
Le DFI a mis en ligne Atlantis, en HD, et c'est une sacrée nouvelle! D'autant que le film propose des intertitres à la fois en danois et en anglais, pour ceux qui peuvent déchiffrer l'une de ces deux langues... Le film est à tous points de vue une grande date, et son accessibilité doit donc être fêtée comme il se doit! Tourné en 1913, il est un démarquage partiel de l'histoire du Titanic, en même temps que l'un des premiers très longs métrages, avec 114 minutes de spectacle.
Le Dr Von Kammacher (Olaf Fonss) est doublement affligé de malchance: non seulement son traité de biologie est refusé partout où il le présente, mais son épouse Angèle souffre de démence précoce et va devoir être internée. Pour fuir cette réalité, le scientifique s'embarque pour les Etats-Unis sur un caprice: il sait qu'une artiste qu'il a vue sur scène, la danseuse Ingigerd Hahlstrom (Ida Orloff), sera sur le bateau... Mauvaise idée, car le bateau va faire naufrage, et s'il vont survivre tous les deux, la suite ne sera pas de tout repos pour la belle danseuse volage et pour son amant ombrageux...
Côté pile, on a un film adapté d'un roman à succès de Gerhard Hauptmann, semble capitaliser sur le destin tragique du Titanic pour dresser un portrait apocalyptique de toute velléité de se rendre aux Etats-Unis (la première guerre mondiale se profile à l'horizon), et les mésaventures du Professeur Von Kammacher confirment que ce n'était pas une bonne idée en effet. En quittant le Danemark et sa famille, pour suivre la belle danseuse, il a clairement lâché la proie pour l'ombre. Cela étant dit, le bon docteur, si il est tombé sous l'influence vénéneuse d'une intrigante capricieuse, a un comportement souvent équivoque avec les dames, comme en témoignent deux scènes situées sur le bateau, et curieusement dépourvues de résolution: Von Kammacher a aperçu une femme, dans les cabines populaires, qu'il a désirée de suite. Quand elle est amenée chez le docteur pour traiter son mal de mer, le professeur qui rendait visite à son collègue séduit la jeune femme...
Côté face, le film est impressionnant par son étendue, et les moyens déployés par Blom: à l'opposé d'un cinéma mondial qui reste souvent strictement frontal, il joue en permanence avec la composition, contraste avec adresse les personnages situés en gros plan, avec des arrière-plans dynamiques; il place sa caméra au milieu des scènes de panique, et toute la séquence du naufrage est un tour de force, qui a du être difficile pour les acteurs, parce que la Mer Du Nord, où le film a été tourné, n'est pas à proprement parler un endroit riant et chaud... Et la façon dont Blom choisit une narration assez volontiers énergique, suivant son héros qui fait presque le tour du monde, se rendant à Berlin, puis décidant sur un coup de tête de prendre un avion pour Souhampton, et d'y attraper le bateau fatal... Il en ressort l'impression que Blom, tout en délivrant un message hostile aux pays étrangers, plaide en quelque sorte pour un cinéma international. Et le résultat, qui sera un énorme succès dans le monde entier, lui donne raison.
Pour finir, citons par acquis de conscience qu'un jeune acteur Hongrois était présent sur le tournage, qu'il joue un personnage secondaire, et qu'il était à l'aube d'une belle carrière, qui allait le voir, lui aussi, voyager... Michael Curtiz, alias Mihaly Kertersz, joue en effet un jeune médecin ami de Fonss dans les séquences Berlinoises...
https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/atlantis


