Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 16:06

Une maman meurt... Sa fille, une petite de deux ans environ, est recueillie dans un orphelinat où elle va grandir pour devenir la grande soeur préférée (Colleen Moore) de ses petits compagnons d'infortune, par la capacité qu'elle a su acquérir, de transcrire les aspects gênants de la réalité, en des histoires fantastiques... Mais elle est recueillie par un oncle et une tante, qui vont lui faire subir le traitement des orphelines dans le mélo classique: elle devient une bête de somme, à laquelle les deux monstres refusent le moindre plaisir... Puis elle va aller de foyer en foyer, et à chaque fois sa résilience devient communicative.

C'est le premier film en vedette pour l'actrice Colleen Moore, et celle-ci crève l'écran, elle y est déjà pétillante, à 19 ans. C'est un film inspiré par un auteur désormais surtout connu dans son état d'origine, James Whicomb Riley. Un écrivain décédé en 1916, qui a eu son heure de gloire en écrivant des contes pour enfants... Bien blancs, comme le yaourt! N'attendez pas de voir une fraternité quelconque exprimée entre les enfants Anglo-saxons et les autrs origines dans ce petit film, ce n'était pas du tout à l'ordre du jour. 

Ce n'est pas un mauvais film cependant, une fois qu'on a accepté le côté "mélodrame pour rire", avec l'inévitable "mais non, c'était un rêve" quand tout va mal, ou encore l'impression qu'on était devant un sous-produit des films de Mary Pickford. Après tout, à aucun moment, et c'est tout à son honneur, Colleen Moore ne cherche à l'imiter. Le metteur en scène, l'estimable Colin Campbell, s'est efforcé de trouver des traductions visuelles de l'imaginaire bouillonnant de son personnage, et parfois ces étranges créatures seraient volontiers effrayantes... Visuellement, le film doit beaucoup aussi à l'univers plastique d'un Maurice Tourneur, et aux splendeurs visuelles que les cinéastes Américains commençaient à explorer...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Colleen Moore 1918 Muet **
24 octobre 2024 4 24 /10 /octobre /2024 09:10

Yukio,  un jeune homme issu des amours d'une Japonaise et d'un officier Américain stationné au Japon, a grandi sans sa mère: celle-ci est morte après que le beau militaire a quelque peu oublié de revenir la voir. Devenu adulte, il est déterminé à se redre aux Etats-Unispour la venger... 

Une fois aux Etats-Unis, il se lance dans cette entreprise, mais il va avoir d'abord à déméler les intrigues autour de lui: en effet, un certain nombre d'escrocs tournent justement autour de son père, et voient Yukio et sa naïveté romantique comme une opportunité à saisir...

Le film fait partie des longs métrages dédiés à l'acteur Sessue Hayakawa; il joue avec conviction le décalage culturel, qui confine souvent à la comédie dans les deux premières bobines conservées (la première et la quatrième, sur cinq en tout, sont perdues); le reste du film est beaucoup plus proche des traditions du mélodrame, avec son intrigue d'espionnage et les possibilités offertes par l'éventuelle réunion entre le père et le fils. On notera que le film se tient à l'écart de toute possibilité d'un rapprochement entre le jeune homme et une Américaine, dans la mesure où ce genre d'associations était, dans la loi de beaucoup d'états à l'époque, un délit. 

Mais le titre ajoute une certaine ambiguité, en rappelant que de par sa naissance (légitimée par le fait que, même s'il l'a abandonnée, le père avait bien épousé sa mère), il est aussi Américain, apte à jouer un rôle auprès de son père s'il le souhaite. Ca ne l'empêche pas dans la première partie du film d'être immédiatement catalogué en tant qu'Asiatique, et les seuls emplois qu'on lui propose sont dans le service et bien sûr, il finira majordome...

Le film vaut surtout, en vérité, pour l'acteur, qui joue énormément de son visage, et qui a un certain magnétisme, sans doute moins outré mais aussi moins spectaculaire que dans le film le plus notable, sans doute, de sa carrière, The Cheat, de Cecil B. DeMille...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans 1918 Muet **
17 août 2024 6 17 /08 /août /2024 17:26

Francis Ford interprète un scientifique totalement immergé dans ses recherches, et qui va devenir la victime d'un confrère d'origine mal définie, qui utilise l'ancienne addiction du héros pour l'alcool, afin de le faire tomber sous sa coupe, et lui voler ses secrets... Mais avec l'aide d'une jeune femme, le héro triomphera...

Pour commencer, j'ai de sérieux doutes quant à la présence de John Ford (même crédité Jack) dans les crédits, en tant qu'assistant réalisateur. Certes, il a travaillé à ce poste pour son grand frère, mais c'était avant de devenir lui-même un réalisateur, ce qu'il est donc depuis 1917. A moins donc que ce film date d'avant cette période (durant laquelle le jeune Ford enchainait film après film), il semble douteux d'aller dans cette direction... 

C'est de toute façon un film remarquable, en particulier pour le côté baroque: à plusieurs reprises, Francis Ford utilise des effets spéciaux pour figurer l'ivresse et les tentations les plus folles... C'était dans l'air, après tout, l'année précédente, DeMille avait réalisé avec The Whispering Chorus une oeuvre d'une immense influence, dans laquelle les tourments de l'âme étaient représentés avec des surimpressions multiples... Mais Ford ne semble jamais utiliser le sac à trucs de façon excessive. 

Derrière la fable un peu simplette, il y a une leçon de morale: le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est jamais très claire, allant des dangers de l'alcoolisme (un sujet que les frères Ford devaient hélas particulièrement bien connaître...) à la domination d'un être humain par un autre... Mais je pense que je préfère de très loin me concentrer sur le pouvoir onirique du cinéma tel que ce film hors du commun le présente!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Francis Ford Muet 1918 **
26 juillet 2024 5 26 /07 /juillet /2024 12:15

Tourné immédiatement après Die Augen der Mumie Ma, qui tranchait singulièrement sur sa production de comédie, ce nouveau fiml est une preuve supplémentaire de l'ambition de Lubitsch d'exister hors du genre qui l'a fait connaître, et d'étendre le champ d'action de sa mise en scène. Le résultat est impressionnant et lui donne raison...

Le film adapte le court roman de Prosper Mérimée, bien entendu: c'était dans l'air en cette fin des années 10, alors que la guerre se terminait... Rien qu'en 1915, il y avait eu trois adaptations: Celle de cecil B. DeMille (Paramount, avec Geraldine Farrar), celle de Raoul Walsh (Fox, avec Theda Bara), et... celle de Chaplin pour la compagnie Essanay, qui ne sortirait qu'en 1916, et dont le pedigree reste sujet à caution (court métrage? long métrage? avec Edna Purviance)... Autant dire que, comme avec Les trois mousquetaires, Carmen est devenu une spécificité cinématographique à part entière, dans laquelle les metteurs en scène prennent ce qui leur permet de faire du cinéma attractif. En gros, la femme fatale, le conflit entre devoir et amour, le désir (dont Carmen est une personnification puissante), et les inévitables clichés de l'espagne, les Gitans, la Corrida... et la "Cat fight" dans les ateliers de la fabrique de cigares!

Pola Negri est une Carmen glamour à souhait, avec cet étonnant équilibre entre la canaillerie et la sensualité qui a fait sa réputation. Si la mission de Lubitsch était en ce qui la concerne de l'auréoler du statut de star par chaque plan, chaque action et chaque scène, alors c'est réussi. Harry Liedtke, solide acteur rompu aux excentricités de son metteur en scène, se prête au jeu en interptrétant un Don José qui se plie aux clichés le concernant, victime sans cesse des manioulations, désirs et caprices de sa maîtresse. 

En réduisant le champ de l'intrigue (seul Feyder, à ma connaissance, restituera à José sa dimension de héros tragique en lui donnant une histoire et par là-même une âme, en en faisant un fuyard de la cause basque, dans sa version de 1926) aux passages obligés et largement couverts par l'opéra de Bizet, Lubitsch achève de réaliser un film soigné, à la mise en scène très précise, ultra-lisible, et qui semble prendre les devants: certes, l'Allemagne se prépare à vivre des instants terribles, mais le cinéma national est prêt, semble-t-il dire, à prendre sa part au concert des nations. C'était bien vu, car c'ets précisément ce type de film (avec aussi Madame Du Barry tourné l'année suivante) qui tapera dans l'oeil des studios Américains, qui ne manqueront pas de faire venir le grand metteur en scène...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Ernst Lubitsch Muet ** 1918
22 mai 2024 3 22 /05 /mai /2024 18:50

Souhaitant dès 1915 répondre à D. W. Griffith et à son terrible Birth of a nation qui présentait une vision indigne de l'histoire, et maltraitait de façon inédite et violente la communauté noire pour un triomphe dans les salles, un collectif plus ou moins en lien avec la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People, un organisme qui luttait contre la discrimination et la ségrégation) avait pour souhait d'ajouter une coda au film de Griffith, non de le censurer, au nom de la liberté d'expression. Mais ajouter un droit de réponse cinématpgraphique, en quelque sorte, s'avérait compliqué et ça n'a pu se faire. En lieu et place, Noble a donc dirigé un long métrage, complété sur plusieurs années, et le résultat est étonnant! 

Le film s'intéresse à l'histoire de l'humanité, telle que les Etats-Unis en 1918 la voyaient: donc sous haute influence des dogmes protestants. On part donc de la Genèse, d'Adam et Eve (dont les aventures sont rapidement expédiées), et à travers l'histoire de Noé, celle de Moïse, assez développées, puis celle du Christ, on va jusqu'à la découverte des Amériques par Christophe Colomb, puis la Révolution Américaine, puis la Guerre Civile et la mort de Lincoln. Le film se termine sur une évocation des combats de la Grande Guerre, encore en cours au moment de la confection de ce film...

Et constamment, le film semble rappeler si besoin en était (et manifestement, il y en avait besoin en 1918 et il y en a besoin en 2024) que dans cette humanité, il y avait de tout. Des hommes de toutes les origines, comme une séquence qui voit Jesus parler à la multitude le prouve... Et dans ce film, nul besoin de recourir à des acteurs en blackface... L'épisode de la première guerre mondiale enfonce le clou, en montrant deux fermiers, un noir et un blanc, qui se trouvent engagés ensemble dans le conflit de 1918: le même uniforme, la même volonté de servir le même idéal...

C'est fort et (presque) subtil. Presque, parce que le film, à force de suivre les dogmes sagement, se vautre inévitablement dans le ridicule en évoquant Adam et Eve... Au moins Adam n'a-t-il pas le physique de Johnny Weissmüller, c'est un bon point! Et une question se pose: en choisissant une vision religieuse de l'histoire, et en calquant son cheminement sur celui de la Bible, qui n'épargnait pas les noirs, loin s'en faut, la production n'a-t-elle pas remplacé un carcan par un autre? 

Question sans réponse, le film est bien conforme à ce qui pouvait se faire à l'époque. C'est bien plus qu'une curiosité: un film presque amateur, fait avec des acteurs pour la plupart inconnus (l'actrice qui joue Eve était une habituée des rôles déshabillés, elle était un modèle très connu et très renommé de l'époque, Doris Doscher, et sinon dans l'épisode moderne, on aperçoit Mary Carr qui était elle aussi une actrice connue sinon reconnue), mais qui est soigné, et maintient l'intérêt jusqu'à son dénouement. Et le film montre aussi que le metteur en scène était manifestement très inspiré... par David Wark Griffith. 

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1918
9 mai 2024 4 09 /05 /mai /2024 20:02

Sorti en février 1918, c'est un cas d'école: un film de guerre, certes patriotique et réalisé puis sorti alors même que les conflits faisaient rage, c'est donc assurément l'un des premiers films d'un genre nouveau, ceux qui depuis ls Etats-Unis, observaient les combats sur les fronts Européens, et dans des intrigues plus ou moins mélodramatiques, opposaient d'un côté les alliés, principalement les Américains bien entendu, et de l'autre les Allemands... Un genre à part entière, dont font partie des films comme Hearts of the world de Griffith, The hearts of humanity d'Allen Holubar, mais aussi sorti plus tardivement, The four horsemen of the Apocalypse, de Rex Ingram. Tous ces films ont en commun une vision férocement binaire, dans laquelle les Allemands sont présentés comme des monstres... 

Ici, le point de vue est celui d'une famille Américaine, dont le fils est parti se battre parce que l'attraction et le glamour des marines l'avaient attiré... Les parents, inquiets, voient partir un garçon immature, qui ne croit pas en Dieu, et a une attitude de dédain pour les classes qu'il considère comme inférieures. C'est lui, le non-croyant du titre... Mais le front, nous dit un intertitre, c'est la forge dans laquelle on va tester un homme... Sur le front en Belgique, il va se conduire en héros, constater que la fraternité ignore les classes, et apprendre à croire en des valeurs plus importantes que celles qui l'ont jusqu'à présent motivé...

En même temps, nous verrons dans le film les exactions de certains officiers Allemands, dont Erich Von Stroheim dans son premier rôle du genre: un sadique, attaché à son décorum, et qui exige d'un peloton d'exécution réticent et dégoûté l'assassinat pur et simple d'une grand-mère et de son petit-fils... Quand le héros se réveille sur un lit d'hôpital, et constate que le lit à côté de lui est occupé par un Allemand, il s'emporte... avant de constater que le soldat n'est finalement qu'un homme blessé qui a peur de la mort. D'ailleurs, dans le prologue du film, le jardinier d'origine Allemande, qui vient d'apprendre la mort de son fils sur le front, est confronté par la mère du héros.

Bref: ce film tranche particulièrement sur l'absurde sentiment cocardier et chauvin des autres films de la même période. Il est riche, et jamis excessivement démonstratif. Le metteur en scène (qui n'est pas n'importe qui, même s'il a parfois été amené à tourner n'importe quoi, c'est le paradoxe du système des studios) s'est même plu à utiliser de façon innovante le montage ultra-rapide lors de la scène de l'exécution mentionnée plus haut. Gance n'a pourtant tourné ni j'accuse, ni La roue, dont les sorties Américaines seront relativement condidentielles, de toute façon. Ce film de grande qualité, avec bien sûr un esprit exalté, bien typique d'un film de la décennie qui a vu les sorties de Civilization, Intolerance et Joan the Woman, est sans doute le dernier film sorti par Edison, qui s'est lassé de faire du cinéma.

 

Partager cet article
Repost0
9 mai 2024 4 09 /05 /mai /2024 10:13

Il y a souvent eu, au cinéma, des compagnies qui se consacraient à des films qui présentaient des histoires interprétées par des enfants, quelques décennies avant l'étrange Bugsy Malone... Les deux frères Sidney et Chester Franklin étaient justement à la tête d'une petite structure qui produisait des courts métrages de ce genre, généralement en deux bobines, j'ai vu passer un Aladdin qui était basé sur ce principe. Le public visé était bien sûr les enfants eux-mêmes... 

Madeline Brandeis a créé à Chicago une petite compagnie entièrement dédiée à ce genre de production, avec des différences notables: d'une part elle était l'autrice complète, inventant des contes, qu'elle publiait sous forme de romans; ensuite, elle faisait du cinéma dans un cadre amateur: le film a survécu en 16mm, probablement parce qu'il avait été produit dans ce format un peu plus démocratique... 

C'est, on s'en doute, plus une curiosité qu'autre chose. L'excès n'est pas le moindre de es défauts, et l'abondance d'intertitres qui accompagnent la chose, tend à trahir une obsession littéraire qui prend toute la place. Mais on voit ici deux choses: d'une part, une réappropration de nombreuses techniques narrayives cinématographiques qui résument à elles seules les apports des années 10: utilisation de caches, ombres, silhouettes, et à quelques reprises, un mouvement de caméra qui nous fera penser à Cabiria et à Griffith. D'où une deuxième chose à dire: Madame Brandeis aimait profondément le cinéma, et ça se voit...

A noter que si la tentation de vouloir faire jouer des enfants a toujours existé, on a eu aussi droit dans les années 20 à... des films joué par des animaux, vivants je le précise, par opposition aux marionnettes de Starewicz... Une autre paire de manches.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1918 **
26 décembre 2023 2 26 /12 /décembre /2023 11:34

Deux jeunes femmes, à peu près du même âge, ont été confrontées dès leur plus jeune âge à des circonstances fort différentes: Stella Maris (Mary Pickford), élevée par sa famille richissime, est invalide mais très bien suivie, et maintenue depuis sa chambre dans une ignorance absolue de tout ce qui pourrait lui rappeler que le monde est cruel: par exemple, l'homme qu'elle aime, et qui le lui rend bien (Conway Tearle), est marié à une femme de mauvaise vie (Maria Manon), comme on dit: alcoolique et cynique, violente et menteuse... De son côté, Unity Blake (Mary Pickford) a vécu toute sa jeunesse dans un orphelinat, donc quand une femme vient l'adopter, à tout prendre, après tout pourquoi pas. Sauf que cette femme est justement l'épouse du journaliste John Risca, l'amoureux platonique de Stella Maris, et si elle l'adopte, c'est pour l'exploiter... Par des chemins inattendus, les deux personnages vont se croiser et se rencontrer...

Je vous arrête de suite: si la dimension mélodramatique du film est parfois assez évidente, il ne s'agira pas ici, ni de récit d'une paire de jumelles séparées à la naissance par des secrets compliqués et délirants, ni d'une histoire dans laquelle les deux femmes vont devenir les meilleures amies et vivre dans la soie jusqu'à la fin de leurs jours. On peut argumenter du statut de la fin comme étant heureuse, pendant des jours, il n'en reste pas moins que c'est quand même assez poignant...

Le nombre de films produits par Mary Pickford qui "sortaient de son style habituel" est tellement important (Fanchon the cricket, A romance of the redwoods, Tess of the storm country, Rosita, Little Annie Rooney, Sparrows, My best girl...) qu'on en finirait presque par se denmander si on ne serait pas victime d'un cliché persistant: car l'actrice, ici, a soigné particulièrement le rôle de l'orpheline Unity Blake, jouant sans le moindre maquillage (et devenant de fait quasiment méconnaissable, un truc qu'utilisera Marion Davies dans plus d'un film) et se livrant à une variation troublante sur ses "pauvres petites filles riches... En fait une très pauvre petite fille pauvre! et le film adopte souvent son point de vue, montrant Stella Maris comme l'idéal absolu de vie pour la petite Unity qui pas un instant, ne s'imagine vraiment qu'elle pourra avoir une telle existence. Le film est donc très noir, je le disais plus haut.

Et Neilan a été encouragé par les circonstances (la nécessité de truquer certaines scènes, et de proposer parfois deux Mary Pickford dans les mêmes scènes) à soigner particulièrement sa mise en scène et ses images. Et c'est un festival de beautés cinématographiques, de clair-obscurs, d'utilisation savante de l'ombre et de la lumière... C'est une merveille, l'un des plus grands films de ses auteurs... Mary Pickford, Frances Marion la scénariste, et bien sûr le trop oublié Marshall "Mickey" Neilan.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Marshall Neilan Mary Pickford Muet 1918 **
30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 15:35

Visitant l'Egypte, le peintre Wendland (Harry Liedtke) se rend autombeau de la Reine Ma, où l'étrange Radu (Emil Jannings) lui prétend que la momie hante les lieux. Mais c'est une supercherie, Radu ayant séquestré une jeune femme (Pola Negri) dans le tombeau... Wendland lui vient en secours et la délivre, puis s'enfuit avec elle. Radu, devenu fou, se rend à leur poursuite pour se venger...

Alors qu'il devenait lentement mais surement le numéro un du cinéma Allemand, Lubitsch s'essayait à tous les genres, dont un certain exotisme de pacotille. Il y reviendra d'ailleurs (SumurunDie Weib Des Pharao), mais ce film ne passe plus, excepté pour certaines séquences triées sur le volet. Le final en particulier, dont l'intérêt relatif est du aux talents conjugués de Jannings et Negri. Pour le reste, il fallait bien faire bouillir la marmite et faire oublier une guerre en voie d'être perdue.

On ne pourra par contre pas s'empêcher, à travers ces histoires de supercheries et de soumission (notamment celle de Ma à Radu, au-delà de la folie, qui exerce sur elle un pouvoir hypnotique assimilable à celui d'un Svengali, de penser au film de Karl Freund qui en reprendra les contours, mais cette fois-ci, point de supercherie... Pour le reste, l'intérêt du film reste d'être historique, comme on dit poliment. Lubitsch avait certainement mieux à faire!

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Ernst Lubitsch Muet 1918 *
28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 11:16

Trois escrocs (Thomas Meighan, Betty Compson, Lon Chaney) décident de s'associer avec un homme religieux (Joseph J. Dowling) afin de se faire de l'argent: l'homme prétend être un guérisseur, faiseur de miracles touché par la grâce divine, et toute la population de son village le vénère... Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises...

On va le redire, une fois de plus, hein: les films ne sont pas éternels. Parfois c'est agaçant. Parfois, c'est rageant. Et parfois, c'est tragique: en témoignent ces trois minutes... Le film, réalisé par un metteur en scène disparu trop tôt et qui avait atteint une renommée non négligeable, a laissé le souvenir d'un classique et d'un chef d'oeuvre. On le comprend tout à fait, quand on voit ce qu'il en reste...

Ces extraits a été préservé parce que la Paramount avait monté dans des courts ou moyens métrages promotionnels un certain nombre de séquences de gros succès de la compagnie (The house that shadows built, en 1931, et Movie memories, en 1935); on y trouve donc la scène emblématique du film: Lon chaney, qui joue un contorsionniste, y simule une guérison miracle, à la fois pour convaincre la foule, et pour s'attirer les bonnes grâces du guérisseur (qui lui n'est pas un escroc). La scène est courte, mais intense, et Chaney est excellent, au point qu'un grand nombre de personnes, jusqu'à aujourd'hui, sont persuadés qu'il était réellement contorsionniste... Mais la séquence se poursuit: un gamin sérieusement handicapé, qui a vu la scène, souhaite lui aussi profiter du pouvoir du "miracle man", et s'avance, lâchant se béquilles, puis... courant jusqu'au brave homme, sous les yeux médusés de tous, y compris bien sûr Chaney.

C'est un modèle de montage, qui nous montre que Tucker ne se contentait pas de poser la caméra, mais qu'il avait conçu sa scène en fonction d'un effet voulu sur le public. comment ne pas penser à Borzage et son cinéma du miracle? Sauf que Borzage, sans doute, n'aurait pas joué sur l'ironie de la contradiction comme le fait Tucker ici. Et cette séquence, avec Chaney dans un grand numéro d'illusionniste, a été annoncée par d'autres, comme le prouve la photo ci-dessous... Une scène qui donne immanquablement l'envie d'en savoir, et d'en voir plus. Une autre séquence, plus détaillée, avec des gros plans fascinants de Chaney, Compson et Meighan, est disponible dans The house that shadows built, zt là encore on y sent un sens du montage, et une nervosité du rythme, qui impressionnent...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet 1918 Film perdu **