Al St-John ou le troisième larron... Le neveu de Roscoe Arbukle faisait non seulement partie de la famille, c'était aussi un très proche collaborateur: comme Buster Keaton, il participait à l'élaboration de ses films quand il était présent, et le lien sera suffisamment fort pour que Arbuckle revienne vers lui et l'aide sur la confection de certain films: The Iron Mule en est un exemple.
Seulement St-John, comme Keaton après lui, en savait suffisamment en matière de réalisation pour se mettre à diriger ses propres films, ce qu'il a fait de 1919 à 1926, alternant avec d'autres sur des comédies de court métrage. Ces films sont sortis sous des deals de distribution avec de toutes petites compagnies: Sunshine ou Educational: pas de Paramount, de Roach voire de Sennett pour St-John, pas non plus de compagne créée de toute pièce pour lui comme la Comique Films Corp., qui présidait aux destinées de Arbuckle de 1916 à 1919, puis s'occupait des films de Keaton.
Donc on ne s'étonnera pas trop que l'univers des courts de St-John soit, disons, un peu plus rugueux que celui de ses deux copains... Celui-ci raconte les aventures d'un nigaud rural venu en ville pour s'installer, et qui reste bouche bée devant la sophistication des lieux. Ce n'est donc ni Shakespeare, ni Homère, mais c'est surtout l'occasion de sortir de son chapeau quelques gags sinon fabuleux, en tout cas bien menés. Le n'importe quoi, le grotesque envahissant, confinent au surréalisme, et si on se demande parfois si ça valait la peine d'en faire un film de deux bobines, ce film rescapé, contrairement à tant d'autres, se laisse voir.