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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 16:45

Ce film, situé dans la filmographie combinée de Lauritzen, Schenstrom et Madsen après Don Quichotte (exactement deux films après), semble partir du principe de tout compliquer: après avoir réalisé un gros film, adapté d'un classique de la littérature, et en Espagne par-dessus le marché, Lauritzen ne pouvait sans doute pas se permettre de se contenter d'une petite comédie domestique... Et c'est là que le bât blesse. Car trop de complication, ça vous flingue un film. Et celui-ci devient assez vite du grand n'importe quoi...

le premier tiers est du très classique: un jeune homme et une jeune femme s'aiment; elle est pensionnaire d'une institution pour jeunes filles comme il faut, et lui est riche: autant dire qu'il est prêt à tous les caprices pour être avec elle. Les premières séquences le voient s'introduire dans l'école, et la surveillante passe semble-t-il son temps à le repérer. Un moment, elle découvre Schenstrom et Madsen qui ont trouvé refuge dans le jardin. Pour les remercier de leur diversion, il les "engage" dans un stratagème qui va vite prendre l'eau: il se font passer tous les trois pour l'équipage d'un yacht qui appartient à la famille du jeune homme (quand je vous le disais) et proposent à l'institution scolaire un voyage pour les jeunes femmes, tous frais payés...

Ce qui aurait fait un sujet suffisant pour une comédie. Mais ce n'est que le prologue! Dans le reste, la jeune femme (au fait, nous la reconnaissons assez facilement, c'est Karin Nellemose, et elle a tourné chez Dreyer deux années auparavant dans Du skal aere din Hustru, Le maître du logis en français) est "invitée" chez des amis de sa famille pour participer à des expériences mystiques, au lieu même (une sorte d'usine ultra-secrète) où les deux "héros" sont séquestrés pour y mener des expériences étranges. Le titre, qui signifie "Pierres-Tonnerre", renvoie justement à de mystérieux explosifs qui sont expérimentés dans le film.

Si vous tenez jusque là... Voilà, pour résumer, un film de vacances qui a bien mal tourné, et qui tend à montrer les limites de la petite entreprise de comédie de Lau Lauritzen.

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Muet 1927 Comédie Schenström & Madsen *
28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 16:29

Le titre veut dire "Méfiez-vous des filles"... Tout un programme, mais une occasion en or de dire que l'une des formules les plus courantes de ces films estivaux (ou pas, car ce film m'a l'air souvent un peu frileux) du trio Schenstrom-Madsen-Lauritzen est l'intrigue dans laquelle une, deux ou tout un groupe de jeunes femmes affriolantes, va (vont) contourner un interdit paternel pour passer du bon temps en compagnie de leurs fiancés. Et c'est précisément ce qui se passe ici, avec un certain nombre d'autres ingrédients...

Donc, deux jeunes hommes et deux jeunes femmes (elles sont soeurs) s'aiment et souhaitent passer du temps ensemble, mais il y a un quiproquo: alors que les deux jeunes femmes (Marguerite Viby, Lili Lani) attendent dans le bureau de leur père, elles voient arriver deux boy-scouts, et croient qu'il s'agit des beaux partis que leur père leur promet... Alors que les beaux partis en question sont précisément leurs fiancés. Elles s'enfuient, afin de "trouver ceux qu'elles aiment vraiment", sans savoir que ceux-ci sont à leurs trousses... Deux choses viennent pimenter le tout: dans leur fuite, elles se réfugient sur un voilier qui appartient à leur père, mais ont la surprise d'y trouver deux traîne-savates (Carl Schenstrom et Harald Madsen) qu'elles ont rencontré dans le train: ceux-ci ont essayé, sans succès manifestement, de trouver un emploi auprès de Monsieur leur père.. Mais le voilier fait naufrage, et les quatre "aventuriers" se réfugient donc sur une plage, dans un petit chalet, où la cohabitation sera difficile entre filles à papa capricieuses, et deux vagabonds un peu débrouillards mais surtout énormément gaffeurs. Surtout quand le chalet en question s'avère être la cachette d'un trésor que deux bandits cherchent désespérément à récupérer.

Les principales sources de gags sont bien sûr dans l'embarras de la cohabitation avec les jeunes femmes, et dans les multiples tentatives des deux bandits de s'inviter dans le chalet. Mais l'inaptitude en tout des deux héros, comme d'habitude, fait merveille. A noter que ce film, un muet tardif (Lauritzen n'avait semble-t-il, pas plus que Murnau ou Chaplin, aucune envie de faire du cinéma parlant, et allait faire de la résistance jusqu'à la fin de 1931) a longtemps été sérieusement raboté dans des versions destinées à la télévision Allemande. De nombreuses séquences, en particulier des scènes impliquant les habituelles bandes de filles en maillot (mais en maillot 1930!) ont retrouvé leur place originale dans la continuité du long métrage grâce aux efforts du DFI, qui ont été particulièrement généreux avec les films de Schenstrom et Madsen...

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Published by François Massarelli - dans 1930 Lau Lauritzen Muet Comédie Schenström & Madsen
28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 11:07

Sur une petite île au large du Danemark, un ornithologue s'est retiré pour y étudier les oiseaux. mais sous le sol de l'île, se trouve une série de galerie, ou des contrebandiers s'agitent. Ceux-ci décident d'envoyer dans les jambes du professeur, qui cherche des domestiques car il va prolonger son installation dans sa grande maison, deux d'entre eux: ce sont bien sûr un petit râblé (Harald Madsen) et un grand dépendu (Carl Schenstrom), qui vont prendre le professeur en amitié.

...Par contre, les rapports sont difficiles avec la gouvernante. celle-ci a des vues sur le professeur, et le pousse à adopter un enfant: il le fait, mais au lieu d'un bébé, c'est une jeune femme qui vient. Et le professeur, pour la première fois, semble se désintéresser de ses chères études.

C'est au moins farfelu, et si je ne suis pas sûr de mon résumé à 100%, au moins c'est compatible avec le raccourci que j'ai vu. Pour une fois, ça m'a l'air complet, il n'y manquerait plus que les intertitres. Les meilleurs moments du film sont sans doute ceux où les deux personnages principaux prennent possession de leur fonction et se lancent involontairement bien sûr dans une destruction à peu près systématique de la cuisine... Une bagarre finale et souterraine, aussi, qui donne à Madsen un rôle intéressant de "machine à baffes". Bref: du slapstick pur dans lequel on peut s'amuser à chercher la connexion jamais confirmée entre ce duo de comédiens, et un autre tellement plus connu.

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Published by François Massarelli - dans 1924 Muet Lau Lauritzen Comédie Schenström & Madsen
20 avril 2019 6 20 /04 /avril /2019 17:23

Comme Cocktails, de Monty Banks, ce long métrage est une curiosité tournée en Grande-Bretagne, mais ce sera la dernière fois que Harald Madsen et Carl Schenström tourneront si loin de chez eux. Ils feront de nouveau des films hors du Danemark dans les années 30 avant le décès de Schenström, mais ce sera en Suède ou en Allemagne. Pour le reste, il n'y a pas grand chose à dire de ce film, si ce n'est que c'est du grand n'importe quoi...

En perse, un magicien est appelé à retrouver un tapis volant qui s'est échappé. On le retrouve à Londres, où il est tombé: plus précisément dans un terrain vague, où un bus antédiluvien attend qu'on veuille bien l'utiliser... ce que vont justement faire Alf (Madsen) et Bill (Schenström), deux copains. Avec leur bus et "leur" tapis volant, ils vont aider une jeune femme et le petit ami de celle-ci à retrouver son père disparu...

Il est à noter que c'est le premier film (partiellement) parlant des deux comédiens, et que la publicité de l'époque vantait l'authenticité de l'accent cockney. Ce qui me fait penser qu'il y a probablement eu un doublage... mais pour s'en rendre compte, ce n'est pas avec les copies en circulation: la version raccourcie de la ZDF est comme toutes les autres: muette. Ce qui donne, du reste, un certain charme à un film qui en manque sans doute cruellement...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1929 Schenström & Madsen Comédie
20 avril 2019 6 20 /04 /avril /2019 09:43

Ce film est une véritable curiosité, dont l'existence même pose de nombreuses questions: qu'est-ce que Monty Banks, comédien Italo-Américain qui n'a jamais vraiment percé (disons qu'on ne l'associera pas avec Chaplin, Langdon, Keaton, Laurel ou Lloyd...) faisait à Londres en 1928? Pourquoi lui a-t-on confié ce film? Et par dessus tout, qui a laissé faire les transgressions contenues dans cette étrange comédie burlesque Britannique?

Sur un transatlantique, nous faisons la connaissance d'un certain nombre de personnes: un gentil jeune couple d'amoureux, la femme de chambre de la jeune femme, un escroc international et sa bande, trafiquants de drogue, et deux pickpockets alcooliques: concernant ces derniers, nous avons deux transgressions en une: que Fy Og Bi (Doublepatte et Patachon) soient des escrocs minables, passe encore, mais de redoutables pickpockets, ça ne leur va pas - et l'alcoolisme pratiqué par Madsen ici comme une religion et qui donne d'ailleurs son nom au film, ça fait très bizarre!

L'intrigue concerne le fait que pour écarter les soupçons, le bandit va se débarrasser d'un peu de cocaïne, en la cachant dans le vêtement du jeune amoureux, qui va immédiatement avoir des ennuis avec la justice. Les seuls témoins sont les deux vagabonds, mais ceux-ci sont débarqués dans un port par l'équipage: bref, course-poursuite, quiproquos divers, etc...

C'est plaisant, autant qu'une comédie décérébrée puisse l'être. Mais si on comprend très bien que la compagnie British International Pictures, qui souhaitait faire honneur à son nom, ait voulu faire du cinéma avec les deux immenses vedettes européennes qu'étaient Harald Madsen et Carl Schenström, j'aimerais savoir comment ce dernier a été amené à trahir son personnage et se laissant raser la moustache, et en apparaissant à la fin du film sous son vrai visage, celui d'un gentleman, certes grand, mais surtout élégant et semble-t-il désespérément normal. Oui: normal. Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark...

 

 

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Published by François Massarelli - dans 1928 Muet Schenström & Madsen Comédie
19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 18:42

Le titre signifie "Afrique, droit devant!", et ça s'explique aisément: alors que Schenström-le-maigre et Madsen-le-petit-rablé travaillent dans une taverne à matelots, une émeute provoque un raid. Parmi les clients, il y a deux charmantes jeunes femmes qui ont fait le mur de leur somptueuse propriété pendant un bal costumé, et dont les soupirants les ont lâchement abandonnées. Les deux héros inattendus les déguisent en marins, pour traverser le port, mais se font attraper par l'équipage d'un cargo qui les embarque de force: direction l'Afrique, donc, où une partie du film a été tournée.

...Ou plus précisément les Canaries, mais une chose est sûre: ce n'est absolument pas au Danemark que ce film au budget probablement conséquent (une preuve de l'importance de l'équipe Lauritzen-Schenström-Madsen pour la Palladium) a été tourné... C'est l'un des meilleurs, et aussi sans aucun doute les plus politiquement incorrects avec sa tribu Africaine qui semble regarder avec une certaine envie l'embonpoint de Madsen.. Parmi les nombreuses péripéties du film, il y a une évasion, un enlèvement de masse par des indigènes, et diverses tentatives de fraterniser entre les Danois d'un côté, et une tribu Africaine où "Doublepatte et Patachon" sont tellement bien intégrés qu'ils se voient dotés d'épouses...

Mais ça ne les empêche pas de tout faire pour s'enfuir, en compagnie toujours de ces deux femmes dont ils sont responsables, et d'un cuisinier fort sympathique; par contre, dans ce film dont le titre Allemand était Kannibalen, nos héros n'hésitent pas à laisser la tribu agir comme bon lui semble avec deux malfrats qui sont à leurs trousses.

Quoi qu'il en soit, c'est une occasion fort plaisante de voir l'art naïf mais précis de ces pionniers du rire, dont l'humour bon enfant puise aussi bien chez Chaplin (ces sentiments si frontaux) que chez Roscoe Arbuckle (les gestes de précision dans la taverne), et dont les héros sont si faciles à suivre: leur gestuelle, leurs mouvements, leur jeu et les expressions de leurs visages dictent la mise en scène précise et efficace de Lau Lauritzen. et en plus, contrairement à tellement de cas similaires (Prenez Three's a crowd, de Langdon, par exemple), eux au moins ils ont une belle récompense à la fin.

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans 1929 Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet Comédie *
17 avril 2019 3 17 /04 /avril /2019 19:38

C'est le deuxième plus ancien film conservé de la petite entreprise de comédie de Lau Lauritzen avec Carl Schenström et Harald Madsen, et d'une certaine manière on a envie de dire: on prend les mêmes et on recommence! Les deux héros sont de nouveau des vagabonds, à nouveau c'est l'été, et les deux rigolos vont tourner autour du monde presque sans rien y changer...

Un film de trois bobines justifiant bien trois intrigues, il y a ici un père riche et ventripotent qui essaie de reconquérir sa maisonnée et en particulier ses filles qui sont en âge de passer le baccalauréat; il y a aussi des soupirants qui sont prêts à tous les stratagèmes pour approcher les jeunes femmes en question; et bien sûr, deux vagabonds qui ont élu domicile sur un port, pas loin, mais la police les y cherche, il leur faut donc trouver un endroit où se cacher: comme la sainte famille est partie faire du camping sur une île, la maison est vide, donc...

...donc "Doublepatte et Patachon", comme on les appelait, vont s'installer et se comporter en sales gosses, allant jusqu'à enfermer la femme de chambre dans un placard! mais la scène est savoureuse, et servie par une gestuelle de grande précision, et grâce à Schenström et son corps souple de grand échalas, toujours profondément excentrique. Ce n'est peut-être pas le meilleur film du duo, mais il recèle de petits trésors d'humour.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Lau Lauritzen Comédie Muet 1922 Schenström & Madsen
17 avril 2019 3 17 /04 /avril /2019 11:59

C'est l'été, au Danemark, et deux vagabonds ont trouvé une combine intéressante pour se faire de l'argent: ils "photographient" les gens avec une boîte en carton vide, et se font payer les clichés en avance, avant de disparaître. Pour commencer, ils escroquent quelques jeunes femmes sur la plage, en prenant une série de "photos", mais finissent pas ne pas avoir assez pour régler la note de restaurant... La patronne prend alors une décision inattendue: elle les sépare, et garde le plus petit en otage, à charge pour l'autre de revenir et de trouver de quoi payer la note. Mais quand il revient, il a la surprise de constater que son copain va bien, très bien même. On ne peut pas en dire autant de lui...

Le résumé ci-dessus est très incomplet, comme le film qui ne peut être vu aujourd'hui, en attendant mieux, que dans une copie remontée pour la télévision. Afin de compléter mon synopsis, je me suis efforcé de spéculer un peu, sur le fait que Madsen soit pris en otage, et il est évident qu'il manque toute une partie de l'intrigue qui permette d'expliquer comment il se fait que Schenström quitte son copain otage d'une dangereuse matrone, et le retrouve ensuite habillé de frais, fumant tranquillement un énorme cigare comme s'il avait fait cela toute sa vie...

De même, toute l'intrigue sentimentale, qu'on n'appellera pas secondaire car elle a fait l'objet de beaucoup de soin et d'attention, manque-t-elle de clarté: tout au plus voit-on que Greta Nissen, l'actrice Norvégienne qui répondait encore pour une ou deux années au nom de Grethe Rutz-Nissen, est partagée entre deux hommes, et que l'un d'entre eux, particulièrement ombrageux, a l'air parfaitement décidé à avoir recours à la violence contre son rival, même si c'est effectivement lui qui gagne à la fin, à la manifeste satisfaction de tous! Une autre partie de l'intrigue à en croire les photos publiées par le Dansk Filmminstitut, a complètement disparu de la copie que j'ai visionnée: il s'agit d'une quête du père, pour la jeune femme qui est sans doute une orpheline recueillie par la restauratrice? J'émets donc l'hypothèse que Madsen a été retenu en otage justement pour incarner ce père disparu, d'autant que les vêtements choisis pour lui faire endosser ce rôle, sont quasiment les mêmes que ceux du père disparu... Ouf!

Quoi qu'il en soit, et en espérant le voir vraiment un jour et pas seulement une sélection de 24 minutes, ça m'a tout l'air d'être un film majeur de Lauritzen et du duo de comédiens. Ils sont tous les deux très à l'aise en dépit de la transgression opérée par Lauritzen, qui consiste à les séparer, et à donner plus d'importance à l'un d'entre eux. Ce qui n'enlève rien aux mésaventures hilarantes du contorsionniste de génie qu'était Schenström: il essaie de "prendre en photo" un boucher pendant qu'il dévalise sa camionnette, et quand celui-ci s'en aperçoit, il voit rouge: le plan durant lequel le vagabond se fait rouer de coups a été chorégraphié avec génie... Et plus tard, réduit à trouver les pires moyens de subsistance, il se retrouve à interpréter le chaînon manquant dans un cirque... Il est très convaincant.

Lauritzen fait comme il le faisait d'habitude pour ces premières comédies du duo vedette: tournage en été, le plus près possible de la mer, avec une prédilection pour les séquences en plein soleil. Il se dégage de ces films particulièrement bien éclairés et très soignés, une impression de bonheur inattendue pour un habitué du cinéma Danois des origines! Et Lauritzen se laisse volontiers aller à donner à la future Greta Nissen une séquence "petite sirène" d'une coquinerie très assumée...

 

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Lau Lauritzen Schenström & Madsen Muet 1923
18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 17:07

C'est à la Palladium films que Lau Lauritzen va tourner avec Carl Schenstrom (Le grand échalas contorsionniste) et Harald Madsen (le petit râblé) des comédies, dont ceci est l'une des premières, sinon la première, car on n'est pas sûr de la chronologie. Par contre, on sait qu'il s'agit de leur plus ancien film conservé. C'est un moyen métrage de trois bobines, dont la version télévisée existante retient sans doute l'essentiel de l'intrigue, une fois n'est pas coutume:

Durant l'été, sur les bords de la mer du nord, on fait connaissance avec une famille très aisée (les parents: Oscar Tribolt et Olga Svendsen), dans laquelle un baron (Torben Meyer) a décidé de s'incruster en épousant la fille (Ingeborg Bertelsen) de la famille. Sauf que le type est un salopard de la pire espèce, qui est déjà marié, suivant les conventions habituelles du mélodrame... Et la fille est quand même toujours contente de voir son meilleur ami (Victor Montell), un brave garçon, lui. Et deux vagabonds, des rémouleurs miteux (devinez de qui il s'agit) qui traînent dans le coin, interceptent une lettre qui est destiné au traître, et qui prouve ses sombres agissements. Ils décident de s'en mêler...

Le titre signifie "Film, flirt et fiançailles", selon une tradition de comédie que beaucoup des films à venir de Lauritzen avec le duo vont s'efforcer de respecter: trois mots qui décrivent l'essentiel de l'intrigue, et ce en ajoutant une répétition d'un son précis. ...Ici, le son F. Pourquoi "Film"? parce que les personnages vont se retrouver sur une plage, où un tournage a lieu, durant lequel le metteur en scène va inviter des locaux à figurer; un prétexte pour voir évoluer les deux acteurs au milieu de jolies filles en maillots de bain affriolants, ce qui là aussi va devenir une tradition de ces films.

Le plus intéressant reste la façon dont évoluent nos deux anti-héros, la dynamique déjà bien ancrée de ces deux personnes qui pour l'instant restent volontairement à l'écart des gens auxquels ils viennent en aide. Ce ne sera pas toujours le cas. Mais l'ingéniosité aussi, dont ils font preuve en toute circonstance, ainsi que le contraste entre les deux, la réserve de Schenstrom, un adulte qui a trop grandi et ne sait pas trop quoi faire de lui-même, et le côté volontiers enfantin de Madsen, qui lui n'a pas encore trouvé l'occasion de grandir, les différencie de tous leurs homologues Américains. Ils sont, déjà, dès cette première trace de leur travail, extrêmement touchants.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie 1921 Lau Lauritzen Schenström & Madsen
15 avril 2018 7 15 /04 /avril /2018 12:30

Les deux acteurs Carl Schenström et Harald Madsen, respectivement un grand longiligne et un très petit râblé, étaient des stars au Danemark, de 1921 à 1942, soit jusqu'à la mort de Schenström. Mais cette célébrité ne s'arrêtait pas aux frontières, comme le prouve la liste de leurs surnoms: Fy en By en Scandinavie, Pat und Patachon en Allemagne, Long and short en Grande-Bretagne, et Doublepatte et Patachon en France; si le format de la plupart de leurs films, le plus souvent réalisés par Lau Lauritzen, reste le long métrage, ils ont souvent été considéré comme l'inspiration pour Laurel et Hardy, ce qui ne tient pas complètement debout, pour un certain nombre de raisons: leurs films n'ont jamais réellement percé aux etats-unis, même si certains y ont été projetés; Laurel et Hardy ont été "couplés" dans des films avant d'être un duo, et leur dynamique s'est créée toute seule, poussant le studio à répéter l'expérience; et enfin Roach a toujours mis ses acteurs en équipe, dès 1915: Lonesome Luke était aussi une équipe, avec Snub Pollard et Bebe Daniels autour de Harold Lloyd. Mais la présence physique inversée des deux acteurs, leur complémentarité, et le fait que de film en film, bien qu'il ne s'agisse jamais vraiment des mêmes personnages, ils aient peu ou prou maintenu le même rapport, pousse évidemment à la comparaison. Par contre, autour de Schenstrom et Madsen, le film leur échappait; ils étaient constamment une sorte de cerise sur le gâteau, au milieu d'une intrigue qui ne les concernait que peu, et vagabondaient de boulot en boulot, le grand menant le petit... Ils assistaient aux amours malheureuses de jeunes bellâtres pour des filles de bourgeois. Quelque fois, ils les aidaient. Dans certains films, Lauritzen a été ambitieux: Son Don Quichotte (1926) en particulier dépassait le cadre de la comédie, et imposait un jeu bien différent aux deux acteurs; la durée de 180 minutes en faisait un film autrement plus important que les aimables comédies de 90 minutes qui composaient l'essentiel du duo. Parfois, enfin, ils s'exportaient, et sous la direction d'un autre (Monty Banks, Gustav molander, Urban Gad, ou Hans Steinhoff par exemple), jouaient pour d'autres filmographies: Suède, Norvège, Allemagne, Grande-Bretagne, comme Asta Nielsen avant eux, le Danemark étant décidément un petit pays.

Pour terminer ce tour d'horizon, il convient d'ajouter que leurs films possédaient un air de famille, parfois obéissant à une formule, et qu'il y avait des passages obligés: il devaient se situer dans un environnement qui permette des belles prises de vue de la nature Danoise, il y avait des jolies filles, baigneuses en maillot, voire sans en certaines occasions. La vie des gens était celle du Danemark des années 20, un pays en apparence tranquille, sous les influences Scandinaves au nord, germaniques au sud, et empreint de ces deux cultures...

Schenström, contorsionniste, et Madsen, artiste de cirque aux multiples talents, sont d'abord une présence physique, enfantine. Quoi qu'ils fassent, ils ne peuvent qu'être visuellement ridicules, une exagération qui n'est pas forcément soulignée par les autres protagonistes. Ils vont ensemble, ce qui n'exclut pas qu'un scénario les fasse se rencontrer dans un film. Madsen est le plus lunaire des deux, avec sa cambrure exagérée à la Chaplin, et sa petite taille, sans oublier son air volontiers ahuri. Mais c'est aussi le plus bouillonnant, souvent celui par lequel le malheur arrive... Schentröm a beau jouer plus facilement l'adulte, il a des éléments enfantins lui aussi, une immaturité notamment sexuelle, qui passe par une timidité manifestée physiquement. Et l'un comme l'autre est amené parfois à s'impliquer corporellement, comme dans l'un des films ou ils se baignent effectivement dans une eau gelée...

Filmens Helte est l'un des meilleurs longs métrages du duo, d'ailleurs le plus vu ou revu, qui a fait l'objet d'une reprise en salle sous forme d'une compilation en 1979, et dix ans plus tard en France. Le film est amusant, montrant comment les deux héros sont amenés en catastrophe (le mot est très bien choisi) à remplacer au pied levé les deux jeunes premiers d'un film, tourné par un artiste autoritaire à la Stroheim. On assiste par ailleurs aux tribulations des jeunes premiers, qui ont quitté le plateau en raison d'un conflit avec le producteur, père de  leurs fiancées. Tout finira bien: le film désastreux sera un succès, les jeunes acteurs seront réintégrés, et le producteur consentira aux mariages.

Voilà, c'est tout... sauf que tout ceci serait excellent, s'il n'y avait un détail embarrassant: les films conservés du duo ont été achetés par la chaîne Allemande ZDF, et remontés en épisodes de 25 minutes, narrés en Allemand. Y compris les films parlants, dont on a tout simplement fait sauter la bande-son originale. dans une opération digne de la boucherie effectuée par Chaplin sur The gold rush, certains des films sont à peu près cohérents et possèdent encore l'essentiel de leur métrage. Mais que penser du Don Quichotte réduit à deux épisodes de 25 minutes, à la place de 180 minutes? Ce film est heureusement disponible en streaming sur le site du Danske Film Institut, sans sous-titre toutefois:

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/filmens-helte

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Published by François Massarelli - dans Muet 1928 Comédie Lau Lauritzen Schenström & Madsen Danemark DFI *