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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 16:51

Le destin absurde de Jean-Baptiste Grenouille (Ben Whishaw), né par hasard sous l'étal d'une poissonnerie au coeur du XVIIIe siècle à Paris, qui réussissant à survivre au milieu des abats de poisson en a gardé un talent extraordinaire pour l'utilisation de son sens olfactif... Mais né du mauvais côté de la barrière, il lui a fallu des tribulations incroyables pour réussir à accomplir l'oeuvre de sa vie: un parfum ultime, conférant à celui qui le porte des pouvoirs étonnants, et aux effets inattendus... Un parfum fait à partir de l'essence d'une dizaine de jeunes femmes qu'il lui aura fallu assassiner pour commencer.

On doit dire ça de beaucoup de romans, mais Das Parfum de Patrick Süskind est particulièrement réputé pour être un livre inadaptable, et entre sa publication en 1985 et la sortie de ce film, il s'est écoulé pas moins de 20 années. La production est internationale, avec des capitaux Américains (un conglomérat hétéroclite de studios), une équipe allemande (Autour de Tom Tykwer) et un tournage en europe, sans oublier des acteurs aussi bien Anglais, Américains, qu'Allemands, sans oublier les figurants (souvent espagnols). Bref, ça a tout d'un film hors-normes... Et Tykwer a finalement réussi au moins sur un point, transcrire cette histoire dont les mots indiquent tant de couleurs, dans des images qui lui rendentjustice, sans trop de concessions au bon goût. Car chez twyker comme chez Süskind, ce n'est pas un film qui sent la violette, et ce sans attendre, puisque la première scène est une évocation sans un gramme de délicatesse d'une naissance dans la fange...

Et la distance narrative (Süskind utilisait un langage fleuri qui apportait une délicieuse ditance ironique) est maintenue par la grâce d'une merveilleuse piste de narration, confiée à un maître, John Hurt soi-même. Un avantage à utiliser, quand le personnage principal tend à ne pas parler souvent. Par contre, autour de Whishaw, on reconnaîtra entre autres Dustin Hoffman (dans le rôle très ironique du mentor de Grenouille dans la première partie), et Alan Rickman, pour l'un de ses rôles les plus surprenants... Néanmoins le principal défaut du film reste sans doute que l'humour du roman, qu'il tente de transcrire, reste quand même fermement à la porte. Car nous y assistons à une série de crime crapuleux, qui donnent à tous ceux que nous voyons tenter de résoudre l'énigme une légitimité que la narration de Süskind empéchait... L'humour apparaît bien sûr, à travers les morts violentes (et accidentelles) de tous ceux qui ont croisé le chemin de Grenouille dans la première partie, mais d'une manière générale, les images le rendent moins explicites que ce qui, à mon avis, était l'intention.

Un film comme celui-ci est sans doute impossible à entreprendre aujourd'hui, puisqu'à l'époque de Netflix et des spin-offs à n'en plus finir, il faut tout explorer, tout expliquer en permanence. Sans parler des transgressions auxquelles la production s'est livrée, la plus fameuse et la plus notable étant quand même l'orgie hallucinante de 800 figurants vers la fin du film...

 

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Published by François Massarelli - dans Mettons-nous tous tout nus Tom Tykwer Snif