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12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 15:52

Tourné avant, sorti après les trois premiers films First National de Langdon (Tramp, tramp, tramp, de Edwards, et The strong man et Long pants de Capra), ce film était probablement une sorte d'assurance prise par Sennett en cas de désertion de son acteur. de fait, il en avait l'habitude: Arbuckle, Chaplin, même Mabel Normand, tous l'ont déserté pour aller voir ailleurs. ce long métrage a été complété longtemps avant la fin du tournage des courts métrages de Langdon. Si donc le film est sans doute plus ou moins une commande de Sennett, son intrigue est particulièrement typique de Langdon et de son équipe.

Par moments, on dirait deux films collés l'un à l'autre: le titre fait allusion à deux sortes de flammes. Le premier amour, bien sur, représenté par Natalie Kingston, la fiancée qui en veut à l'argent d'Harry aveuglé par ses sentiments, et contre laquelle son oncle Vernon Dent le met en garde. Et sinon, Harry s'improvise pompier, lorsqu'il est recueilli par Dent, qui est capitaine de la caserne locale, et il y a deux incendies dans la dernière bobine, un sérieux, et un plus douteux... Harry s'y distingue, sauvant notamment un mannequin.

Dent & Langdon tournent ce qui deviendra, de par la grâce d'une sortie tardive, leur dernier film muet ensemble, et leur équipe fait toujours merveille. Elle est assez complexe, aussi, ne reposant pas seulement sur la dynamique de la brute et du naïf. Le lien familial entre les deux permet à la fois d'imposer que l'un (Dent) ait de l'autorité sur l'autre (Langdon) sans pour autant qu'il y ait un déficit d'affection entre les deux. De son côté, Natalie Kingston se voit donner une chance de jouer un rôle inhabituel, celui de la méchante femme qui ne souhaite se marier avec le héros que parce qu'il est riche. Sa soeur, interprétée par Ruth Hiatt, se tient prête à récupérer le fiancé Harry dont elle est amoureuse, et elle a l'idée, en voyant Harry participer à un sauvetage, de l'appeler à l'aide en simulant un incendie. Le feu et Harry se mélangent fort bien, permettant à Langdon de jouer sa lenteur proverbiale dans une atmosphère de suspense brûlant.

Il est beaucoup question de mariage dans ce film, où l'oncle dissuade son neveu, la fiancée part avec un autre, et un ami rencontré par hasard se révèle mener un existence dangereuse et tumultueuse dès qu'il franchit la porte de chez lui: son épouse est violente! Harry Langdon trouve quand même le temps d'interpréter une scène habillé en femme, et n'a pas besoin de faire grand chose de plus pour déclencher le rire. Erratique, le scénario (Ripley et Capra) qui part dans tous les sens, ce qui ne sera pas le cas des films longs à venir. On a le sentiment malgré tout qu'on pourrait pas couper dans ce film, et obtenir des morceaux cohérents. D'ailleurs une coupe a eu lieu, sans doute due aux ravages du temps, et rend un passage très difficile à comprendre. Le film n'existe pour l'instant dans aucune copie cohérente, et la version la plus satisfaisante (à 44 mn, il en manque encore 8 d'après les estimations) est celle qui se trouve sur le formidable coffret Harry Langdon: Lost and found.

Inégal, le film semble résumer efficacement l'ensemble des courts et moyens métrages de Langdon pour Sennett: erratique, bizarre, avec des moments de folie (Une course contre la montre avec la carriole des pompiers, et Harry qui fait trois fois le tour de la maison incendiée avant de s'arrêter), et des moments de lenteur calculés (Harry assommé met une minute à tomber). Il fera mieux, mais est déjà cet étrange individu perdu dans un univers qui nous est vaguement familier, mais qu'on ne voit pas ici comme on le verrait chez d'autres, Chase, Chaplin, ou Keaton. Un univers singulier qui est bien plus celui de Langdon que celui de Sennett.

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Published by François Massarelli - dans harry langdon Muet Comédie 1925 *