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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 09:32

Il serait inutile d'imaginer que ce film n'est qu'un produit de série, du cinéma jetable. Projet adapté d'un comic Marvel, longtemps avant que cet éditeur ne devienne un "studio", il a été conçu par ses producteurs Walter F. Parkes et Laurie MacDonald comme un mélange obligatoire entre pulp et comédie, et à ce titre, leur choix ne pouvait que se porter sur l'auteur de The Addams Family et Get Shorty. J'y reviendrai. Il bénéficie de beaucoup de contributions majeures, des acteurs Tommy Lee Jones, Rip Torn, Vincent D'Onofrio et même Will Smith dont avouons-le, on peut dire qu'il a trouvé le rôle de sa vie, au designer Rick Baker, en passant par les effets spéciaux d'ILM (Savamment dosés), et la musique de Danny Elfman. Spielberg a eu son mot à dire puisque c'est une coproduction Amblin Entertainment, mais son rôle est resté consultatif. Non, le patron, c'est Sonnenfeld, pour un film qui n'en finit pas de définir son style et son importance.

Faut-il revenir sur l'histoire? Sur le principe d'un gamin des rues de New York, devenu un excellent flic et qui se retrouve malgré lui confronté à une réalité presque parallèle et du même coup bombardé membre des "Men in black", ce groupement mystérieux qui fait tout pour éviter que les braves gens se rendent compte du fait que leur planète est envahie en permanence d'aliens... Non, ce sera inutile. En revanche, le ton qui s'en dégage est intéressant, permettant de rebondir sur la société Américaine contemporaine, sur la gestion de la différence (la première scène voit les MIB intervenir pour saboter une rafle anti-clandestins à la frontière Mexicaine, après tout), et le tout sans jamais donner le moindre crédit à une quelconque thèse conspirationniste: Men In Black reste une comédie de bout en bout, que nul ne pourra jamais prendre pour argent comptant.

Ouf.

Donc, Sonnenfeld: il s'amuse comme un fou, trouve constamment le bon rythme, avec un sens du cadrage et de l'économie, qui lui viennent en droite ligne de son idée de la comédie: sa façon d'utiliser les différentes couches d'un plan sont un héritage de Buster Keaton, comme le fragile équilibre entre le jeu à froid des uns, et les soudaines embardées du jeu des autres, qu'il aime à distiller au compte-gouttes: c'est à ce titre que Will Smith, pour une fois, est bon. Le montage est serré (Et même un peu trop parfois, tant on a le sentiment que Sonnenfeld déteste s'embarrasser de scènes inutiles) et sans temps morts. Le résultat est un manifeste de comédie, dont on pourra se plaire à égrener les temps forts: l'arrivée d'un alien dans une ferme, en un seul plan, l'anecdote du "costume d'Edgar", le chien, et le fameux accouchement qui dégénère en arrière-plan pendant que l'avant-plan nous montre une conversation banale... Un seul moment  regretter selon moi: un embryon de conversation sérieuse entre Smith et Jones qui ne s'imposait pas. Tuée dans l'oeuf, elle ne gâche pas le film...

Et du même coup, Men In Black devient le film dans lequel Sonnenfeld aura su résumer son projet et son efficacité, tout en se situant exactement là ou il souhaitait être: après les comédies fantastiques The Addams family et Addams family values, après la comédie moderne For love or money et le faux noir pour rire Get Shorty, avant la récupération d'une série western Wild wild west, les retours à Men In Black (II et 3)les comédies familiales RV et Nine lives, ou le très malchanceux Big Trouble faisant feu de tout bois pour faire rire, Sonnenfeld est un militant de la comédie populaire, un petit soldat de l'entertainment, qui a eu le bon goût permanent de ne jamais trop se prendre au sérieux, et de faire son boulot avec une efficacité redoutable.

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Published by François Massarelli - dans Barry Sonnenfeld