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27 décembre 2016 2 27 /12 /décembre /2016 09:32

1897: On découvre de l'or en Alaska, dans la région du Klondike. La nouvelle se répand par la presse dans tous les Etats-Unis, et nous faisons la connaissance des protagonistes de l'épopée, des plus rompus à l'aventure, jusqu'aux obscurs baroudeurs novices. Une fois arrivés en Alaska, les ennuis vont commencer, certains vont abandonner, les uns seront déçus, et les autres... seront bien peu nombreux. En particulier, on s'intéresse à Jack Locasto (Harry Carey), l'un des premiers pionniers à avoir répandu la nouvelle, qui a une fâcheuse manie de s'approprier les exploitations, mais aussi les femmes des autres; et parmi les victimes du bandit, Berna (Dolores Del Rio, venue avec son grand père qui n'a pas survécu au voyage, a rencontré Larry (Ralph Forbes) mais celui-ci associé avec Jim (Tully Marshall, toujours dans les gros coups!!) et Lars (Karl Dane), semble plus préoccupé par l'or que par sa relation avec la jeune femme. Et d'autres, plein d'autres...

Ca peut paraître étonnant, de prime abord, de voir l'élégant metteur en scène de The flesh and the devil (1927) et Anna Karenina (1935) aux commandes d'un grand film d'aventures épique, tourné dans des conditions de danger telles qu'il y aurait eu, selon la légende, des morts parmi l'équipe technique... Ce serait oublier le parcours surprenant d'un homme qui s'intéressait à tous les aspects du cinéma, et dont le style policé et visuellement inventif savait occasionnellement s'adapter à toutes les conditions, qu'il soit en studio, ou plus rarement en extérieurs: parmi ses premières armes, Brown avait en particulier pris les commandes du Dernier des Mohicans (1920) de Maurice Tourneur, lorsque ce dernier était tombé malade, et ce n'est en aucun cas un tournage fait en studio! Mais Brown n'était pas Van Dyke, et un certain nombre des passages les plus spectaculaires ont été l'occasion pour la MGM de tester des effets spéciaux... Encore rudimentaires, les séquences de descente des rapides par exemple, sont un peu limite. Par contre les effets expérimentés lors du tournage de Ben Hur (La destruction de bâtiments) sont mis à contribution avec efficacité pour figurer cette fois des avalanches...

Le film est divisé en deux, d'une façon inédite: la première partie, comme on dit aujourd'hui, serait un film "choral", dans lequel on fait connaissance avec tous les protagonistes les uns après les autres, et elle fournit beaucoup d'humour tout en nous habituant à chacun des personnages. la deuxième, recentrée faute de combattants autour de Ralph, Berna, Lars, Jim et Locasto, ressort du mélodrame classique. Mais du début à la fin, ce qui frappe, c'est le réalisme des séquences... le fait, comme le souligne Leonard Maltin, qu'on puisse presque sentir l'effet du blizzard. Et pour cause: une partie du tournage s'est déroulée en Alaska, et Brown a du se résoudre à faire ce que Chaplin s'était refusé à faire: contrairement à l'acteur-metteur en scène de The Gold Rush, qui avait tourné le passage de Chilkoot au nord de la Californie, Brown a reçu de la MGM la mission de le tourner sur les lieux même... Ce qui est hallucinant à voir. Le cinéma montre ici finalement les limites de la recréation: on VOIT que lorsque certains personnages se plaignent (Un gamin, en particulier, forcé de prendre un bain réfrigéré de pieds pour le passage d'une rivière) des conditions, c'est parfaitement authentique! Le film est formidable, mais il ne fait sans doute pas trop creuser ce type d'informations. Quoi qu'il en soit, en dépit de l'indéniable réussite du film, Brown détestait en parler.

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Published by François Massarelli - dans Muet Clarence Brown 1928 *