays où on est persuadé que la comédie, c'est soit La Septième Compagnie, soit Le gendarme, soit Aldo Maccione, soit Les visiteurs, bref d'insupportables navets sans aucune saveur, on a au moins un auteur (et d'autres, regardez Dupontel et Jeunet) capable de construire un film entier avec rigueur, sans jamais ou presque lasser.

Si. Peut-être: je pense que la séquence kung-fu aurait sans doute pu être un peu raccourcie... Mais pour le reste, on peut toujours s'amuser à faire le compte de la façon dont ce film recycle avec génie Chi Mai (Ennio Morricone), Ti amo (Umberto Tozzi), ou encore Alexandrie Alexandra de qui vous savez... On peut toujours rire devant un fragment qui passe de la bande dessinée à Benny Hill en un souffle. On admirera aussi la façon aussi dont on réussit à insérer de façon pertinente dans Astérix I feel good de James Brown, ou simplement le don de Chabat pour mêler comme l'aurait fait Goscinny lui-même la saga Star Wars et Astérix... Il n'oublie pas non plus une partie non négligeable de son public, venue avec les Nuls sur Canal +, lorsque Astérix et Panoramix traitent la potion magique comme un stupéfiant qui fait rire. Juste retour des choses, le film est devenu un film culte chez les utilisateurs d'herbe récréative.

Et puis, Mission Cléopâtre est lui aussi une source inépuisable de bons mots, d'approximations magiques dues à Jamel Debbouze ("De là, à de là"; "Eh, les Romains, vous êtes des Romaines!", ou encore son incapacité à prononcer les noms Gaulois), ou de répliques fabuleuses des uns et des autres: le "ce tombeau sera votre tombeau" de Goscinny, reste en bouche avec Edouard Montoute, qui va le faire voyager un peu, jusqu'à son échange avec Gérard Darmon, et la fameuse réplique "on dit des chacaux?". Edouard Baer n'est pas en reste, en improvisations géniales. Même Claude Rich, l'impayable M. Antoine des Tontons flingueurs enfin devenu le sage druide (un droïde, aurait dit Jamel Debbouze) Panoramix, se fait occasionnellement plaisir. On n'en veut pas du tout à Alain Chabat de s'être réservé le rôle de César (Qu'il ridiculise avec subtilité, mais oui) ou d'avoir confié le rôle de Cléopâtre à l'incapable Monica Bellucci, dont il a tendance à filmer les endroits ronds de façon avantageuse: l'important pour la Reine d'Egypte (dont Chabat, Goscinnyen jusqu'au bout dans sa volonté d'instruire en amusant, nous rappelle qu'elle est quand même "un peu Grecque au départ"), ce n'est pas ce qu'elle dit, mais la posture qu'elle a quand elle le dit.

Tiens, on n'en voudra pas non plus à Chabat d'avoir du engager deux acteurs qu'on déteste: le Depardieu, quel que sont son talent, dont je doute souvent, a au moins peu à faire pour être Obélix, et pour une fois Clavier fait juste ce qu'il faut. Et on passera sur le destin de l'infâme Dieudonné, qui interpréta ici Caïus Céplus avant de passer définitivement du coté nauséabond du côté obscur. 

Bref, inclinons nous avec bonheur devant ce film qui n'oublie pas non plus de convoquer Feu Caïus Pierre Tchernia (qui joue en silence le Centurion Gazpachoandalus, à sa propre demande, tout en offrant sa sublime voix off au film), l'ami de toujours de Goscinny et Uderzo. Une façon de relier pour beaucoup d'entre nous, notre enfance (Astérix), notre adolescence (les Nuls) et notre vie d'adulte: c'est qu'en 2002, j'ai emmené mon fils voir ce film, et on a rigolé du début à la fin comme des crétins. Je sais qu'après ça, le siècle a commencé à sérieusement s'assombrir, mais au moins, avec Mission Cléopâtre, on a une bouée de secours.

Merci René, merci Albert. Et merci Alain.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Alain Chabat René Goscinny
12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 11:43

C'est donc dans le sillage d'une série à succès, créée pour la télévision, que le producteur Marc Du Pontavice et le metteur en scène Olivier Jean-Marie ont lancé ce projet de long métrage, qui s'il n'a pas forcément rencontré le succès escompté, est probablement la plus réussie de toutes les adaptations du personnage de Lucky Luke au cinéma. La série était déjà une relecture de l'oeuvre, entièrement dédiée à des scripts originaux et à une adaptation des codes graphiques de Morris, qui pour moi est l'un des plus importants graphistes de son temps: un génie. Il avait d"ailleurs, selon la légende, donné son accord au projet de série avant de décéder...

On adresse un clin d'oeil amical aux deux auteurs emblématiques, soit Morris bien sur, mais aussi René Goscinny (Dont on se doit de rappeler qu'il n'a pas créé cette série, contrairement à Astérix, Iznogoud ou Oum-Pah-Pah), à travers une petite scène située au début. Vous la reconnaîtrez facilement... C'est normal qu'on remette les pendules à l'heure, car après tout à la base de Tous à l'ouest, se situe l'album La Caravane, l' un des nombreux chefs d'oeuvre de cette série d'albums...

Le script s'en inspire, mais totalement dans l'esprit de Goscinny, si on accepte que le studio Xilam ajoute son grain de sel, volontiers irrévérencieux, mais toujours marqué par une efficacité de rythme qui laisse baba: l'un des gros problèmes, en réalité, du dessin animé Européen, et ce qui a empêché tant d'adaptations (Voir à ce sujet Astérix, les autre Lucky Luke, ou encore La flûte à six Schtroumpfs) de réussir. Dans Tous à l'ouest, ça bouge tout le temps, c'est intelligent, l'animation est composite (Personnages dessinés, décors mélangés et beaucoup de CGI pour les infrastructures, et  les véhicules) et les animateurs s'approprient les personnages à la façon dont Bob Clampett ou Rod Scribner faisaient leur travail à la Warner: rien n'est interdit! les meilleurs passages du film ne sont pas que ce qu'on doit aux auteurs de l'oeuvre adaptée (Le fameux "Est-ce ma faute à moi, s'il y a de la fumée à l'horizon, qui dit qu'il y a de la fumée à l'horizon?"), mais souvent la façon dont on a relevé le défi (Transcrire le langage d'Ugly Barrows, démultiplier les particularismes de certains voyageurs limités dans l'original à Pierre le coiffeur, un croque-mort et le conducteur irascible : mais ici, il y a 80 minutes à fournir!), prolongé les personnages (Ran-tan-plan, et les Dalton) et utilisé à merveille le talent des voix: mention spéciale à Bernard Alane (Averell Dalton, entre autres) et François Morel (Ran-tan-plan), mais aussi à Clovis Cornillac qui est l'un des plus inattendus Joe Dalton qui soit...

Bref, c'est un plaisir de bout en bout. Voilà!

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Published by François Massarelli - dans Animation René Goscinny
31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 09:37

Comme tous les gens qui aiment Astérix, et Goscinny et Uderzo, on ressent un embarras profond lorsqu'une conversation porte sur les films adaptés de l'oeuvre. Si on se réjouit que la renommée de cette bande dessinée lui ait permis d'être aussi souvent transcrite au cinéma (13 fois si on excepte le court métrage Deux romains en gaule, pour la télévision, qui n'était qu'un hommage appuyé, sans réellement s'aventurer dans l'univers du petit Gaulois à la potion magique), on ne peut pas dire que c'est jusquà présent marqué par la réussite. On apprécie les efforts d'un Alain Chabat, dont le Mission Cléopâtre est l'hommage fervent d'un connaisseur, mais le film est qund même sérieusement déséquilibré, comme si le metteur en scène faisait tout pour mettre Christian Clavier et Gérard Depardieu à l'écart... En me relisant, je pense que je le comprend, remarquez... Tout ça pour dire qu'après des films embarrassants, et des dessins inanimés, dont les deux premiers (Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre) qui étaient adaptés au plus près des oeuvres d'origine, sont sans doute les plus indigents, ça fait le plus grand bien d'avoir devant soi une adaptation qui prend le meilleur d'un album, ou presque, et s'en tire avec les honneurs, sans pour autant négliger l'un des aspects les plus importants: oui, ça doit bouger et faire rire, mais le dessin d'Uderzo doit quand même y être rappelé, et à ce niveau, le choix de la 3D s'avère, enfin, la bonne solution. Louis Clichy n'est pas n'importe qui, puisqu'il a fait ses classes d'animateur chez Pixar, et Astier (Principal scénariste, dont la part de réalisateur a essentiellement consisté à diriger les acteurs avant qu'ils soient animés) est désormais établi comme un humoriste rigoureux dont l'univers est fait d'une imprégnation dans une époque, avec des anachronismes surtout basés sur des comportements: voilà qui fait une équipe à même de traiter à sa juste valeur un classique de la série. Et ça marche! le rythme est soutenu sans être hystérique, les personnages y sont globalement respectés, les dialogues bien ouvragés, avec la dose appropriée de réinvention. Et on a en prime l'apparition de trois patronymes Romains rigolos, ingrédient indispensable pour qui doit passer son examen de Goscinnysme: PetitMinus, Appeljus, et le facile mais de bon aloi Travaillerpluspourgagnerplus.

Le Domaine des dieux raconte comment César, avec l'aide de l'architecte Anglaigus, tente de vaincre les Gaulois en leur imposant une invasion d'un genre nouveau: ils font en effet construire des logements de luxe au plus près du village, en poussant (Par des moyens publicitaires) les citoyens Romains à s'y installer. Les Gaulois répugnant à s'attaquer à des civils, on voit bientôt le village envahi par des voisins et voisines qui viennent s'approvisionner, les Gaulois découvrent alors le pouvoir capiteux du miracle économique...

On notera au passage dans le film quelques changements, inhérents au processus d'adaptation d'un album de 44 pages qu'il convient de transformer en un film de 80 minutes, des manques mêmes, sans parler sèchement... La principale transformation consiste surtout en l'absence d'une sous-intrigue marrante comme tout, dans laquelle Obélix se faisait passer pour fou furieux pour provoquer un départ d'une famille du Domaine des Dieux, résultant en l'infiltration des Gaulois. ici, il y a bien infiltration, mais elle se fait de manière plus frontale, et ce n'est pas l'aspect le plus convaincant. Mais j'ose l'avancer, s'il est un détail par lequel on peut juger de la validité d'une adaptation d'Astérix (Au-delà du plaisir de n'y retrouver aucun acteur Sarkozyste, bien entendu), c'est bien...

...Les poules. Car Uderzo, de son propre aveu, ne peut s'empêcher de dessiner des gallinacés dans quasiment toutes les cases de son village Gaulois. Eh bien Clichy l'a vu, l'a intégré, et ça me fait rire comme un gosse. Voilà.

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Published by François Massarelli - dans Animation René Goscinny
5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 08:55

Admirateur inconditionnel de René Clair, Tchernia a réalisé quelques films en plus de son important (Et inclassable, voire "inlabellisable"...) travail pour la télévision: chantre d'un cinéma populaire dominé par l'esprit et l'humour, Ami personnel de René goscinny, c'est au scénariste d'Astérix qu'il a naturellement fait appel pour les scripts de ses deux premiers films: celui-ci et Les gaspards. Et on retrouve bien l'esprit de Goscinny dans cette histoire du siècle vu à travers un viager qui tourne à l'avantage dun vieil homme, Louis Martinet (Michel Serrault), jugé en 1930 à l'article de la mort par son médecin le Dr Galipeau, ce qui pousse celui-ci (Michel Galabru) à flairer la bonne affaire: il persuade son frère (Jean-PIerre Darras) d'acheter en viager une petite maison que Martinet possède à St-Tropez (Un petit village tranquille, peu connu, dans le Var: il n'y a personne...). Ce que les Galipeau ne peuvent pas savoir, c'est que Martinet est en réalité increvable... Et Tchernia réalisateur adopte naturellement un ton, volontiers satirique, dans lequel tout son talent pour l'image et tout son amour du cinéma transparaissent en permanence.

Goscinny révait de transcrire Iznogoud au cinéma... Devenir calife à la place du calife, ou devenir propriétaire de la maison Martinet à la place de Martinet, finalement, c'est kif-kif... On sait dès le départ que ça n'arrivera jamais, le propos est donc ailleurs: dansle reflet des turbulences du siècle vues à travers le petit bout de la lorgnette des préjugés (Politiques, xénophobes, moraux) de la famille Galipeau, des Français médiocres que Goscinny et Tchernia se plaisent à sérieusement égratigner, tout en nous laissant voir leur point de vue: là encore, on n'approuve pas Iznogoud, mais on le suit dans ses tentatives désespérées de ravir le pouvoir, parce qu'il faut le dire: il nous faut bien rire... Les Galipeau sont donc des "bons Français", menés par un Galabru qui assène à tout bout de champ des "Faites-moi confiance" qui se retournent systématiquement contre lui: il se trompe sur tout, soutenant qu'Hitler n'a aucun avenir, dénonçant le courageux Martinet à la collaboration, mais la lettre arrive en pleine libération, etc... Et le siècle se passe en images aussi: le film se joue du passage du temps, grâce aux actualités cinématographiques: Tchernia se plait occasionnellement à intégrer des images authentiques dans son intrigue, et y fait quelques digressions: la plus célèbre est l'explication par des dessins d'enfant (Par le petit Gotlib...) du principe du viager, mais il y a aussi une séquence qui met en images les fantasmes de la cinquième colonne à l'époque de la drôle de guerre, avec Michel serrault en espion Allemand. Une fois encore, Tchernia fait mouche, en démontrant que chez les médiocres, il ne suffit pas de convoiter le bien d'autrui, il faut encore les parer de tous les vices. Et pourtant les Galipeau, des vices, ils n'en manquent pas! Faites-moi confiance...

Le film est en fait, comme beaucoup d'oeuvres de Goscinny (Le petit Nicolas en tête, mais il y en a d'autres, dont Les Dingodossiers) un reflet d'une certaine vision de notre pays et de ses mentalités, mises en valeur par le déroulement si riche en évènements forts, de l'histoire du vingtième siècle: les révélateurs sont, dans l'ordre d'arrivée, le Front Populaire (Dont les avancées sociales scandalisent le Dr Galipeau), la conférence de Munich ("Vous verrez, il va s'écraser votre Hitler"), la seconde Guerre mondiale ("On va rigoler"), la débâcle, l'exode, la collaboration, le débarquement en Provence (Mis en scène par Tchernia avec une redoutable efficacité et une économie de moyens assez remarquable: Martinet jardine, une moto passe avec deux soldats Allemands, poursuivis quelques secondes après par une jeep pleine de G.Is...), la Libération, les trente glorieuses (Durant lesquelles bien sur les Galipeau, qui versent un loyer de plus en plus cher à Martinet, sont devenus pauvres) et enfin la France de Pompidou dans laquelle la domination des médias se met en route (On y voit un député qui vole littéralement la vedette dans une séquence d'actualités, et un réalisateur de télévision qui n'est autre que Tchernia lui-même). Dans tout ça, on appréciera l'esprit et le talent caractéristique de Goscinny, et la verve parfois sarcastique de Tchernia: car si on parle ici des mêmes choses, on est loin de l'esprit bon enfant du Petit Nicolas, et Tchernia n'hésite pas à égratigner certains de ses compatriotes, comme ce collaborateur interprété par Yves Robert, sans parler des affreux Galipeau...

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Published by François Massarelli - dans Comédie Yves Robert René Goscinny