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2 septembre 2018 7 02 /09 /septembre /2018 17:24

Dans une rare collaboration totalement équilibrée entre Paris et Rome, le premier des deux «Don Camillo» de Duvivier (Ou la première partie d'un diptyque? Il y a débat) est donc adapté des chroniques et nouvelles de Givannino Guareschi, des histoires souvent satiriques qui se veulent un portrait d'une étrange après guerre dans laquelle la droite, très catholique, et soupçonnée d'intelligence avec le fascisme, affronte une gauche riche de son succès, fière d'incarner la nouveauté. Fernandel y interprète le prêtre de la paroisse du village de Brescello (jamais nommé explicitement dans le film, à part dans un plan qui montre le nom de la localité sur une gare), un homme d'église confortable avec les traditions du catholicisme, très ancré dans son village d'origine, et qui a consacré une grande part de sa vie à la lutte, notamment contre le fascisme. Désormais, il lutte contre la municipalité...

Et justement, c'est l'acteur Gino Cervi, un sosie de Guareschi, qui interprète Giuseppe Bottazzi dit Peppone, le maire communiste nouvellement élu de la commune, à la tête d'une vaste coalition des partis de gauche qui a laissé la droite complètement K.O.: elle n'est quasiment plus représentée à la mairie. Non, la «réaction» comme l'appelle Peppone, n'est finalement représentée à Brescello que par le curé, qui s'oppose de manière systématique, dans des refus ou des actes militants qui sont généralement plus politiques que religieux...

C'est drôle, un peu systématique bien sûr, mais surtout, c'est... centriste. Car plus encore que Guareschi qui vise une satire bien sentie de la politique Italo-Italienne, Duvivier sait qu'il doit viser plus large, et s'arrange pour trouver une position presque neutre, sans prendre nécessairement toujours fait et cause pour Camillo. Et ce qui nous est raconté, c'est une opposition de principe, dans laquelle les réconciliations passeront souvent par les actes, jamais par les mots. Et les deux principaux protagonistes, complémentaires par leur vécu, font tous deux nombre de concessions. Ce monde qui nous est montré, lui, fonctionne, bien sûr.

Il n'y a pas, dans Le petit monde de Don Camillo, de leçon politique, juste un portrait en forme de chronique nostalgique d'un monde aussitôt vu, aussitôt disparu. Mais si l'oeil inquiet et porté sur la noirceur de Duvivier s'est tenu plus tranquille que d'habitude cette fois-ci, le résultat a aussi un sacré parfum d'enfance retrouvée. Quant à la mise en scène, elle est, pour un film tourné en deux langues en même temps (chaque acteur Italien donne dans sa langue la réplique à un acteur Français, et réciprroquement, et le doublage fait le reste: il n'existe pas Une version originale de ce film!), miraculeuse. Chaque séquence fait mouche...

A la fin, Camillo, qui a comme chacun sait le coup de poing facile et le coup de sang fréquent, est exilé de son village. D'où une impression de manque: le film aurait été, pour Duvivier, partie intégrante d'un contrat pour deux longs métrages, chacun étant une partie d'un tout. C'est à porter au crédit du film, qu'on a finalement très envie de (re) voir la deuxième partie!

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier